Chapitre 7

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Lorsque l'aurore colora les nuages de rose et d'orange, nous nous rendîmes à la tente du Chef qui nous livra la potion et me permis uniquement une fiole de poussière de fée. C'est après le premier remerciement de ma deuxième vie que je m'envolai aux côtés de Jeanne afin de lui promettre un avenir sécurisant.

Nous nous posâmes sur un trottoir, en face de la maison de Jeanne et de celle de Wendy. À la fenêtre de la chambre de la jeune fille se tenait une femme au visage marqué par la fatigue. Elle était vêtue d'une robe bleue et tenait entre ses mains un ourson en peluche qu'elle porta à sa bouche pour l'embrasser affectueusement.

- Ma mère, soupira Jeanne.

- Je la reconnaitrais entre milles autres femmes.

- Alors, tu n'es pas amoureux de moi ?

Je me retournai, déroutée par cette question à laquelle je ne m'attendais pas, tant j'étais ébloui par sa mère que je voyais encore aussi jeune que moi dans mes souvenirs. Un teint radieux, des yeux chocolat-noisette selon la luminosité en dessous de sourcils trop épais, des formes sublimes qui avaient autrefois épousé les miennes et sa bouche... Oh ! sa bouche. Je donnerais tout pour frôler ses merveilleuses lèvres moelleuses, caresser sa peau scintillante sous le soleil éclatant de mon île, se reflétant dans l'océan. Mais le passé était passé.

- Je ne crois pas, je... Je n'ai rien ressenti quand je t'ai embrassé, avouai-je embarrassé.

- Oh, peu importe ! T'as pas à t'en faire, m'assura-t-elle d'un naturel déconcertant. Peter, est-ce que ça te dérange de trouver mon copain sans moi ? Je ne me sens pas capable de le revoir, ça remonterait à la surface ce que j'ai enduré...

- Bien sûr.

- Merci..., dit-elle, reconnaissante. Alors à plus !

Elle s'approcha de moi, embrassa rapidement ma joue, me fit un signe de la main et rentra chez elle sans se retourner, comme si nous étions de vieux amis. Elle m'avait dit au revoir d'une façon qui signifiait que l'on allait bientôt se revoir, mais je comprenais très bien que ces mots étaient plus faciles qu'un pénible adieu.

- À plus, Wendy..., murmurai-je en regardant une dernière fois celle que j'aimais réellement.

À contrecœur, je m'envolai en cherchant celui à qui je devais administrer l'élixir. Quand je l'aperçus de ma hauteur, je faillis me jeter sur lui, mais choisis pour une fois la sagesse et versai simplement la potion sur lui. Il cessa de marcher, secoua la tête, puis poursuivit son chemin comme si de rien n'était, comme s'il n'avait jamais fait de mal à Jeanne.

Je me posai sur mon île, au Camp des Indiens et entrai dans la tente du Chef.

- Peter Pan, tu es de retour. Tu m'impressionnes, tu as choisi la loyauté, la sagesse et la chasteté. C'est comme si tu devenais quelqu'un de bien.

- Comment savez-vous que je me suis admirablement comporté là-bas ? demandai-je, soupçonneux, tout en ignorant sa dernière remarque.

- Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser partir avec cette jeune fille sans surveillance, tout de même ?

- Vous prétendiez que vous ne faisiez pas usage de la magie, mais c'est faux.

- Je suis né ainsi, toi c'est le Pays Imaginaire qui t'a donné ce pouvoir en arrivant en ce lieu si paisible.

- Je suis venu vous affirmer que Jeanne est en vie alors j'exige que vous me rendiez mes pouvoirs, à présent ! demandai-je, autoritaire.

- Ta parole n'a aucune valeur, Peter Pan, mais je suis heureux que tu sois revenu, je te propose une dernière chose et si tu acceptes, c'est la dernière fois que je te vois.

Peter Pan et la Fille PerdueWhere stories live. Discover now