♦ Chapitre 32 ♦ Transformation

6.2K 615 77
                                    

- Je ne suis pas contente de te voir moi, a répondu sèchement Mildred, sans se démonter. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Tu en perds... ta politesse Mildred ! Depuis quand me tutoie-tu ? As-tu oublié... qui est le plus puissant de nous deux ?

- Je ne suis pas le moins du monde intimidée par ta " puissance ".

Mon père a soupiré puis ricané. Il manqua de s'étouffer en riant, et eu besoin de quelques secondes pour de nouveau s'exprimer à peu près correctement.

Il avait l'air vraiment mal en point, mais je n'avais absolument aucune pitié pour lui. Tout sentiment de peur s'était envolé, et la colère avait pris sa place. Je savais maintenant qu'il avait tué de ses crocs ma propre mère, et bien qu'il reste mon père, je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir profondément.

Si toutefois il m'aimait, comme me l'avait certifié ma mère dans sa lettre, il ne le montrait pas le moins du monde : ses yeux me détaillaient à la manière d'une proie, et sa langue ne cessait de passer sur ses lèvres en un rictus effrayant.

Il avait beaucoup changé, depuis la dernière fois que je l'avais vu.

- Ce n'est pas pour toi que je suis là... a t-il reprit d'une voix haineuse, en jetant un regard noir à Mildred.

Puis, son attention fut de nouveau redirigée vers moi.

- C'est pour ma fille... Elle doit me donner quelque-chose...

- C'est elle, ta fille ? s'est étonnée froidement Mildred en me jetant un regard. Alors c'était toi, tout à l'heure...

Je n'écoutais pas ce que disait la vampire. La phrase qu'avait prononcé mon père buttait dans mon esprit.

"  Elle doit me donner quelque-chose. Elle doit me donner quelque-chose ? Elle doit me donner quelque-chose... "

Il parlait de mon sang bien sûr.

Une force des plus inattendues s'est propagée dans mes veines. J'ai sentis la main d'Orion sur mon épaule, qui a tenté de me faire reculer. Je me suis refusée à son mouvement. Ses yeux verts m'ont détaillés froidement, mais je n'y ai pas prêté attention.

Il était hors de question que je me montre faible face à cet homme, qui ne rêvait que de me faire subir le même sort que ma mère.

- Je ne suis pas un objet.

Ma voix avait été plus que cassante, et tous les regards se tournèrent vers moi.

- Tu ne fais pas le poids contre lui, humaine, qu'il soit ton père ou non, a déclaré Mildred. Laisse-nous nous occuper de lui et retourne à l'intérieur, ça ne sera pas long.

Mon père tiqua suite à la dernière remarque; je le vis serrer les poings, enfonçant sauvagement ses ongles dans les paumes de ses mains. Des filets de sang s'en échappèrent.

Je ressentais de légers picotements au niveaux des yeux.

" Je vois, alors qu'il est si loin... "

Une partie de moi était stupéfaite de ma capacité visuelle, à une si grande distance. L'autre, s'en fichait éperdument et se contentait de monter petit à petit en tension.

Jasmine s'est à son tour approchée de moi pour m'attraper par le bras, mais je l'ai cette fois-ci violemment repoussée.

- Non !

Mon père a esquissé un geste, mais je l'ai devancé, sans même m'en rendre compte. Mon corps s'est élancé dans le vide, à la rencontre du sien qui allait en sens inverse. Nous nous sommes heurtés avec violence et avons roulés sur le sol.

Sans perdre de temps, je lui ai sauté dessus. Une rage intense et nouvelle s'était emparée de moi, et je ne contrôlais plus mes mouvements.

" Je veux le... Je veux... le tuer ! "

Pourquoi avais-je une telle réaction ? Il avait été la personne qui me tourmentait dans ma tête, qui m'avait fait frissonner au plus profond de mon être. Mais au lieu d'avoir peur de lui, seule la vengeance occupée à présent mon esprit.

Une douleur a surgit au niveau de mes phalanges, mais je ne me suis pas laissée déconcentrer : j'étais occupée à essayer d'atteindre le visage de mon père de mes coups. Il me retenait seulement à l'aide de sa main encerclant mon cou.

Son visage était étonnamment souriant, et ses yeux luisaient intensément.

- Enfin... Le réveil que j'attendais !

Au même moment, un de mes coups de poings l'atteint enfin à la joue.

Une lueur de colère a traversée son regard turquoise, et en l'espace de quelques secondes, je me suis retrouvée catapultée contre un arbre à proximité. Mon dos en heurta violemment le tronc, ce qui me valut un gémissement.

J'ai enfoncé mes doigts dans la terre pour me redresser. C'est à ce moment là que j'ai commencé à me rendre compte des changements.

Mes ongles faisaient deux fois leur longueur habituelle.

A cette vue, j'eue un hoquet de surprise. J'ai porté les mains devant mes yeux pour les observer, en les tournant et les retournant sans comprendre.

- Qu'est-ce que...

Un frisson m'a parcouru l'échine. J'ai maladroitement replacé quelques mèches de cheveux derrière mes oreilles, pas du tout à l'aise avec mes nouveaux attributs.

Mon père s'est lentement avancé vers moi, captivé. Sa lèvre supérieure était retroussée sur ses canines.

-  C'est... parfait !

J'ai agrippé le tronc à deux mains pour me lever. Mon regard croisa mon reflet dans une flaque d'eau à ma gauche, et je me suis de nouveau figée, totalement ébahie.

Mes yeux étaient mauves.

J'avais un visage méconnaissable : ma peau avait palie, mes joues s'étaient un peu creusées, mes lèvres avaient étrangement rougies, et mes cheveux s'étaient assombris. Des veines supplémentaires se détaillées dans mon cou et puilsaient au rythme de ma respiration.

Je me suis refusée de sourire, de peur de découvrir autre chose.

- Clarissa... Je te l'avais dis ! Je le savais, que cela arriverait !

Arrivé jusqu'à moi, il m'a soulevé le menton de sa main gauche.

- Ton sang n'en sera que plus délicieux... Après ta transformation !

Je lui ai attrapé le poignet et ai tenté de me dégager, mais il me maintenait fermement contre lui, me forçant à le regarder.

- Ne prononce pas le nom de ma mère... Tu n'en as pas le droit ! ai-je grondé d'une voix rauque.

Il a esquissé un petit sourire, avant d'avancer son autre main vers mon visage. Ses doigts écartèrent mes lèvres avec précaution.

- Les voilà...

Il a doucement tapoté mes canines.

" Je suis... "

J'haletais, devant la puissance de son regard turquoise et de son visage effrayant.

Le pire était qu'à présent, je lui ressemblais. 

" Je suis un vampire... "

















La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant