Chapitre 4: Braquée du doigt

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   Nous sommes désormais l'après-midi du 27 novembre. C'est une de ces dates desquelles Kat était complètement folle: elle commençait à arriver à l'école avec ses jolis petits pulls en laine à motifs de Noël en prétextant que "Noël, c'était dans moins qu'un mois, maintenant!".

Honnêtement, depuis que je ne crois plus au père Noël, je ne trouve pas la période des fêtes si, disons, géniale que ça. Il n'y a plus de but à décorer un sapin, ni à suspendre des chaussettes à la cheminée. En plus, mon père déteste les musiques de Noël et ma mère haït avec passion avoir à procurer des cadeaux à ses proches.

Et donc, à cause de l'aversion de ma mère quant à acheter des présents, eh bien, je me retrouvais chaque année avec des cadeaux assez médiocres: des cartes cadeaux pour des boutiques auxquelles je ne me rendais jamais, des paquets d'élastiques à cheveux (c'est le rêve de chaque ado de recevoir une boîte de cent élastiques noirs venant du magasin à un dollar!), ou même, un année, ma mère m'avait procurée une vingtaine de paquets de gomme à la menthe. Je la vois bien arriver à la caisse, apercevoir les petits bonbons, en prendre une poignée et se dire "tiens, voilà le cadeau de Noël de Jennifer!".

Je me disais qu'au moins, elle faisait un petit effort. C'est ça l'essentiel, non? Comme on dit: c'est l'intention qui compte. Et puis, mon père était beaucoup plus doué dans cet art que ma mère. Il ne faut donc pas s'en faire pour moi: je recevais tout de même plus que des élastiques à cheveux le soir de Noël.

Je sens mon cœur se pincer rien qu'à me remémorer ces souvenirs. Ma maman me manque. Mes parents me manquent. Même si mes Noëls étaient loin d'être comme dans les films de Disney, j'étais avec ma famille, alors que cette année... Je ne fêterai sûrement pas du tout. Je soupire et tâche de ne pas trop y penser.

Je dois admettre que la campagne enneigée qui m'environne commence vraiment à me faire sentir l'arrivée lente mais sûre de Noël. La neige est officiellement tombée pour la première fois il y a désormais deux jours; il n'y a pas eu d'autre chute importante depuis.

Deux jours. Deux jours depuis nous nous sommes faits surprendre par l'aigle, et que nous avons failli tous y rester. Cet événement me semble si irréel, lorsque j'y repense maintenant. C'est juste... trop étrange. Et je n'ai pas encore parlé aux autres de mon rêve. Je sais pourtant que je vais devoir le faire, tôt ou tard. Je le en parlerai au moment opportun.

- J'aperçois une ville, mesdames et messieurs! hurle soudainement Fabien.

Je sursaute et manque de justesse de foncer sur Tess. Cela faisait quelques minutes que nous étions tous très silencieux sur la route enneigée. Entendre quelqu'un se mettre à parler fort, comme ça, eh bien, c'est assez surprenant.

Puis, je saisis le sens des paroles (des cris, devrais-je dire) de Fabien. Celui-ci est le marcheur de tête et vient de s'arrêter net.

- Une ville? lui lancé-je, étonnée. Où ça?

Je rejoins mon ami presqu'au pas de course. Le reste du groupe en fait de même, tout aussi agité par les dires de Fabien.

- Regardez, là-bas, nous informe ce dernier en pointant vivement au loin.

Nous nous trouvons au sommet d'une colline (colline est un grand mot; je dirais plutôt un haut relief) et pouvons donc avoir une belle vue sur les environs blancs.

Je suis du regard la direction indiquée par le doigt de mon ami. J'écarquille les yeux, agréablement surprise. Fabien a vu juste; une petite municipalité s'étend entre les champs et les parcelles de forêt. Elle ne se trouve qu'à quelques kilomètres tout au plus.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 12, 2015 ⏰

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