Chapitre Septième

37 4 0
                                    


Cela fait maintenant 6 jours que je vis dans la petite maison. 

Je commence doucement à m'habituer à cette situation. Il est vrai qu'après la première nuit passée ici, j'avais toujours l'espoir de pouvoir retourner à ma vie d'avant, mais je comprends à présent que plus rien n'est comme "avant". J'ai commencé à prendre mes marques, et ai même décidé de customiser ma petite demeure où je passe tout mon temps, puisqu'étant trop peureuse pour sortir. Hier j'ai déplacé le  vase de céramique rose qui se trouvait sur la table à manger ; à présent c'est sur la petite commode du salon que l'on peut l'apercevoir. Je suis assez fière de ma personne, j'ai toujours su qu'une âme de designer sommeillait en moi...

De plus en plus de choses qui me semblaient, au premier abord, impossibles , font maintenant parti de mon quotidien. Comme cette fâcheuse habitude qu'a le Soleil de se coucher tous les soirs à la même heure et de manière si brusque qu'il semblerait que quelqu'un l'ait éteint. La première fois que le phénomène s'est produit, j'ai bien crus perdre la tête. 

J'étais dans le jardin, cherchant inutilement une quelconque trace de vie humaine, quand soudain le ciel s'assombrit en une fraction de seconde, comme si on avait pressé un interrupteur. Le soleil avait disparu. J'ai d'abord pensé à une apocalypse, une hallucination, un cauchemar. Mais c'est la même chose depuis 6 jours. Je n'y prête même plus attention. C'est fou, et dire qu'il y a seulement 1 semaine je me préoccupais encore d'histoire de mec, des dernières séries, ou des cours plus qu'ennuyeux de mon prof d'anglais... Si on m'avait dit à ce moment-là que je me retrouverais à devoir vivre seule entourée d'absolument rien...

Enfin bref, le plus dur ce n'est pas de devoir vivre dans un monde que l'on ne comprend pas, le plus dur c'est de devoir y vivre sans les personnes que l'on aime. Ils me manquent tous. Tous même Alex, ce con. J'ai essayé de retrouver leurs têtes sur au moins une des milliers de photos accrochées au mur ; en les retirant une par une à chaque fois que les visages se trouvant dessus n'étaient pas les leurs. Je me retrouve submergée de piles de photos, mais leur quantité ne semble jamais s'épuiser. Comme si pendant la nuit elles se multipliaient. 

*Dring*

Ca sonne. Ca doit être le repas. 

Comme toujours un menu McDo , comme toujours avec cet infecte ketchup sur mes frites. Ah le ketchup me répugne. Ça aussi je m'y suis habituée, tous les jours à la même heure, quelqu'un, ou quelque chose sonne me dépose le menu sur le paillasson et le temps d'ouvrir la porte, disparait. J'ai bien essayé de me cacher , ou même d'attendre en étant dehors pour voir qui pouvait bien me livrer ses mets, mais c'est alors que je retrouve le repas à l'intérieur, de l'autre côté de la porte. Je me suis donc résolue à abandonner une quelconque recherche d'explications. 

Putin c'est pas vrai c'est vraiment dégueulasse ce truc. Une vraie torture : devoir tous les jours contempler ces belles frites dorées , mais ne pas pouvoir les manger à cause de ce coulis de tomates immonde. Bon aujourd'hui j'ai pas faim, je ferai bien de refaire un petit tour du quartier, comme si je ne le connaissais déjà pas par coeur .. 

Comme d'habitude, personne dans les rues, c'est fou ce que ça me surprend... 

Je ne suis pour l'instant pas allé bien loin je me contente de monter cette affreuse pente jusqu'au sommet, et puis une fois là bas, je fais ma chochotte et je rebrousse chemin. Cette situation commence légèrement à m'agacer, assister à la fin du monde , ça ne me dérange pas en soi, mais devoir y assister seule ça c'est plus problématique. Bon c'est pas parce qu'on est toute seule au milieu de nulle part qu'il faut se laisser aller : aujourd'hui ce sera 10 minutes de footing et une série de 50 abdos. Parce que c'est bien beau de bouffer du mcdo tout le temps mais j'ai pas trop trop envie de ressembler à un ballon de basket au bout de 2 semaines. 

Je cours. C'est assez étrange, la sensation de froid sur le dos, les gouttelettes de sueur qui coulent le long de ma colonne vertébrale, et le chaleur qui compresse mes poumons... Ca me fait du bien, j'ai l'impression qu'une partie de moi s'évapore pendant l'effort, comme si j'avais débranché mon cerveau, je ne pense plus à rien, ni à Alex, ni à maman, ni à personne. Je cours parce que j'en ai besoin. Mes yeux remuent dans tous les sens, je vois les arbres, je vois les feuilles qui dansent au rythme du vent, qui berce mes oreilles d'une douce mélodie si particulière. Je ne me suis jamais sentie aussi entourée, tout en étant aussi seule. Les cailloux que j'engrène dans ma course, les nuages qui me suivent d'en haut, les feuilles qui tombent des arbres, ils sont tous là avec moi. 

Je retourne enfin à "Jail", c'est le nom que j'ai donné à la maison. Je prends une bonne douche dans la salle de bain à l'étage et m'endors pour ma septième nuit. 


----------------------------------------------------------------------------------------------------

Dites moi si ça vous plait ou pas j'ai besoin d'avis pour progresser, merci et j'espère que votre lecture vous plait. 

La bise. 



DeusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant