« Oui. »

Derek inspira profondément, et essaya une seconde fois d'arracher les mains de Stiles à son visage.

« Non, je suis sûr que ce n'est pas horrible.

- Comment peux-tu le savoir ?

- Je le sais, c'est tout. Allez, montre-moi. »

La nouvelle tentative de Derek échoua à nouveau. L'adolescent ne voulait toujours pas lui montrer ce qui avait changé chez lui. Dépité, il lâcha les poignets de son camarade, et recula légèrement, avec un air de résignation sur le visage.

« Ce n'est pas moi qui te jugerai, et tu le sais, affirma le loup, sûr de lui. »

Le brun renifla et ne releva pas la tête. Il se contenta d'hausser les épaules et de se mordre la lèvre inférieure.

« Qu'est-ce que tu en sais ? Si ça se trouve, tu vas trouver ça terrible. Et je ne suis pas certain que ça te rappelle de bons souvenirs.

- Comment ça ? »

Derek, intrigué, fronça les sourcils. Qu'entendait Stiles par « ça ne va pas te rappeler de bons souvenirs » ? Hésitant, il balaya la pièce du regard pour occuper ses yeux, avant de reporter son attention sur son camarade.

« Tu ne pourras pas te cacher indéfiniment de toute façon, Stiles. Et ça, tu le sais pertinemment. Tout ce cirque ne rime à rien. Montre-moi, qu'on en finisse. »

Stiles entendait à la voix de Derek, qu'il commençait à s'impatienter sérieusement. Mais cela ne l'avait toujours pas convaincu. Il refusait toujours de se montrer ouvertement au loup.

« Je ne peux pas.

- Pourquoi ?

- Tu ne comprendrais pas. »

L'adolescent se rendit cependant rapidement compte de la stupidité de ses propos. Bien sûr que si, Derek le comprendrait. Il avait presque vécu le même changement, après tout. A la différence que lui, il pouvait reprendre ses yeux normaux lorsqu'il n'était pas sous sa forme de loup-garou. Stiles, lui, ne savait pas si ses yeux allaient redevenir normaux par moment, ou s'ils resteraient à jamais bleus glacés.

« Bien sûr que si, je te comprendrai. Ne dis pas de bêtises.

- Ce ne sont pas des bêtises. »

Derek grogna et leva les yeux au ciel, agacé par l'obstination de son cadet.

« Pour l'amour du ciel, Stiles, regarde-moi !

- Je ne peux pas ! »

L'adolescent avait presque hurlé ces mots, ce qui n'avait pas manqué de surprendre Derek, qui avait presque eut un violent mouvement de recul. Décontenancé par la détresse de Stiles, il ne savait plus quoi dire, ni quoi faire. Comment le convaincre que quoi qu'il puisse lui arriver, jamais il ne le jugerait ? Comment le convaincre que pour lui, à ses yeux, il resterait le même ?

« Stiles, je sais pas quoi faire pour t'aider...

- Alors ne m'aide pas. »

Le loup serra les dents et se força à rester calme, même s'il sentait que cela devenait de plus en plus compliqué.

« Je veux t'aider. Regarde-moi. Parle-moi. Je t'en prie. »

La détresse audible dans la voix de Derek, acheva Stiles. Tremblant, hésitant, il commença à enlever les mains de son visage, en prenant soin de garder les yeux fermés.

« Promets-moi de ne pas t'enfuir.

- Je te le promets. »

Malgré cette promesse, l'adolescent ne daigna pas à ouvrir les yeux. Il ne fallut pas beaucoup de temps à Derek, pour comprendre que c'étaient les yeux de Stiles, qui avaient été touchés par l'effet secondaire.

« Ouvre les yeux et regarde-moi, s'il te plait.

- Non. Ils sont différents.

- Regarde-moi. »

Stiles décida finalement d'ouvrir ses prunelles. Qu'avait-il à perdre ? A quoi bon ? Derek avait raison, il ne pourrait pas rester les yeux fermés toute sa vie. Alors il les ouvrit. Doucement. Avec une immense appréhension. Quant à Derek, il eut l'impression de recevoir un coup dans la poitrine. Il avait l'impression de se voir dans un miroir. Un adolescent perdu, en proie à la panique, au bord des larmes, honteux, et... avec des yeux bleus éclatants, luisants, glacés. Le loup déglutit, se passa une main dans ses cheveux, avant de soupirer.

« Quoi ? Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? »

Stiles affichait un air penaud, timide, et anxieux. Ses yeux reflétaient toute la peine qu'il pouvait avoir, de se sentir différent. Derek resta silencieux pendant quelques instants, avant de secouer la tête et de sourire à l'adolescent.

« Tout va bien. »

Le loup fit changer la couleur de ses yeux, pour qu'ils deviennent à l'identique de ceux de son camarade. Stiles plongea ses iris glacés dans ceux de Derek, attendant qu'il continue à parler.

« Tes yeux sont différents, c'est vrai. Mais ils restent magnifiques. Juste comme toi. »

Stiles détourna le regard, et se concentra sur un point neutre, mal à l'aise. Il ne s'était pas attendu à une telle réaction.

« C'est ce que ta mère t'avais dit lorsque tes yeux avaient changé, pour la première fois ?

- Oui, c'est ce qu'elle m'a dit. »

Le fils du Shérif sourit au loup, rassuré.

« Je suis désolé, Derek.

- Désolé de quoi ?

- D'avoir douté de toi. »

Derek laissa échapper un rire, avant de se relever doucement. Il tendit sa main à l'adolescent, qui l'attrapa et se redressa à son tour.

« Je ne t'en veux pas. »

Stiles, malgré le fait qu'il était rassuré que Derek ne l'ait pas jeté par une fenêtre, ressentit soudainement une pointe de doute et de frayeur. Il commença à se ronger les sangs et à s'agiter.

« Comment je vais faire, maintenant ? Pour vivre normalement ? Tu me vois me balader dans les rues avec des yeux comme ça ? »

Gêné, Derek soupira légèrement, ne sachant que répondre. Oui, c'était vrai, il n'avait strictement aucune idée de comment l'adolescent allait bien pouvoir faire à présent.

« Des lunettes de soleil ? proposa le loup un peu au hasard.

- Et quand il n'y aura pas de soleil ?

- Ouais. »

Le plus vieux se passa une main dans les cheveux, un peu perdu. Il se racla la gorge et tourna la tête vers son compagnon.

« On va aller chez Deaton. Pour voir ce qu'il peut faire.

- Il ne pourra rien faire.

- On sait jamais. »



The White Wolf - TERMINÉWhere stories live. Discover now