09. Erreurs du passé

144 11 0
                                    

Chanson pour ce chapitre: My Demons - Starset

C H A P I T R E  9 : Erreurs du passé

'' But pain's like water. It finds a way to push through any seal. There's no way to stop it. Sometimes you have to let yourself sink inside of it before you can learn how to swim to the surface.'' - Katie Kacvinsky

Salle commune: 17 décembre, 11h32.

Aujourd'hui, j'avais, étonnamment, fini plus vite que je ne l'avais jamais fait de nourrir les prisonnier aux cachots. Je pouvais donc profiter d'un semblant de paix sans Frida sur mon dos. Assurément, elle reviendrait trop vite à mon goût, mais, pour l'instant, j'appréciais énormément cette pause.

J'étais assise, seule, à une table de la salle commune, tout de suite après avoir été chercher un repas que servait la cafétéria. Ce midi, c'était une sandwich banale accompagnée d'une petite boîte de lait et d'un muffin à la forme étrange. J'avais aussi attrapée au passage un Journal du Mage , un journal annonçant les nouvelles de la société des mages, peu importe le clan.

Étouffant un bâillement dans le creux de ma main, je feuilletai les pages du journal rapidement, enfournant une bouchée de ma sandwich. Mes yeux défilaient le titre de chaque article, jusqu'à ce qu'ils se figent sur un en particulier.

Combats de gladiateurs: de nouvelles dates!  

Mon cœur rata un battement et je me sentis pâlir.

Isao, il serait là-bas.

Je parcourrai l'article en vitesse, restant figée un instant sur une date bien précise.

10 janvier, c'était la date prévue, notre clan contre un clan immensément puissant. 

C'était dans moins d'un mois. Et aucune bête n'avait réussi à vaincre la leur.

''La nouvelle recrue du clan du Nord-Est prendra part à son premier combat le 10 janvier prochain contre la terrible brute du clan Ouest, un combat à ne pas manquer! Acheter vos billets tout de suite avant qu'il ne soit trop tard.''

J'eus l'impression de perdre le souffle. Je sentais la nausée m'envahir. Mes souvenirs de ces combats cauchemardesques me revinrent en tête et l'appétit me quitta pour de bon. Je réprimai un frisson tant bien que mal en repliant à toute vitesse le journal, prête à le jeter.

Pourtant, je n'en eu pas le temps.

Une main se posa sur mon épaule alors que je me levai de mon siège, appliquant assez de pression pour me forcer à me rasseoir. Ce que je fis en jetant un regard par-dessus mon épaule, reconnaissant sans trop de mal le nouvel ambassadeur dans toute sa splendeur.

Son visage portait  un sourire triomphant qui m'agaça aussitôt.  

-Tiens, tiens... un visage familier. Si je ne me trompe, tu es la petite O'Fallon, n'est-ce pas? dit-il d'une voix haut-perchée qui me fit grincer des dents.

-Je m'appelle Cléa, corrigeai-je entre mes mâchoires crispées.

Il n'y avait pas si longtemps, il me vouvoyait et obéissait à mes ordres à tout moment. Et, bien sûr, il profitait du moment pour retourner la situation à son avantage. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour cela, j'aurais fait de même.

-Ah oui, où avais-je donc la tête! s'excusa-t-il faussement, son sourire étincelant contrastant avec ses plus sincères excuses.

Un ange passa.

Le nouvel ambassadeur se contenta de me fixer avec un air satisfait.

-Que me voulez-vous? lui demandai-je en plissant les yeux.

-Oh, mais rien de très grave. Je voulais simplement aborder le sujet des combats des bêtes avec toi. J'ai toujours su avec quel plaisir tu observais ces moments amusants.

Il avait un ton arrogant qui m'hérissa immédiatement.

-Et? insistai-je en prenant une bouchée de mon sandwich dont le goût me fit grimacer.

L'ambassadeur se pencha vers moi, le visage si près que je pouvais sentir son souffle sur le mien. Ses yeux étranges me fixaient d'un regard persistant. Il s'était appuyé d'une main sur la table, tout près d'où gisait le journal.

-J'ai bien l'intention de redorer la réputation de ce clan, ce que tu n'as pas fait, bien au contraire. Tes chichis nous ont mené à la perte de notre prestige et de tout ce dont nous pouvions être fier, à défaut de posséder des dirigeants compétents et débrouillards. Des héros pour leur nation. Tout ce que tu as fait lors de ta petite scène au sommet a été tirer ce clan vers le bas. Je compte l'élever bien au-delà de ce que nous avons été et je te conseille fortement de rester hors de mon chemin, sinon tu le regretteras amèrement, O'Fallon. Que je ne te vois pas essayer ton nez de fouineuse dans les affaires qui ne te concernent pas et qui ne t'ont jamais concerné, gamine. Tu es redescendu au niveau qui te convenait, c'est-à-dire si bas que très bientôt plus personne ne se souviendra de ton nom, mais ils se souviendront plutôt de l'enfant qui les ont mené à leur perte. Tout ça avant que tout revienne dans l'ordre avec moi, Lukas Delaney, celui qui a su réparer tes erreurs de vulgaire bambin.

Sur ces mots blessants, il m'adressa un clin d'œil, disparut en laissant la salle plongée dans un silence tendu.

J'avais l'impression qu'il avait lu dans mes secrets les plus enfouis, mes insécurités les plus profondes et il me les avait lâchés en plein visage. D'un battement de cils frénétique, je tentai de chasser les larmes qui menaçaient de s'écouler sur mes joues. Ramassant mes possessions à la hâte, je quittai la salle commune au pas de course, luttant contre les larmes brûlantes.

Mes jambes me guidèrent d'eux-mêmes et quand elles s'arrêtèrent, je me retrouvai devant mon ancienne chambre. Plus la mienne. Pourtant, mon corps y étaient encore rattaché, l'identifiait encore à un sentiment d'intimité et de sécurité qui m'étaient inconnus ces derniers temps.

Étouffant un sanglot au creux de ma main, je me précipitai dans une salle vide, la plus proche, et m'effondrai au sol, sanglotant.

Il y avait si longtemps que je gardais cette souffrance enfouie au plus profond de mon cœur qu'elle n'avait fait qu'enfler jusqu'à ce qu'elle m'éclate en plein visage. Je m'haïssais d'avoir l'air si faible. D'être si faible.

Je n'avais que voulu corriger les défauts de notre société, ce qui me semblait cruel et inimaginable encore à cette époque. Ce qui me semblait inhumain, barbare. J'aurais mieux fait de ne rien faire.

Non, j'avais bien fait. J'avais essayé.

Mais ce monde n'était pas prêt à voir d'aussi grands changements les bouleverser de nulle part. Ils s'imaginaient que ces bêtes n'étaient pas des créatures humaines et qu'ils ne pouvaient ressentir aucune émotion, à l'exception de la rage meurtrière et une fureur si grande que rien ne pouvait les arrêter.

J'allais leur prouver le contraire.

Je savais qu'ils n'étaient pas que des monstres, qu'ils pouvaient ressentir des sentiments comme l'amour, la tristesse et la culpabilité.

J'allais leur prouver.

Il ne restait plus qu'à trouver un moyen infaillible de le faire, sans être soupçonnée.

À commencer par Isao, la bête parfaite pour ce que je voulais faire.

Tenez-vous prêt.

----------------------------------

Désolé, il s'agit d'un chapitre plutôt court, mais je devrais me rattraper avec le prochain! J'espère que vous avez aimez, n'hésitez pas à me partager vos avis ou autres en votant ou commentant.

Gabou xxx

Hunt or Spell?Where stories live. Discover now