> Chapitre XI

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« -Couché dans mon lit, je regrettais déjà d'avoir fait une crise de jalousie. Je n'avais aucune raison de l'être, mais Maelys allait croire le contraire. Je n'ai pas dormi de la nuit. Depuis que je la connaissais, je ne réussissais pas à dormir souvent à vrai dire.

J'ai décidé que j'allais m'excuser de mon comportement de la soirée au lycée. En l'apercevant, je découvris qu'elle avait bouclé ses cheveux de manière à ce qu'ils tombent comme une cascade sur son dos. Ses habits sombres entouraient son si beau corps. Je me surpris à l'admirer quelques minutes. Je ne sais toujours pas si c'est son rouge à lèvres rouge qui lui allait si bien ou si c'était son regard pétillant qui la rendaient si belle. Probablement les deux.

Malheureusement, elle m'évitait. Dès que je posais mon regard sur elle, elle détournait le sien. Elle avait passé la plupart de sa journée avec le rouquin. Je tentais en vain de canaliser mon énervement, qui s'apparentait de plus en plus à de la jalousie. Cela m'agaçait.

En fin de journée, je me suis dirigé vers mon arrêt de bus. J'étais déçu d'être si lâche que je n'osais même pas aller la voir pour m'excuser. Elle m'intimidait, elle était si intrigante. Je savais que je pouvais la perdre en un battement de cils.

Je ne faisais pas attention aux endroits où je posais les pieds quand je l'ai vu. Elle était assise sur le banc, à jouer avec une de ses mèches de cheveux. Elle mordait doucement le coin de ses lèvres. Je crois qu'elle était là sans l'être. Son corps était présent, mais pas elle. Elle semblait ailleurs, pensive, elle n'a pas bougé quand je me suis assis à ses côtés. Je l'ai fixé de longues minutes, puis je me suis décidé à parler.

-Maelys, tout va bien ?

-On parle à la gothique maintenant ? Tu sais, je suis égale au punk. Ne ruine pas ta réputation pour moi, voyons...

Elle avait tourné doucement son visage vers moi, levant un sourcil. Ses paroles ne m'atteignaient pas, elle savait que je me fichais particulièrement de tout ça. Au contraire de ses lèvres, qui n'étaient qu'à quelques centimètres des miennes. Ca, je n'arrivais pas à m'en ficher. Bizarrement, j'ai eu une folle envie de poser ma bouche sur la sienne. Mon souffle s'accélérait pendant que je m'imaginais lancer ma langue dans une douce valse avec la sienne.

-T'es là ?, a-t-elle grogné.

-Oui, excuse-moi.

Elle a soufflé, puis a regardé la route agacée. Je ne souhaitais pas arrêter la discussion sur ces paroles.

-Pourquoi prends-tu le bus ?

-Je dois retrouver un ami au parc et je n'ai pas envie de faire le chemin à pieds.

-Cet ami est probablement le rouquin, non ?  

-Il a un nom, tu sais. Il s'appelle Ethan.

Ethan... Ce nom se répétait dans mon esprit. Il m'énervait, je ne voulais pas qu'ils deviennent amis.

Elle savait sûrement que je l'avais mal pris, son sourire hypocrite suffisait à me le faire comprendre. Elle attendait ma réaction, je l'ai deviné. Je ne voulais pas qu'elle pense à une quelconque jalousie, j'ai donc affiché un sourire tout aussi faux en hochant la tête. Elle eut l'air déçue, mais garda le silence. Le bus qui arrivait m'a sauvé.

Les jours passèrent, puis les semaines. Un mois après cette fameuse discussion, je ne tenais plus, il fallait que je lui parle.


A : Maelys                                                     Heure : 16h11

Tu me manques, j'aime te parler...


Il y a eu la confirmation de lecture, mais elle n'a pas répondu.



A : Maelys                                                   Heure : 16h24

Je t'en prie, réponds moi...


Je pouvais comprendre qu'elle m'en voulait, mais ne pas me répondre était particulièrement énervant. J'espérais qu'elle se rendait compte que ce n'est pas cela qui allait me stopper. Je ne voulais pas la perdre, pas encore, pas comme ça.

Au bout du vingtième message, j'ai foncé chez elle en vélo. J'avais toujours aimé cette maison, toutes ses terrasses, sa couleur jaune... Elle ressemblait aux maisons italiennes. Après l'avoir contemplé quelques secondes, j'ai toqué de nombreuses fois. La porte s'est enfin ouverte, c'était Maelys.  Ses yeux semblaient fatigués, las. Elle portait un simple jogging vert et une polaire violette. Ses joues se sont empourprées quand elle s'est aperçue que c'était moi, sûrement à cause de ses vêtements.

-Tu comprends pas que si je ne réponds pas à tes messages, c'est que je ne veux pas non plus te voir ?

-J'ai toujours été con.

J'ai haussé les épaules, elle eut un sourire qu'elle a réussi à faire disparaître au bout de quelques secondes.

-J'espère que tu viens pour t'excuser, sinon tu peux partir directement.

Je me suis renfrogné, elle a fait mine de me claquer la porte au nez mais je l'ai arrêté avant qu'elle ne la ferme.

-Je... M'excuse.

-En me regardant, si c'était possible. Je sais que mon jogging est magnifique, mais ce n'est pas une raison suffisante.

J'ai levé les yeux vers son visage, puis ai murmuré la même phrase. Son visage s'est illuminé. Je me suis permis d'ajouter que j'espérais que les rendez-vous au parc n'étaient plus que pour moi, elle y a ri légèrement. On s'est ensuite salués et je suis rentré chez moi, heureux. »

La Fugue (2016)Where stories live. Discover now