Chapitre Premier

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Je voulais tellement les garder fermés.

Ne plus rien sentir, être immobile, plongée dans le monde des rêves ; je me sentais voler. Légère, je parcourais le monde que j'avais créé ; il était si vaste et je m'y sentais si minuscule, écrasée par une force étrange.

Des voix au loin appelaient. M'appelaient moi peut être.

Je n'étais tout à coup plus aussi frêle. Je le sentais partir ce monde, loin. Très loin. Un regard, sans doute le dernier. Je ne veux pas que ça s'arrête. Pourquoi donc cela devait-il s'arrêter ? J'étais si bien ici...

Les voix s'intensifient. Je ne comprends aucune d'elles, à vrai dire les mots filent si vite que mon cerveau en est tout perturbé. Et puis pourquoi les comprendre ces vilaines voix ? Oui de vilaines voix. Elles étaient en train de me conduire à travers ce long tunnel, je commençais à voir de la lumière.. NON.

Si seulement j'avais pu m'accrocher un petit peu plus ... peut être que les voix auraient fini par partir. De plus en plus fortes, elles me tapent sur le système. Ça y est je sens que c'est la fin, je les ouvre.

Un vague de lumière m'envahit, aveuglée je me sens perdue. Je les voyais enfin ces petites voix, elles étaient humaines. Des centaines, des milliers, peut être même des millions de personnes, toutes collées les unes aux autres. Et moi, là, allongée je les regarde, je ne les comprends toujours pas.

Les cris. Oui c'était certainement ça le pire. Pourquoi criaient-ils ?

Je venais de me rendre compte que depuis tout ce temps je n'avais pas bougé, j'étais restée immobile, sur le sol humide et visqueux, sans dire un mot, je les avais observées. Elles. Ces personnes. Qui était-ce ? Je finis par comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Si tout le monde s'agitait c'est que rien de bon ne se présageait.

Où est mon lit ?

Bien que cette question ne soit apparue dans mon esprit quelques secondes seulement après mon réveil , une éternité semblait s'être écoulée. Quel était cet endroit ? Cela nous pouvait en aucun cas être une blague d'Alex, ce bon à rien de frère n'était même pas capable de se faire des pâtes, organiser tout cela, relevait alors de l'impossible. Les effets spéciaux n'empêche, étaient fichtrement bien foutus. J'en étais sûre il s'agissait d'une caméra cachée.

Oh les cons, dire que l'état préfère gaspiller son argent à la production de télé-réalités stupides alors que des centaines de personnes crèvent la dalle. Les hypocrites.

C'était quand même cool. Tout le monde sera vert de jalousie au bahut... C'est officiel je suis une star maintenant.

Je n'avais toujours pas bougé.

Je les regardais tous, ces petits acteurs, de petits insectes titubant. Étrangement je trouvais qu'ils jouaient bien leur rôle, cela devait avoir coûté une fortune... comment engager autant de personnes ? Un bruit interrompit mes interrogations : une petite fille, elle était tombée, (du moins elle avait fait semblant de tomber, elle jouait très bien la comédie pour son âge), sans que je ne comprenne pourquoi du rouge se mit à déferler de sa petite jambe toute pâle. La texture poisseuse continua de baver, elle était à présent au niveau de son tibia. Pourquoi personne ne réagissait-it ? Cela devait certainement faire partie du scénario, pensais-je.

Je n'avais toujours pas bougé.

Et puis je me suis rappelée ce jeu au quel on joue tout le temps avec maman, on essaye de deviner le nom des gens en les regardant. J'adore ce jeu, il faut dire que je suis sans nul doute, la plus forte de tout l'Ohio.

DeusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant