Chapitre 1

439 20 2
                                    

Lundi 4 septembre 2017

Six heures s'imposèrent à mon réveille-matin. Il sonna et je m'empressai de mettre fin aux ondes produites par la vibration mécanique de celui-ci afin de ne pas éveiller mon foyer encore endormi.

Aujourd'hui était le jour de ma rentrée en classe de Terminale Scientifique. Ce qui annonçait une nouvelle classe, de nouveaux élèves, de nouveaux professeurs, un nouvel emploi du temps...

À la fin de l'année, après avoir atteint les examens finaux, j'espérais obtenir mon baccalauréat avec une mention « Très bien ».

Subséquemment j'envisageais de quitter la ville pour rejoindre mon pays natal, l'Italie. J'aimerais me rendre en Toscane et acquérir un logement là-bas afin de m'y installer. Un rêve ambitieux pour lequel je me donnerais les moyens.

Je me dirigeai vers la salle de bains. Je m'immobilisai devant le miroir toutefois je ne prêtai aucune attention à mon reflet dans celui-ci. Je me vêtis d'un pantalon en jeans et d'un tee-shirt à col tombant dissimulé sous un gilet en laine blanche tirant sur le gris. J'arrangeai mes mèches blond foncé et ajustai une bague à mon pouce gauche. Pendant ce temps, le rez‑de‑chaussée semblait s'animer.

En descendant les marches qui se plaignaient sous mes pas, je caressais la rambarde de ma paume. En arrivant face à l'entrée de la cuisine, je pus constater le toasteur de la marque Tefal laissant s'échapper un effluve de pain grillé, et un arôme de chocolat chaud dansant dans un bol au dessin et au coloris enfantins. Animé par la faim, je rentrai et saluai les visages encore endormis qui discutaient autour de la table.

Je disposai une tranche de pain dans l'appareil encore chaud. J'attendis quelques instants, soutenu par le plan de travail, tout en observant la pièce autour de moi comme s'il s'agissait de la première fois que je la contemplais. La tartine brûlante bondit hors des bobines de fil chauffées. Je la saisis et m'installai à table pour la déguster avec de la confiture et me désaltérer avec un jus maison des derniers abricots de la fin de l'été.

Accroupi sur le tapis d'entrée en fibres naturelles, je lassai mes chaussures imitation converses noires à lacets et caoutchouc blancs puis fermai la porte derrière moi avant de me diriger vers le lycée.

Arrivé face au bâtiment sobre et droit, je franchis la grille et m'assis sur le banc métallique et terne qui donnait accès à une zone d'observation de l'intégralité de la cour. J'aime m'y installer chaque année.

Je regardai les autres élèves se retrouver et se saisir dans les bras les uns les autres. Les codes de la société m'échappent. Je ne conçois pas de fonction à l'amitié, à tous ces liens sociaux. Je m'en désintéresse et ils ne font que faire connaître de la souffrance. Pourtant, je me sens extrêmement seul, en permanence. Peut-être que fuir l'attachement ferait autant souffrir que de le ressentir ?

La sonnerie retentissait. Je commençais la journée par des mathématiques. J'affectionne tout particulièrement cette matière car je sais que si je cherche bien, il existera toujours une solution à l'énigme établie. Au contraire de l'existence. Je me suis penché sur ce sujet durant des nuits entières, je n'ai jamais effleuré de résultat ; simplement de longues soirées d'insomnies.

Le français se trouve également être l'une de mes matières préférées. J'aime le parler convenablement. Peut-être trop à en croire les critiques que j'aie amassées. Je me souviens d'une fois, en primaire, lorsqu'une petite fille est venue et s'est introduite dans ma sphère personnelle afin de me demander si j'avais mangé un dictionnaire à ma naissance, puis s'en est allée moqueuse rejoindre les autres enfants que jamais je n'ai pu, ou bien voulu approcher.

Je rentrai en classe et je me plaçai à une table, seul à côté d'une fenêtre à l'encadrement incolore et quelque peu écaillé afin de pouvoir observer le paysage. Il pleuvait ce jour-là. De mes cavités tympaniques toujours en éveil, j'appréciais le bruit des gouttes d'eau mourant sur les vitres.

« Nathanaël. »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant