- Heaveeeeen ! Refais le lion ! pigne Soraya, la fille des voisins que j'emmène tous les matins à l'école.
Je souffle d'exaspération avant d'imiter l'animal pour une énième fois ce matin.
- Roarrr, fais-je en mimant les griffes sur le visage de la petite fille.
- Roarrrrrrrrrrrrrrrrrrr, répète-t-elle en riant. Je veux en voir un en vrai moi !
Je ne réponds rien à sa remarque, j'aimerais tellement sortir moi aussi, et admirer de vrais animaux de mes propres yeux, pas grâce à des imagiers, très peu représentatifs d'après les anciens, même si ici, personne n'a vécu dans ce que nous appelons l'Ancien Temps.
Sa petite main fait pression dans la mienne et nous continuons dans les couloirs du Mont Weather jusqu'à l'école maternelle où je dois la déposer, la mienne est juste derrière. Son petit cartable se balade sur ses fines épaules tandis que le mien en bandoulière est stable sur une seule épaule et tape sur ma cuisse gauche à chaque mouvement.
Soraya sautille sur presque la totalité du chemin, elle a souvent du mal à tenir en place ces temps-ci. Puis nous voyons d'ici l'attroupement d'enfants autour de l'école, et je dépose ma protégée devant en déposant un baiser sur son front.
- A ce soir Soraya, murmuré-je en m'en allant à mon tour.
- Bye bye, sourit-elle en agitant sa petite main dans ma direction.
Ses bouclettes blondes disparaissent dans la classe et je rejoins ceux de mon âge dans le couloir suivant. Notre professeur sort de la pièce dans laquelle nous allons passer notre journée pour nous informer qu'il est l'heure puis nous rentrons dans le plus grand calme à l'intérieur.
Je ne parle à personne, et personne ne me parle, ce qui me convient parfaitement. Je ne suis pas très bavarde, et encore moins sociable. Je m'assois vivement à ma place et jette mon sac à terre, et en sort mon cahier d'histoire, ainsi que mes crayons. Puis je m'affale littéralement sur ma table, dans l'attente de la fin de cette journée. J'ai rendez-vous au centre de contrôle avec mon père, et j'ai plus que hâte. Il m'a promis de me montrer les Natifs, il dit même qu'un combat se prépare contre le Peuple du ciel, cent prisonniers qui ont débarqué là par le moyen d'une sorte de navette.
Au début, les autorités pensaient qu'ils allaient tous mourir à cause des radiations extérieurs, mais ils ont découvert que ces dernières n'avaient aucun effet sur eux, contrairement à notre peuple. Donc ils sont arrivés sur le terrain des Terriens qui n'ont pas vraiment été enchantés par ces "envahisseurs". Ce qui a engendré cette guerre entre eux ; de plus quelques conflits ont affutés les relations.
- Heaven Taylor, pourrais-je savoir à quoi vous pensiez ? m'interrompt le professeur qui a dû entamer son cours.
- Aux Natifs, j'avoue.
- Magnifique mademoiselle, mais ceci n'est pas le sujet de mon cours, donc vous allez vous asseoir convenablement, et écouter ce que j'ai à dire, à moins que vous ne souhaitiez finir la journée dans le couloir ! lâche-t-il d'une traite.
Je me redresse mais dès que son regard se détourne, je retiens de nouveau mon visage sur mes mains, ce qui déclenche les rires de quelques imbéciles de la classe, auxquels je ne réponds pas.
De toute l'heure, je n'ai compris que la Seconde Guerre Mondiale, datant de plus d'un siècle, n'est le fruit que de l'envahissement de la Pologne, un pays aujourd'hui détruit. Et que les nazis ont exterminés des Juifs, une religion inconnue pour nous tous, sous le prétexte que tous les maux venaient d'eux. Je dirais que le conflit entre les Natifs et le Peuple du ciel s'y réfère un peu, mais je ne pense pas que cela appartient à leur culture.
