Chapitre 4 : Too late

Depuis le début
                                    

* * *

Anna regarda le plafond blanc de la chambre de Lucas. Elle sentait peu à peu la fatigue monter et, pourtant, il était l'heure de se lever. Les deux jeunes avaient passé toute la fin de la nuit à discuter de leur vie respective, tous les deux allongés dans le lit du jeune homme. Jamais Anna ne s'était autant confiée à quelqu'un, c'était peut-être même la première fois de sa vie qu'elle parlait avec autant de sincérité. Tout y était passé : son manque de confiance en elle, son obsession de se faire aimer par son père, sa réticence envers sa mère, la jalousie qu'elle ressentait pour sa petite-sœur, la manière qu'elle avait de ne pas être elle-même... Puis ce fut Lucas qui raconta pour la toute première fois la mort tragique de ses parents. Un sujet encore bien douloureux pour le jeune homme qui parlait avec un trémolo dans la voix et les larmes aux yeux. Anna le regarda longuement, écoutant chacun de ses mots avec tristesse.

— Et qu'est-ce qui est arrivé à l'autre voiture de l'accident ? L'interrogea-t-elle curieuse.

Lucas sentit sa mâchoire se crisper avant de lui répondre froidement :

— Délit de fuite. On n'a jamais retrouvé ce connard.

— C'est dégueulasse, commenta Anna d'un air désolé.

— Je sais.

Mais que voulez-vous, ils n'allaient pas changer le genre humain.

— Hier soir, continua-t-il à se confier, Avec Rachel... J'ai senti dans sa voix qu'elle voulait passer à autre chose. Dans son regard, c'était comme si elle me reprochait de vouloir la garder en arrière, avec moi. Elle veut avancer, mais moi je suis incapable de la suivre.

— Fais-le à ton rythme, lui conseilla Anna.

— Si ça ne tenait qu'à moi, je ne le ferais pas, justement, l'interrompit-il tout en gardant son regard planté vers le plafond, Je ne veux pas de cette vie.

— Pourquoi ?

— Parce que ce n'est pas la mienne, cracha-t-il avec dégout, Cette école de riche, cet immense appartement, les Gallien, énuméra-t-il, J'ai juste l'impression de vivre dans un énorme mensonge.

Étrangement, elle comprenait ce qu'il voulait dire. Car même si Anna vivait avec sa vraie famille, elle aussi avait cette désagréable sensation de faux semblant. Famille, songea-t-elle, c'est fou comme ce mot ne correspondait pas à la sienne.

— On se lève ?

Anna approuva d'un signe de tête et les deux jeunes se relevèrent du grand lit à baldaquin qui trônait dans un coin de la pièce.

— Je meurs de faim, enchaina Lucas en ouvrant la porte de sa chambre.

— On descend en pyjama ? L'interrogea Anna surprise.

Lucas lui avait prêté une de ses tenues de basket – bien trop grande pour elle d'ailleurs – et la jeune fille se sentait légèrement mal à l'aise, puisqu'elle était tout de même chez de parfaits inconnus.

— Qu'est-ce qu'on fait si on croise ta tante ou ton oncle ?

— Gabrielle ramène Ethan quand elle en a envie, répondit-il simplement, Je peux faire ce que je veux aussi.

La réponse sembla convenir à Anna puisqu'elle le suivit jusque dans la cuisine sans rechigner. Ils s'installèrent tous les deux autour de la table et Lucas lui apporta une tasse de café.

— Merci, murmura-t-elle du bout des lèvres tout en soufflant sur le liquide brulant pour le faire refroidir.

— Tu es sûr de vouloir aller au lycée aujourd'hui ? L'interrogea Lucas en se servant une tasse à son tour.

NantisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant