《Chapitre 06》

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« L'été arrivait à grand pas, je devais poursuivre mes études après mon BTS et faire une licence en alternance. J'avais l'école alhamdoulillah, il ne me manquait que l'employeur. Je ne m'en faisais pas tellement quant à cette recherche, étant dans une branche qui créée pas mal d'emplois. Après quelques entretiens, juste avant l'été, j'ai décroché une place.

Rien ne pouvait être plus parfait, tout allait bien dans ma vie. Je voyais ma famille de temps en temps, j'avais rencontré des soeurs grâce aux cours de religion que je prenais, alhamdoulillah.

Je ne me voyais pas passer l'été toute seule dans mon 35m2, alors quand Najat m'a proposé de passer l'été ensemble, je n'ai pas hésité et j'ai dis oui. Cela faisait quelques mois que Najat portait le hijab, mach'Allah. Elle me disait : « t'attends quoi toi ? Allez à ton tour ! » en rigolant, moi aussi je me demandais souvent ce que j'attendais. Le port du voile a toujours été pour moi clair, je le porterai, inch'Allah. « Mais pas maintenant », il y a les études, ma famille...

Avec Najat, nous sommes montées dans sa région d'origine, et j'y ai fais la rencontre de sa famille. Ils m'ont accueillis les bras ouverts, je m'en souviendrai toute ma vie. C'était la première fois que je ne me sentais pas mise à l'écart, de par mon « statut de convertie. » Car, même si depuis ma conversion, j'avais fais la connaissance de beaucoup de soeurs, elles étaient toutes marocaines ou algériennes d'origines, ce qui avait créé entre elles une sorte de lien, auquel j'étais extérieure. Alors sans y prêter vraiment attention, ces soeurs se mettaient à parler arabe entre elles ou parler de choses que je ne connaissais pas.

Chez Najat, toute la famille a fait l'effort de m'expliquer les choses en français/arabe, tout en me lançant un défi : cet été je devais apprendre et connaître l'alphabet et savoir compter jusqu'à vingt. Défi accepté ! Sa maman s'était même mis en tête de m'apprendre à cuisiner la harira, car « quand je serai mariée à un marocain, ça sera la première chose qu'il demandera. » Le mariage ! Ahhh... J'y pensais, mais comment rencontrer quelqu'un « dans le halal » et surtout, où ? Justement, Najat me parla de son cousin, qui cherchait à se marier. Ce jour-là il allait venir nous visiter ! Quel hasard... !

Je l'ai aperçu le temps qu'il me serre la main. « Alors comment tu le trouve ? » me demanda la soeur de Najat, j'ai rigolé. J'étais déjà la « belle-cousine. » Une fois le cousin parti, le papa de Najat est venu nous voir et a dit à Najat : « Il est d'accord » en me lançant un grand sourire. Quelque chose se tramait ! Ils souriaient tous, se jouant de mes questions. C'est alors que le papa de Najat me demanda de venir dans le jardin avec lui, et là, il m'expliqua les choses très clairement. Si j'étais d'accord, il allait organiser une sorte de rencontre avec son neveu, et il serait présent, en tant que tuteur.

J'avais déjà lu des choses sur la mouqabala, mais je ne l'avais jamais envisagé. Moi, me marier après une ou deux rencontres ? Impossible.

Pourtant, après une petite heure de réflexion, j'ai accepté. Le lendemain, le cousin est revenu et nous nous sommes alors parlés, peut-être 30min. Durant ces 30min, aucun blanc, je crois que je n'ai jamais autant parlé à un inconnu. Après cela, le papa de Najat m'a appris quoi dire lors de la prière de consultation, c'est à ce moment-là que j'ai réellement envisagé de me marier avec cet homme.

Après trois rencontres avec le cousin de Najat, le plan était mis en place. Nous voulions nous marier. Malheureusement, une fois les parents du cousin mis au courant, ils s'y sont opposés. Pourquoi ? Car je suis convertie, et que « chez eux, ils se marient avec des marocaines. »

Les parents de Najat ont tant bien que mal essayé de leur faire changer d'avis, mais rien n'y a fait. Ne voulant pas désobéir à ses parents, le cousin de Najat est venu me voir une dernière fois pour me dire en face qu'il ne pourrait pas tenir ses engagements envers moi, car il en avait de plus importants envers ses parents.

J'ai ensuite décidé de rentrer chez moi. J'étais déçue et triste, car mine de rien, après quelques heures de conversation avec le cousin de Najat, je m'étais autorisée à rêver. C'est une claque je me suis prise.

Je me suis alors réfugiée dans la lecture et l'apprentissage de l'Islam. J'avais relevé le défi de la famille de Najat, je connaissais l'alphabet et savait compter jusqu'à vingt. J'ai acheté des CD, livres, afin d'apprendre l'arabe, bien décidée à « m'intégrer dans ma Oumma. »

Durant cet été, j'ai fréquenté la mosquée assidûment. J'étais voilée tous les jours, je me fondais dans la foule les jours de marché. Personne ne me regardait de travers, j'avais même des sourires et des « salam aleykoum » de la part de soeurs (et même, de frères !)

Un jour, je devais me rendre chez une amie, non musulmane. Sans réfléchir, je me suis voilée avant de sortir. Une fois dans le métro, je me suis rendu compte que j'étais voilée. Soubhan'Allah ! C'était devenu un automatisme.

Voilà ce que j'attendais, qu'Allah fasse de ce bout de tissus une partie de moi.
Une partie de moi sans laquelle je ne pouvais plus sortir. »

Khadija - convertie à l'Islam. [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant