Khadija - convertie à l'Islam. [TERMINÉE]

《Chapitre 03》

« Depuis ma conversion, je rentrais de moins en moins souvent chez mes parents. Je déteste leur mentir, mais j'avais peur de leur dire la vérité... Surtout à mon père. Mon père est thaïlandais, et dans sa culture, les sentiments ont peu (ou pas) de place. On parle pas beaucoup, lui, comme moi, sommes très pudiques. Puis surtout, mon papa regarde tous les soirs les infos (haut-lieu des clichés sur les musulmans)...Et ça, c'est un problème.

J'appréhendais beaucoup moins la réaction de ma mère, française pure souche, catholique pratiquante, qui s'est mariée avec un thaïlandais bouddhiste. La famille de ma maman était contre leur union, mais elle est plutôt du genre têtue, donc au final, elle a su leur imposer ses choix.

Je décide de passer un week-end chez mes parents, après avoir reçu un coup de fil de ma mère me disant que ça faisait longtemps qu'elle ne m'avait pas vue... Je me suis sentie coupable. Sachant surtout la place des parents pour un(e) musulman(e).

Arrivée à la maison, rien n'avait changé. Ma maman à la cuisine, mon papa devant la télévision. Je suis allée rejoindre ma mère dans la cuisine, puis nous avons discuté en préparant le dîner. J'ai voulu lui dire. Mais finalement non. J'attendrai. Quoi ? Aucune idée.

Le soir venu, mon père est parti se coucher. Je me suis retrouvée seule avec ma mère devant la télévision. « Maman, j'ai un truc à te dire » je ne pouvais plus reculer. Alors je lui ai dis : « je me suis convertie à l'Islam » Ma mère m'a alors répondu : « c'est pour ça que tu manges plus de saucisson ? » Et on a rigolé. Je m'en suis voulue d'avoir attendu autant de temps pour lui dire (plus de 6 mois), au vu de sa réaction plutôt positive, mais remplie de clichés.

Ma mère m'a demandé si je m'étais convertie pour un homme, et si j'allais mettre la burqa. On a donc pris le temps de discuter longuement, sur ce que mes parents entendent, mais au final, ne connaissent pas du tout. Aujourd'hui ma maman fait parfaitement la distinction entre hijab/jilbab/burqa, et elle en est très fière ! Un jour alors qu'elle se promenait avec une amie à elle, elles ont vues un femme en jilbab. Son amie a dit à ma mère que l'habit de la femme était interdit par la loi (confondant le jilbab et la burqa), ma mère lui a expliqué la différence entre les deux habits, puis m'a appelée pour me raconter l'histoire.

Avant d'aller nous coucher, ma mère m'a dit : « mais ton père, ton père ne mange pas de mouton ! » (deuxième fou-rire de la soirée). Mon père, il fallait lui dire, à lui aussi... J'ai alors décidé de demander à ma mère de lui dire à ma place. Elle a accepté, me disant : « je lui dirais, mais pas ce week-end, je lui dirais quand tu sera repartie. »

Le lendemain, je suis repartie à ma vie d'étudiante dans mon petit appartement. Un peu plus tard, je reçois un coup de fil d'une de mes soeurs. Elle a seulement quatre ans de plus que moi, nous étions très proches, elle savait mon « penchant » pour l'Islam mais je ne lui avait rien dit quant à ma conversion. Ma mère avait révélé ma conversion à mes grands frères, et mes soeurs. C'était un coup de fil de « warning » en fait. S'en sont suivis des appels de mes frères, paniqués et horrifiés par une telle nouvelle. « Tu ne te rends pas compte dans quelle galère tu t'es mise » J'ai passé mon dimanche soir en pleurs.

Les semaines ont défilées, je n'avais aucune nouvelle de ma famille. Aucune. J'envoyais des textos à ma mère de temps en temps, mais ça s'arrêtait là. Et cette situation a duré 7 mois. Durant 7 mois, je n'ai vu personne. Ni mes parents, ni mes frères et soeurs. Je n'ai même pas entendu le son de leurs voix. De nature assez timide, je n'ai jamais osé partir à la mosquée seule depuis le jour de ma conversion. Pourtant mon coeur en aurait eu besoin.

Je me suis sentie seule au monde. D'autant plus, qu'il n'y avait aucun musulman dans ma classe, et que ma meilleure amie Salma s'éloignait également de moi. C'était donc ça, devenir musulmane ? Mes frères m'avaient prévenue : « tu vas te retrouver seule »

J'étais seule. »