2 - Un plan parfait

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Dans l'épisode précédent, je vous ai raconté comment j'ai provoqué intentionnellement la colère de ma belle-mère et pris une gifle. Mais qui chercherait à se prendre une claque  ? Et dans quel but... ?

Soyons clairs : je ne m'attaque jamais à plus faible que moi. Cibler en priorité les empêcheurs de vivre en paix, style Face d'oignon (ma belle-mère), voilà ce qui m'amuse. Bon parfois, je m'exerce aussi à planter mes crocs sur des gens pas très malins et jamais très innocents.

Au bout de la rue, le propriétaire du tabac-épicerie déteste me voir entrer dans son magasin pour mes supers pastilles de menthe forte... Il faut dire que je l'ai surpris à entourlouper une petite vieille qui venait acheter son journal et faire son loto. Oui à cet âge, l'internet c'est compliqué alors la presse papier a encore quelques années devant elle, comme la Française des jeux. Quand les gens n'ont pas de sou, leur fourguer de faux espoirs et leur faire dépenser quelques euros en plus...

Donc l'affreux, au lieu de rendre la monnaie sur un billet de vingt, rendait sur dix Euros. Quand la mamie a tenté de protester, il l'a convaincue qu'elle confondait. Placée juste derrière la vieille dame, je tordais du nez à cause de l'écoeurant parfum de muguet qu'elle dégageait (une horreur chimique à vomir). Occupée à reluquer d'un œil son col de fausse-fourrure un peu mité (je m'occupais à chercher les mites justement), j'observais le manège de l'autre, de mon autre œil vu que le premier zieutait la fourrure. Haussement de sourcil, ton faussement aimable, regard de tueuse, et je lâche à tue-tête pour les clients alentours :

- Mamie ne s'est pas trompée, d'ailleurs vous avez glissé le billet de vingt...

Un ton plus bas, menaçante, le regard plissé, planté droit dans les petits yeux du faux-jeton et penchée vers lui, j'ai glissé dans un murmure.

- ...dans votre poche. Vous avez pris dix dans la caisse pour le rendu monnaie puis vous vous êtes dit que vous pourriez... voler cette petite dame !

La face rouge comme une tomate première fraîcheur, il a happé l'air. Ressemblance étonnante avec un poisson échappé de son bocal. Une sueur coupable dégoulinait de ses traits grassouillets. Miracle ! Quinze euros vingt-cinq centimes déposés dans la paume de Mémé en un clin d'œil. Plus que prévu, l'émotion de s'être fait pincer, vous comprenez... Mamie a fourré le tout dans son antique porte-monnaie puis attrapé son espèce de chariote. Vous savez ces cabas sur roulettes qu'affectionnent certaines générations d'anciens, très anciens même... Il parait que ça revient à la mode avec des coques dures et des décors plus en vogue. Euh ! Merci mais non merci, pas pour moi. Le Drive est pas fait pour les chiens et tout va direct dans le coffre de voiture, enfin grâce aux biscotos d'Agathe. Oui, pendant que Bajoue de Hamster cause à ses copines avec son portable en mains libres, ça fait plus classe. Mémé a couiné un « au revoir » et s'est carapatée. La pauvre sera quand même obligée de revenir. Les autres commerces sont trop loin, il faut une voiture. Pas sûr qu'elle possède un véhicule, sauf la fameuse chariote, sans parler du permis, de voiture, pas pour le cabas à roulettes.

Pour revenir à l'épicier, mon petit côté justicier se trouve aidé par ma taille athlétique, un mètre quatre-vingt et un physique un peu particulier. Un déficit en mélanine, explication du médecin de la famille, me donne une peau très pâle et des cheveux blonds presque blancs. Je vous vois venir. N'allez pas imaginer une ascendance « vampiresque» dans mes gênes ! Mon histoire familiale ne comporte aucun truc bizarre. D'accord, j'ai parlé de planter mes crocs tout à l'heure. Mais moi en petite amie de Dracula, grosse erreur de casting. Pour les personnages à grandes dents et buveurs de sang, ben faites comme tout le monde, chauffez le pop corn, sortez le Coka et matez-vous Twilight ou Chica Vampiro. CV, ça c'est pour les très jeunes si je me rappelle les passages captés à l'occasion. Pour vous faire peur, il faudra choisir des versions anciennes. Ce que j'ai pu flipper avec le Coppola qu'un cousin m'avait laissée regarder. J'avais à peine onze ans à l'époque. L'oeuvre a nourri mes cauchemars certaines nuits.

Les Tribulations d'AgatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant