Ce que je suis ? Oh je sais pas. Peut-être un truc poilu.

Depuis le début
                                    

- Dana choisi elle-même sur qui elle apposera sa marque, faisant d'eux ces êtres si extraordinaire. La marque sera invisible aux yeux de tous, même à ceux de celui la possédant. 

- Une marque... ? Murmurai-je en reposant mes yeux sur mes poignets.

- Oui, comme celles que tu as désormais sur toi, sourit-il doucement. Elle n'est révélée que lorsqu'un autre marqué, ayant connaissance de ce qu'il est, la touche.

J'avais envie d'éclater de rire. Nervosité ? Probablement. J'avais, soit disant, été marquée à la naissance par une déesse sortie de nulle part ? L'histoire était tellement tirée par les cheveux que je ne pouvais que tomber dans cette pensée qui ne m'avait jamais quittée : il était complètement barge. Complètement. Littéralement. Totalement cinglé. Je me mordis la lèvre pour retenir le fou rire qui me serrait la gorge. Je devais partir d'ici. Je devais appeler ma mère et lui dire de venir me chercher. Au plus vite. Mais à peine tentai-je d'établir un plan, qu'on coupait le fil de mes pensées. 

Un croassement. Sonore. Proche. Je relevai lentement les yeux, une sueur froide courant le long de ma nuque. Mais la peur se dissipa. Un corbeau. Noir. Aux yeux perçant. Juste au-dessus de moi. Ses yeux étaient plantés dans les miens. Doux. Calme. Il était beau. Je n'avais jamais admiré ces oiseaux au cri perçant et effrayant mais je ressentais quelque chose de différent face à celui-ci. Il avait une part d'humain. Je crois. Comme pour me confirmer ma pensée, il s'envola gracieusement avant de se poser sur l'épaule d'Andrew qui souriait calmement. Il ne manquait plus que ça. Un animal domestique farfelu ? 

- Pas vraiment, rit Andrew en faisant croasser l'oiseau noir. Je te présente Gurkan, un ami.

- Si tu me dis qu'il se métamorphose en humain, je ne te promets pas de ne pas me mettre à courir, rétorquai-je quelque peu sur les nerfs.

- Il ne le fait pas, assura-t-il d'un haussement d'épaule désinvolte. Mais je suis sûr que si tu arrêtais de penser que je suis fou, tu pourrais essayer d'écouter ce que j'ai à dire.

- Je n'ai aucune raison de te faire confiance.

- Penses-tu vraiment que nous aurions pu te tatouer ainsi ? Tu n'as été inconsciente que quelques heures et apposer cinq tatouages en si peu de temps laisserait des traces. Ta peau n'est ni rouge, ni abîmée. Et je ne pense pas que tu ressentes la moindre douleur, n'est-ce pas ?

- Comment ça cinq ?

Le chiffre claqua contre mon palais avec une violence inouïe. Je pâlis vivement. Ma main, tremblante, se porta à ma joue. Non. Non. Non. Ils n'avaient pas fait ça. Ils ne pouvaient pas avoir fait une telle chose. Je cherchai mon téléphone à tâtons, de plus en plus tremblante. Je ne mis pas longtemps avant de le trouver enfoncé dans la poche de mon pantalon et j'enclenchai l'appareil photo, l'estomac nouée et proche du haut-le-cœur. Un léger spasme secoua mes épaules quand je fus face à l'inévitable. Un premier tatouage. En plein milieu de mon front. Il tombait jusqu'à la commissure de mon œil droit et en frôlait ainsi un second. Celui-ci passait sous mon œil et descendait le long de ma joue. D'accord. Je ne devais pas paniquer. Je ne devais pas hurler. Je ne devais pas le frapper. Quoique. Non. Il devait y avoir un moyen de l'enlever. Si ma mère voyait une telle cho... 

- Elle ne le verra pas, me coupa Andrew dans ma crise de panique. Seuls ceux ayant une affinité avec les Dieux peuvent le voir. Seul un marqué le pourra.

- Merveilleux ? Tentai-je, incrédule. Je dois être soulagée ?

- Keylinda, soupira-t-il cette fois, sa patience mise à rude épreuve.

Je serrai les dents. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas concevoir ce qu'il se passait. J'étais défigurée. Je n'avais pas voulu ces marques. Je n'avais jamais voulu ces marques. Mais par contre j'avais clairement envie d'exploser. De hurler. De crier. De taper des pieds et des mains comme une enfant de quatre ans dans l'espoir que cela changerait quelque chose. C'était stupide. Puéril. Enfantin. Mais je m'en fichai royalement. J'avais besoin d'exploser. Besoin de le faire. 

Water LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant