> Chapitre IX

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De fines larmes coulent sur les joues de la mère de l'adolescent. Penser à sa fille et son mari décédés est toujours compliqué. Axel décide d'y faire abstraction.

« -J'étais épuisé. Une fois qu'elle est partie, j'ai foncé au lit. Étrangement, malgré ma fatigue, je n'ai pas réussi à m'endormir. Ces yeux verts si tristes me tourmentaient, ils ne cessaient de réapparaitre face à moi. J'ai cogité toute la nuit.

Le lendemain, en allant en face du miroir, je ne me suis pas reconnu. J'avais des cernes, mon visage était pâle, mes cheveux complètement en désordre. Je faisais peur à voir.

Arrivé au lycée en avance, je me suis assis sur un banc pas loin de l'entrée. En levant la tête de mon téléphone, j'ai pu apercevoir une silhouette familière, vêtue tout de noir. Elle boitait toujours légèrement. S'asseyant à mes côtés, j'ai vu ces même yeux qui m'avaient obsédé une nuit entière. Ils me fixaient étrangement, avec une intensité déconcertante.

-Tu as l'air épuisé., murmura Maelys.

En réponse, j'ai simplement hoché la tête. Elle s'est levée, puis s'est rendue à l'entrée du bâtiment scolaire quelques minutes plus tard. Les journées suivantes se sont déroulées avec une normalité ennuyante. »

-Tu n'as pas reparlé à Maelys ?

-Non.

« -Une semaine plus tard, mon téléphone a vibré pendant que j'étais dans le bus, pour rentrer de chez un ami.


De : Maelys                                            Heure : 20h32

Parc ?


Je n'ai pas pris la peine de répondre, je venais de passer devant le parc. J'ai couru à travers tout le bus, pour demander au chauffeur de s'arrêter. Je suis arrivé quelques minutes après son message. Je me suis assis sur le banc, pas loin du lac.


A : Maelys                                                                             Heure : 20h36

Je suis arrivé.


Les étoiles brillaient dans le ciel, elles étaient plus belles que les autres soirs.


De : Maelys                                                                            Heure : 20h37

Lève la tête.


J'ai fait ce qu'elle a dit, puis je l'ai vu. Elle était assise sur une branche d'un vieil arbre, ses jambes s'agitaient dans le vide. Je remarquais ses cheveux virevolter autour de son visage, la faisant quasiment ressembler à un ange. Elle avait chaussé des Vans noires, assorties à son jean déchiré et son pull tout aussi sombre.

-Tu sais, quand j'étais petite, je me disais que deux de ces étoiles étaient mes parents biologiques. Peut-être que c'est vrai, au final.

Sa voix était faible, mais toujours aussi belle.

-Deux d'elles sont ma soeur et mon père, alors.

-Probablement. Ils ont vu tout ce que t'as fait, imagine.

Face à mon faux air choqué, elle se mit à glousser. Son rire était magique. Rauque, mais doux.
Ce son quasiment inconnu fit battre mon coeur, très vite. Les heures passaient, nous fixions les étoiles, en pensant probablement tout deux à nos proches décédés. »

La Fugue (2016)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant