Étirant les muscles engourdis de mon corps, je pouvais sentir les courants d'air s'échapper du plafonnier et chatouiller ma peau à travers la faible épaisseur de ce qui ressemblait à des vêtements.

J'aurais aimé que ma mère soit là. Sentir le contact de sa main glisser dans mes longs cheveux noirs me permettait d'oublier le monde triste dans lequel j'avais pris vie. Elle était d'une nature très calme et savait comment me remonter le moral. En même temps, qui d'autre que ma mère pouvait m'apaiser en quelques instants ? Bon, il est vrai qu'elle n'était pas une personne ordinaire. Elle était un Mage de catégorie Un. La seule encore vivante à ce jour, ou tout du moins, je continuais d'y croire.

Nommée la Divine, ma mère excellait dans la magie de Glace et du Psychisme et s'était vu par la suite attribuer une autre forme de magie, la Foudre. Elle incarnait le Mage Ultime à la perfection. Ses Magies avaient permis de grandes prouesses au sein de notre monde. J'ignorais la majeur partie de son passé, mais nous avions vécu de belles années elle et moi, seules, coupées des autres après la sanglante guerre. En réalité, je savais que nous fuyions quelque chose depuis le départ, seulement je faisais comme si de rien n'était car je pouvais enfin avoir ma mère pour moi, ce qui n'était jamais arrivé lorsqu'elle travaillait encore pour l'ancien Couple Royal.

Grâce à sa Magie Psychique, ma mère pouvait lire dans les pensées d'une personne et comprendre ainsi qui elle était. Elle pouvait même percevoir ses sentiments, ses émotions. C'était un pouvoir ultime. Connaître tout de son adversaire nous rend plus fort. Presque invincible.

Nous avons donc voyagé de ville en ville afin de trouver un confort paisible. Taïa, ma mère, travaillait comme liseuse de bonne aventure pour nous permettre de vivre. J'aimais beaucoup la suivre dans ses recherches sur les Hommes et je ne craignais rien. De temps en temps, elle devait s'absenter quelques jours et me laissait au sein d'une auberge que je connaissais bien et où j'avais découvert une véritable amie, Cynthia. Nous étions inséparables à l'époque. J'appréciais passer mon temps avec elle et attendais patiemment le retour de ma mère, jusqu'au jour où elle n'est jamais rentrée.

L'air s'était rafraîchi d'un coup. Je m'étais endormie quand des cris légers mais tout de même audibles me réveillèrent. Me relevant discrètement, j'observai l'une des maisons voisines en faisant bien attention à ne pas faire bouger les rideaux. Au cours de cette vie solitaire, j'avais dû apprendre la ruse et la discrétion afin d'augmenter mes chances de survie. À ce moment-là, je savais que rien ne m'arriverait. Mes compétences étaient infaillibles et ma confiance était réelle.

Je ne distinguai pas clairement les personnes, je devais donc déchiffrer ce que les ombres au sol souhaitaient me dire. Plusieurs personnes se battaient. Les pleurs vinrent compléter le bruit des hurlements qui s'étaient faits moins discrets. Les gardes semblaient avoir découvert ce qu'ils cherchaient. En quelques instants, les ombres devinrent plus grandes et les hommes se montrèrent enfin, traînant une femme d'une trentaine d'années par les cheveux.

Encore.

– Je vous en prie. Je ferai tout ce que vous voudrez. Je vous en prie, laissez-moi partir, renifla la jeune femme m'allouant un frisson.

– Relevez ses vêtements. Cherchez sa marque. Il est évident que cette pauvre folle en est une.

– Pitié... Pitié, continua-t-elle entre deux sanglots.

L'un des gardes attrapa la jeune femme par les bras afin de l'empêcher de bouger. Celle-ci commença à se débattre en hurlant.

– Pitié Monseigneur ! C'est ma femme. Je vous en prie. Elle attend mon enfant. Ayez pitié de nous Monseigneur.

Hosmön - L'Eveil [SOUS CONTRAT D'EDITION]Where stories live. Discover now