Chapitre trois: Crises identitaires :

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Au milieu d'une foule vêtu de noir illuminant presque l'obscurité de la scène dans laquelle nous nous trouvâmes, j'étais désarçonné par la disparition qui nous réunissait en ce jour. L'enterrement venait de prendre fin. Deith se tenait devant moi, ses yeux étaient rouges et son teint livide. Ce sombre tableau était le résultat déprimant de son habituel consommation de drogues. Il commençait à prendre de l'héroïne, je détestais cela. Il se droguait pour se sentir mieux, cette erreur pourrait le plonger dans un destin fatal. Il prit la parole, comme pour rompre le lourd silence qui était installé et me demanda avec douceur :

-Qu'allons-nous faire désormais ?

Je fixais le cercueil en bois de cerisier vernis et ne répondis pas. Il était impensable que dans cette boite, ce trouvait celle qui fut autrefois ma meilleure amie. Pourtant je l'y avais vu un peu plus tôt, lors de la cérémonie. Amélia reposait dans son lit qui lui sera désormais éternel. Elle semblait endormie dans un profond sommeil. Ses cheveux blonds brillaient de milles éclats, ils semblaient plus resplendissants que jamais. Elle avait été maquillée ainsi que parfumé. Ses lèvres était habillé d'un élégant rouge carmin, ses joues était rosies par un léger blush d'un rose pâle, sons teint, réchauffé par la pose précise et réfléchie d'une poudre bronzante, était resplendissant et sur ses paupières se dessinait des trais d'eyeliner particulièrement précis. Elle était aussi belle que d'habitude mais ça paraissait faux, jamais elle ne s'était maquillée ainsi, sa pâleur naturelle ne l'avait jamais dérangé et, bien qu'elle adorait cela, elle ne mettait des rouges carmin que pour les grandes occasions. Désormais un sentiment profond et violant me rongeait : celui de la nostalgie. C'était ce qu'il y avait de plus difficile à affronter ce jour-là. Je tentais en vain de me remémorer chaque souvenir que je gardais de mon amie et m'efforçait de les conserver. Mais à la manière de l'eau que l'on souhaite retenir avec nos mains, ils glissaient dans mon esprit et coulaient dans les fossés de l'oubli. Je pensais au passé mais l'avenir me rattrapa sans me laisser une chance de fuir, réalisant que désormais, je ne vivrais plus rien avec Amélia, je n'apprendrais plus rien d'elle. C'est dans ces moments-là que l'on peut comprendre réellement ce qu'était la notion de fin. Après un long moment à rester immobile, n'exprimant rien et ne laissant paraître aucunes émotions, je me décidais à sortir de mes tristes songes. Par la suite, ma première réaction fut de mettre mes lunettes de soleil afin de cacher mes yeux rougis par les larmes. Deith me prit alors les mains avant de dire, probablement aussi dévasté que je l'étais :

-Aller vient Kiara, on rentre.

Une grosse limousine noire nous attendait, nous y entrâmes puis partîmes en direction de notre appartement. Nous fumâmes et bûmes tous deux durant la totalité du trajet. C'était la première fois de ma vie que je fumais. C'était une étrange circonstance pour commencer à consommer de la drogue. Mais avec l'aide de ces petites fleurs vertes, flétries et séchés, j'oubliais presque l'histoire d'un instant que celle qui m'avait permis de sortir du cocon familial qui alimentait ma naïveté constante et presque inquiétante, était morte. En arrivant dans notre appartement, fatiguée et dans le flou, je tenais difficilement debout. Deith me soutenait par la taille afin d'éviter que je ne m'écroule. Thalia était là, elle devait nous attendre depuis maintenant bien longtemps. Cette dernière portait une longue robe de soie verte, cette couleur avait la particularité de faire ressortir sa jolie peau métisse, elle était donc, contrairement à nous, resplendissante. Nous, nous étions pitoyables. Et malgré le ton sévère qu'elle employait, son regard bleu ciel, lourd de reproches, ne nous atteignait pas. Amélia venait de mourir, alors, à ce moment-là, il aurait pu se passer n'importe quoi mais personne ne pouvait éclater la bulle de chagrins et de débauche dans laquelle nous avions besoin de nous refugier.

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