Le désastre osseux et les pinceaux : une affaire des plus étranges.

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       Tout a commencé dans une chapelle ayant pour fonction de remplacer le collège. Cependant, il n'y avait que trois pièces : le couloir désigné comme étant un hall d'entrée, le CDI - dont les livres étaient tous pour enfants de trois à six ans - et une salle de classe.
J'étais d'ailleurs avec ma classe de 5ème et c'était la dernière heure de cours de la journée, exceptionnellement on terminait à 15h50. On était dans le CDI, mais avec notre prof de français. Juste avant de commencer le cours, Alexia m'avait donné un livre sur les dinosaures qu'elle avait trouvé et elle le mit dans mon sac sans me laisser le temps de discuter son choix douteux. Je n'avais pas cinq ans merde !

       Le cours commença. On était allongés parterre sur le ventre, car il n'y avait ni chaise ni table ! On était en train de corriger notre bled/TD. Etienne, un gars de ma classe aux cheveux noirs et au piercing sur l'oreille, était à côté de moi. Il se mit à me parler, mais je ne comprenais rien à ce qu'il me racontait tant le vent se mettait à souffler fort à chaque fois qu'il prenait la parole.

       << Quel homme j'aime ? demandais-je avec de l'incertitude et de l'inquiétude dans la voix et dans le regard.
- NAN !
- Eh bien ça parle de relations amoureuses là ?! fit notre prof en se moquant complètement de ma gêne.
- Non, je lui pose une question mais elle ne comprends pas la même chose ! protesta Etienne.
- Est-ce sur le cours? questionna la prof.
- Oui ! mentit l'élève tout en mâchonnant un chewing-gum. >>

       J'ai tenté une multitude de fois de comprendre ce qu'il me racontait, mais je me trompais sans relâche. J'étais comme une aveugle qui avançait dans un labyrinthe.

       <<Dinosaures ou serpents ? demandais-je sans y croire.
- OUI !!! >>

      Bien sûr, il n'y avait aucun rapport avec la correction du bled et ce qu'il me disait, mais peu importait : je n'eus pas le temps de répondre à sa question que les cloches sonnèrent : c'était déjà la fin du cours ! Presque toute la classe se précipita dans le "hall" où juste six personnes tenaient à l'intérieur, tandis que je me relevais à peine. J'étais en train de fourrer mes affaires en vrac dans mon sac lorsque Alexia me reposa la question d'Étienne. Elle ajouta que c'était elle qui l'avait chargé de me demander cela. Je lui répondis sans réfléchir "serpents". Elle prit le livre sur les dinosaures qu'elle m'avait donné plus tôt et le reposa dans une caisse rouge parterre à côté des bibliothèques, puis en prit un sur les serpents, et qui faisait déjà beaucoup plus notre âge. Là je me suis dit que j'avais fait le bon choix...

       Notre cahier de liaison à la main, nous attendions dans le "hall". Nous attendions quoi, j'en sais rien. Je sortis avant les autres par ma droite pour déboucher dehors, et avant de descendre les trois marches qui me retenaient dans la chapelle, j'admirai devant moi une lignée très espacée de jeunes pommiers. En descendant avec le nez toujours en l'air, je suis tombée tête la première sur les cailloux de l'allée. Après, je n'ai plus eu la vue que j'avais dans mon propre corps (je vois par les yeux, au cas-où certains ne seraient pas normalement constitués...), mais une vue aérienne assez basse, où il devait y avoir 2-3 mètres entre ma vue aérienne et le sol herbeux. Je me voyais inanimée, les membres tordus dans une position étrange. Je ne pouvais rien y faire.
       Ma vue prenait de plus en plus de la hauteur, jusqu'à ce qu'elle arrive en flottant à St Tropez, dans une salle sombre et inconnue, où trois infirmières se bousculaient en voulant saisir leurs affaires. Il y avait un beau bordel, du jamais vu... Elles se précipitèrent sur leurs valises de secours (avec des seringues, et autres choses médicales dedans) et montèrent dans leur voiture des années 90, qui était si pleine qu'elles tenaient à peine à l'intérieur.

       << Non ! Toi tu restes là, pendant que nous allons chercher Mylène ! Il n'y aura plus du tout de place si tu rentres avec nous dans la voiture ! dit l'une des trois infirmières.
- Mais je veux aussi y aller ! protesta la troisième infirmière. Bon d'accord...je reste ici, mais faites vite ! >>

Dream Your DreamWhere stories live. Discover now