xx Le sens du mouvement xx

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Falaï apprécia le poisson, je n'osai pas apporter des fleurs tous les jours. J'hésitais entre mon attirance pour elle et ma décision de garder un minimum de distance. Je passais presque toutes mes soirées avec elle, mais ne restais que très rarement la nuit... Disons simplement que nous étions de très bons amis et que c'était très bien comme ça

- Tu sais, on commence à raconter de plus en plus que tu es lié à cette histoire de démon rouge, d'une manière ou d'une autre...

- On raconte beaucoup de choses. Ce qui n'a pas de sens si on considère que le démon rouge n'est qu'une histoire !

- Peut-être... je ne sais pas...

- Falaï, ne me dis pas que tu crois à ces histoires !

- Non, bien sûr. Enfin, c'est quand même curieux... Tahiri n'a jamais passé autant de temps avec personne. Et tu n'es même pas d'ici...

- Merci de me le rappeler !

- Mais non, ce n'est pas ça. C'est seulement qu'on ne sait rien de toi et tu ne racontes jamais rien.

- Crois-moi. Raconter ne servirait à rien.

- Raconte d'abord et je verrai bien si ça sert ou pas, dit-elle avec malice.

- Sûrement pas madame, parce qu'après vous ne voudriez même plus me parler... Répondis-je sur le même ton. Elle resta silencieuse, se demandant si j'étais sérieux ou pas.

- ...et je n'ai pas envie qu'on arrête de se parler » continuais-je, la faisant rougir au passage. Elle commença à se rapprocher puis se ravisa.

- Tu... tu veux rester cette nuit ? Risqua-t-elle.

- Hé ! Tu ne vas pas héberger un homme lié au démon rouge quand même ? Sinon c'est bientôt de toi qu'on va parler au village ! Plaisantai-je.

- Idiot ! Lança-t-elle en faisant semblant d'être vexée. Et puis de toutes manières on parle souvent de moi au village, surtout les hommes d'ailleurs si tu veux savoir...

- Bonne nuit Falaï.

Je lui lançai un baiser et repris le chemin de ma case. En route je pensais à ce qu'elle venait de me dire. Pourquoi Tahiri faisait-il tout ça pour moi ? Je ne m'étais jamais vraiment posé la question. Il faudrait que je lui demande...

Mais d'abord continuer à apprendre, c'était le plus important.

Et dans l'immédiat aller dormir. Qui savait ce qu'il me réservait pour demain ?

Le lendemain fut identique, à ma grande déception. Mais je ne devais pas aller trop vite. Je le savais et Tahiri était là pour me le rappeler.

- On ne parle pas qu'avec des mots, m'expliqua-t-il, et c'est vrai pour tous les êtres vivants: hommes, animaux, plantes. Tout ce qui vit. Tout ce que fait la fumée, c'est t'aider à écouter ce qui n'est pas dit avec des mots.

La suite de mon apprentissage fut plus longue que je ne l'aurais cru, mais une nouvelle fois j'étais surpris des résultats. C'était comme si j'avais vécu aveugle et qu'on me rendait progressivement la vue.

- Attention, me dit-il un jour. Ne te trompe pas. Tu ne vois que ce qui transparaît du corps, d'une manière ou d'un autre. Ne pense jamais que c'est l'intérieur que tu vois. Jamais. Souviens-toi que, même si c'est bien plus que ce que les gens voient habituellement, ça reste juste la surface. Demain, nous passerons à autre chose...

Dans l'immédiat, j'allai rejoindre Falaï.



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