Panique à bord

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Heureusement, j'ai pensé à reprendre le manuscrit de Gaston et le brandis tel un trophée en me retournant :

- Mme Ovar m'a demandée de venir récupérer ce manuscrit.

L'assistante qui me fait face me regarde d'un air suspicieux, qui s'efface en voyant le document.

- Visiblement Monsieur Beast ne l'a pas apprécié, je l'ai trouvé par terre. Ajouté-je

Elle soupire avant de s'installer à son poste :

- Monsieur Beast n'aime pas grand-chose. Heureusement il sera absent quelques temps et nous n'aurons plus à subir ses humeurs.

- Ah bon ? Il sera absent longtemps ?

- Il a envoyé un mail disant qu'il serait en déplacement pour les deux prochaines semaines.

Deux semaines ? Ça signifie que je ne le reverrai pas avant la fin de mon stage. Je sens une boule commencer à se former dans mon ventre. Je remercie l'assistante et retourne à mon sous-sol. J'essaie de me convaincre que ça n'a rien à voir avec la soirée d'hier et que c'est surement pour raisons professionnelles qu'il s'absente. C'est normal pour un directeur de partir en déplacement. Surtout que, d'après ce que j'ai lu sur le net, Eclipsia n'est pas sa seule société.

L'après-midi passe sans que je ne m'en rende compte et il est déjà l'heure pour moi de partir. Après ce qu'il s'est passé hier, hors de question de faire des heures en plus. Sur le chemin du retour je m'arrête chez mon ami le libraire et en ressors avec le dernier Robert Galbraith, auteur de roman policier. Je ne sais pas pourquoi mais ce soir j'ai envie de sang et de scène de crime. Je regarde ma montre, il est encore tôt et je décide de prolonger ma balade. Après tout, les jours rallongent et il serait dommage de se priver de quelques rayons de soleil supplémentaires. Mes pas m'entraînent aux abords d'un terrain vague où habituellement des jeunes font du skate ou jouent au foot, mais pas aujourd'hui. Je continue mon chemin lorsqu'un éclair rouge attire mon attention. Non je ne rêve pas, garée à cent mètres de moi se trouve la moto de Big B. Je l'ai tellement détaillée la veille dans la ruelle que je suis sure qu'il s'agit bien de la sienne. Et si j'allais lui faire un petit coucou ? Ce serait l'occasion d'en savoir plus sur ce fameux déplacement. Je m'approche de la moto mais aucune trace de Big B. Je m'apprête à faire demi-tour, un peu déçue, lorsque des éclats de voix me parviennent. Ils semblent provenir du local à ordures. J'espère que Big B n'a pas d'ennuis ! Peu rassurée je récupère ma bombe lacrymogène et tente de me rappeler mes cours de self défense. J'avance précautionneusement vers le local et les voix s'intensifient :

- Je t'interdis de t'approcher d'elle tu m'entends ?

Ça ressemble plus à des rugissements qu'à des phrases et je me demande si je ne suis pas en train de faire une bêtise. Et si j'appelais la police ? Ce serait plus sur non ?

- Je vous en prie, ne....ne... me faites pas.... pas .... pas de mal. Je ne... ne... ne... faisais que mon... mon... mon... travail. Répond une petite voix terrorisée qui, Ouf, n'est pas celle de Big B.

Je ne peux pas laisser cet homme seul, il va sans doute se faire tabasser. La police n'arrivera jamais à temps. J'essaie de me convaincre que si l'agresseur est Big B, il n'osera rien faire devant moi (enfin j'espère). Je prends mon courage à deux mains et avance dans le local. Ce que je vois me glace le sang. Une chose est certaine, ce n'est pas Big B. L'individu est beaucoup plus grand et plus massif. Il tient par le col un pauvre garçon, qui doit avoir vingt-cinq ans, et le soulève à cinquante centimètres du sol sans aucun effort. Ce dernier est littéralement pétrifié mais, en me voyant approcher, son visage s'illumine. Il doit penser qu'il est sauvé, que l'autre ne le touchera pas devant un témoin et que son calvaire est terminé. Sa réaction ne passe pas inaperçue aux yeux de son agresseur qui se retourne brusquement. Le local étant mal éclairé, j'ai du mal à distinguer les traits de son visage mais quelque chose me dit qu'il ne me fait pas un sourire aimable et chaleureux. La seule chose que je vois ce sont ses dents blanches. C'est comme si le local était éclairé à la lumière noire.

Malgré la peur j'arrive à articuler quelques mots :

- Lâchez cet homme où j'appelle la police.

L'homme obéit, enfin plus ou moins. Sa victime effectue un vol planée et se retrouve dans une benne à ordure, au moins il est vivant (je crois). Puis, Il avance vers moi tandis que de mon côté je recule en serrant la bombe entre mes doigts. Au bout de quelques pas, je me retrouve hors du local, la main tendue, prête à appuyer sur le bouton pour gazer le fou furieux. Lorsque l'homme sort du local, ma main s'abaisse malgré moi... Beast.

Il a le visage écarlate, la veine de sa tempe ressort, sa respiration est forte, presque animale et ses yeux sont injectés de sang.

- Restez loin de moi. Dis-je sur un ton qui se veut ferme et assuré. Mon cerveau reprend le contrôle de mon bras qui se tend en direction du visage méconnaissable de Beast.

Ses yeux plongent dans les miens et semblent me reconnaître. Instantanément, j'ai l'impression qu'il rétrécie, ses poings se desserrent, sa respiration redevient normale et son visage reprend une expression humaine. Il fait un pas dans ma direction mais je recule. Je me retourne et pars en courant.

Qui est cet homme ? Depuis quand menace-t-il de pauvres innocents dans des locaux sur des terrains vagues ? Il ne devait pas être en déplacement? Je cours à perdre haleine en essayant de faire taire les millions de questions qui me viennent à l'esprit. A peine rentrée, je claque la porte et verrouille à double tour. Heureusement Sandrine n'est pas encore rentrée. Je ne suis pas en état de lui raconter cette fin de journée mouvementée, je tremble de tous mes membres. L'espace d'un instant je songe à prévenir la police, mais rapidement je me rends compte que cela ne servirait à rien. Je ne connais pas le nom de la victime et je doute qu'il porte plainte.

Toc... Toc...Toc

OMG ! On frappe violemment à la porte. C'est lui, il m'a suivie, j'en suis sûre!!! Je vais faire comme si je n'étais pas là et me cacher derrière le canapé.

Petit mot de moi : Un peu d'action dans ce chapitre !!! J'espère que vous accrochez toujours !!!

D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant