J'ai hoché prudemment la tête. Je savais que ce mec était en train de flirter avec moi. Et je savais aussi que je n'avais pas envie. Pas après les lèvres de Harry.

- Ouais il joue bien, même si il veut pas l'avouer.

Le mec s'est mis à rire. Il avait l'air de ne pas trop savoir quoi me dire, et je voyais bien que continuer à parler de Harry n'était pas trop dans son programme. Mais celui ci venait de se remettre à jouer alors je me suis totalement désintéressé de lui pour regarder les mains d'Harry, qui glissait de plus en plus vide sur les cordes. Je connaissais la chanson. C'était une de mes préférées. J'avais le cd à la maison et Harry adorait l'écouter quand il venait chez moi. Il disait que c'était triste, mais que ça lui correspondait bien. J'avais jamais compris pourquoi. Et maintenant, avec ses yeux qui venaient de se plonger dans les miens, sa voix basse et grave, le petit tremblement de sa lèvre, je commençais à comprendre. Et ça faisait mal, autant que c'était bon.

Parce que c'était pour moi, et que je ne m'en étais jamais rendu compte avant.



Toi tu dis fuis moi je te suis

moi je dis suis moi je te fuis

si cet écrit s'arrête ici

oui nos amours, mélancolie

devant la porte des adieux

moi je soupire toi t'es sourire

en secret mon cœur amoureux

fais moi l'amour mais sans le dire

toi tu disais prends garde à toi

nos comédies virent au tragique

si l'amour est un opéra

c'est parce qu'il doit rester comique

pas de ces stupides béantes

pour se montrer comment qu'on s'aime

faut des sourires en déferlantes

y a trop d'amour dans les je t'aime

aux encres des amours

les navires se déchirent

on croit qu'on s'aimera toujours

avant de voir l'autre partir

avant de voir l'autre s'enfuir

dans les bras d'un autre navire

mon amour tu sais que j'ai beau fuir

mon amour je t'aime à mourir


Harry s'est arrêté brutalement de jouer. J'avais envie de pleurer. Ou de me jeter dans ses bras. Mais y avait le feu entre nous, et cette main qui traînait toujours sur mon genou. Je me suis levé et j'ai quitté le feu de camp. J'ai marché jusqu'au bord de la plage. Tout était sombre, et seules les étoiles créeaient des reflets d'ors dans l'eau. J'ai cherché la lune mais elle était caché derrière un nuage. Je me suis remis à marcher, longtemps. Parfois les vagues venaient lécher mes pieds et je me sentais bien, comme lavé. La voix d'Harry continuait de hanter mon esprit mais c'était bon, comme une musique de fond, un truc un peu nostalgique dans lequel on se sentirait bien. Un bruit familier que je ne voulais pas quitter. Je me suis laissé tombé sur le sable. Il était un peu mouillé. Je me suis allongé. Les yeux grands ouverts sur le ciel. Immense. Parfois je me demande si j'existe vraiment, si on existe vraiment. Et pourquoi ? Et comment ? Et jusqu'à quand ? Et parfois aussi je me demande dans quoi tient l'univers, ou si c'est un truc qui flotte comme ça. Mais ou ? J'avais un livre quand j'étais petit, avec des tas de répétitions. Ca faisait " Maya la souris est dans sa maison, la maison est dans le jardin, le jardin est dans le quartier, le quartier est dans la ville, la ville est dans le pays, le pays est dans le continent, le continent est sur la terre, la terre est dans l'univers ". Et ça se finissait comme ça. Et je me demandais toujours, et l'univers lui, il est dans quoi ? Il tient dans quoi ? Est ce qu'il est dans une boîte ? Encore aujourd'hui je n'en sais rien, et je pense que je ne le saurais jamais. Et ça me donne mal à la tête, de pas savoir, tout comme ça me donne à la tête de ne pas comprendre les regards de Harry. Ou pourquoi il était venu de s'asseoir près de moi sans que je ne l'ai entendu arriver.

Regarde Moi - Larry StylinsonМесто, где живут истории. Откройте их для себя