La Cartographe

SAISON 3 : Début d'une traversée - coup de tabac 1

Comme cela était étrange, se réveiller seul dans un lit qui n'était pas le mien, entre des murs inconnus. Pour l'instant...

Je me levai et finis d'installer mes affaires. Ces derniers jours ne m'en avaient pas laissé le temps. J'en profitai pour faire une nouvelle fois le tour du propriétaire, essayant de me familiariser avec les différents recoins de la maison. Elle était joliment meublée et plutôt agréable. J'avais finalement eu de la chance.

Il ne me restait plus qu'un sac à vider. Ainara me l'avait donné quand j'étais parti, elle avait dit y avoir mis quelques-uns de mes livres favoris. Effectivement, mais j'y trouvai aussi un petit portrait d'Olaria qu'elle avait accompagné d'un mot

'Pour que tu te souviennes qu'on existe et qu'on t'aime '.

Je ne pus m'empêcher de verser une larme en tenant le portrait dans mes mains. Je le posai à côté de mon lit, avec le ruban de Karia. Je ne comptais pas me couper d'Olaria, ça non. Je pourrais passer du temps avec elle, même si je ne vivais plus sous le même toit. Ce serait juste plus compliqué. J'espérais qu'elle me comprendrait en grandissant, et peut-être même qu'elle serait d'une certaine manière plus forte de l'exemple que je lui donnais. Et oui je l'aimais, mais je ne pouvais pas continuer comme ça. Rester et mourir à petit feu ? Devenir un vieux con ? Ou partir et vivre ? J'avais fait mon choix, je n'avais pas de remords.

Puis je pensai à Karia et Artizar. Etaient-ils bien arrivés. Que faisaient-ils ? Et dire que je n'étais pas avec eux ! J'allais faire un tour dehors.

Je passai la journée à marcher. J'allai là où mes pas ne m'avaient jamais amené, avançant au hasard. Mon esprit était coupé en deux, une moitié s'émerveillant du monde que je redécouvrais, l'autre pensant à Karia et lui racontant toutes les choses que je voyais. Dire qu'il faudrait encore attendre deux jours avant de pouvoir embarquer à nouveau !

Le lendemain je passai la journée en mer sur ma pirogue. Je me saoulai de vagues et d'embruns. Cela ne suffit pas à faire sortir Karia de ma tête mais ce n'était pas grave, demain je la reverrai.

Je rentrais tard le soir, le corps douloureux d'avoir poussé mon embarcation au bout de ses limites toute la journée. J'étais passé manger un morceau dehors avant de rejoindre ma maison. Un message était glissé sous ma porte. Karia ? Je reconnus son écriture avant même de déchiffrer ses mots.

'Kornelio, non.

Enfin en tout cas pas maintenant. Et oui, ça serait si simple de te dire que je ne t'aime pas, que tu ne me plais pas, mais seulement voilà, je t'ai en permanence sous le nez et c'est un bonheur de tous les instants que d'être à tes côtés. Mais là ce que je vois ce soir, c'est que je ne me suis pas occupée de ma maison, que j'ai une tonne de choses à faire et que je ne sais pas comment je vais m'en sortir. Et la priorité c'est moi, mon p'tit bout d'chou et ma maison. Alors je te dis Non. Maintenant non, demain non. Je ne le veux pas, je ne le peux pas, et pour de très bonnes raisons. Tu n'es pas le dixième de ce que tu es vraiment, de ce que tu pourrais être. Oui tu es quelqu'un de bien, mais tu es aussi très sensible, et toute cette histoire te tue, te fait un mal fou. C'est très mal dit tout ça, c'est n'importe quoi...Pardon mais comprends moi.

Vit pour toi d'abord et alors seulement on pourra discuter.

Voilà, je t'embrasse et te souhaite une bonne nuit.'

Je ne savais pas ce que lui avaient dit les personnes qu'elle avait vues ces deux derniers jours, mais quelque chose me disait que la situation était beaucoup plus sérieuse cette fois. Je réalisai qu'à chaque fois qu'elle s'était éloignée un peu de moi, pour voir ses amis ou sa famille, les choses avaient empiré pour nous deux. À chaque fois cela m'avait demandé pas mal d'énergie et d'habilité pour reconstruire ce qui avait été jeté à terre. Je ne savais pas qui ils étaient ni ce qu'ils avaient dit mais je les haïssais plus que tout. Maudits ! Je les mettrai en pièces !