Chap 69 : route

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[...]
J'avais longuement regardé Ron en souriant, j'étais heureuse qu'il ait dit ça, comme si j'avais besoin de son approbation pour demander à Lenni de nous rejoindre.
Sans perdre plus de temps a essayer de comprendre ce que je ressentais, je tapais les mots sur l'écran de mon téléphone.
Cinq minutes passèrent, puis dix. Aucun de nous n'avait bougé, ni parlés, nous restions là, immobiles et muets. Comme la réponse de Lenni n'arrivait pas, nous décidons de nous remettre en route, car comme l'a dit Ron "que se soit avec ou sans réponse, on va à Bonners Ferry." Ce qui manifesta l'approbation générale.
Nous sortons alors du super-marché pour retourner à la voiture, toujours la même jeep sombre et parfaitement nettoyée.
Je m'installais de nouveau à l'arrière, en remettant d'un geste habituel mes écouteurs dans mes oreilles.
Alors que first meet courrait dans mes oreilles comme un fléau de mélodie pur, un tintement familier m'interpella, suivit d'une source soudaine de lumière à ma droite. Je compris en un regard que Lenni m'avait répondu.

- Lenni a répondu. M'exclamais-je en faisant écho à mes pensées.

- qu'est-ce qu'il dit ? Demanda soudain Méredy.

Je regardais mon portable, hébétée de ne pas regardé plus tôt.

- "je pars à la gare" dis-je, et un sourire s'imprima à mes lèvres.

Alors que je tapais rapidement une réponse brève et non-utile, la musique courant toujours dans les tympans, j'entendis Ron s'exprimer :

- on sera enfin ensemble.

Mon sourire s'élargit, nous serions enfin réunis comme une famille éloignée par la distance. Bien que nous nous soyons quittés il y a peu.
Luc me manquait un peu, mais je ne voyais aucune raison valable de l'embarquer dans une nouvelle aventure plus dangereuse que la précédente.
Le trajet se poursuivit silencieusement, Ron conduisait, concentré sur la route, les yeux posés sur la voie goudronnée, tandis que les miens étaient posés sur le paysage qui s'offrait à moi au bord de la route. Les arbres disposés se fondaient ensemble dans un tourbillon marron de branches. La vitesse de la voiture les mixait pour n'en faire qu'une masse floue et maronné.
Quelques tas blanchâtres étaient disposés çà et là au pied des arbres en tant que neige boueuse.
Tandis que first meet se faisait remplacer par Alone, le pied battant du rythme, je regardais du loin le panneau blanc avec une épaisse inscription en lettres noirs : Bonners Ferry, 8km.
Je souriais lorsque la voiture dépassa le panneau, nous devions nous situer non loin de Naples, étant donné que la seule grande ville à proximité était Bonners Ferry. Je réalisais que nous nous rapprochons de la frontière canadienne, ce qui emplit mon corps d'une substance électrisante qui me parcourait l'échine. Puis je me souvins que j'allais revoir Lenni, et toute mauvaise sensation disparurent de mon corps pour ne laisser qu'une trace d'impatience.
En remarquant que mes paupières menaçaient de se fermer, je m'installais plus confortablement sur mon siège et rattrapais ma nuit de sommeil.
Lorsque je rouvris les yeux dans une demi-conscience, la voix de Ron me ramena à moi.

- Beth, on est à la gare. Souffle-t-il

Un sourire s'afficha sur mes lèvres, je me levais d'une traite ayant oubliée toute notion de la fatigue, j'allais revoir Lenni et c'est tout ce qui importait.
La gare était un grand édifice de béton peint d'un blanc sali et décoré de graffitis de vives couleurs.
Lenni était parti ce midi, il devrait arriver maintenant d'après les calculs effectués rapidement dans un coin de ma tête.
Nous marchions d'un seul pas vers le bâtiment, l'air était frais et semblait me laver les poumons, quelques graviers crissaient sous nos chaussures alors que je poussais la lourde porte.
Dès que je pénétrais dans le bâtiment, je ressentis sa chaleur artificielle et son atmosphère lourde de silence. Cependant, le bâtiment comptait plus de personnes que la gare de JundHill, tous les sièges étaient occupés et certaines personnes patientaient adossés au mur blanc.
Un homme à casquette de Base-ball et au tee-shirt rouge nous dévisagea un instant, puis je du lui lancer un regard qui ne devait pas avoir l'air aimable, puisqu'il détourna les yeux d'un air surpris et gêné.
C'est alors qu'un voix claire se fit entendre, tout droit sortit des haut-parleurs disposés dans les coins en haut de la pièce :

- Le train de JundHill arrivera dans quelques minutes, veuillez vous déplacer jusqu'au quai.
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La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant