Chapitre 16 : Rameur & Râteau

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Je le regardai, stupéfaite. De quel droit osait-il me toucher ? Après mon refus ? Il prit mon silence pour une invitation, sa bouche descendit vers moi.

Je reculai ma tête, puis la ramenai de toutes mes forces. Son nez s'écrasa sous l'impact de mon front. Le rameur tituba en arrière, ses deux mains sur le visage. Je me retournai pour prendre position sur le pont. Il se mit à brailler. Je m'approchai pour finir le travail.

Un coup de pied droit pour le balayer. Il chuta sur le dos. Le bruit fut agréable.

Un coup de talon dans le ventre pour lui couper le souffle. Ses braillements laissèrent place à un gémissement.

Un dernier coup de pied entre les jambes pour que la leçon rentre. Ses mains quittèrent son nez pour son entrejambe. Je sortis mon couteau et me penchai pour le placer sous sa gorge.

« La prochaine fois que tu touches une femme qui t'a dit non, j'utiliserai ce couteau, et tu perdras un morceau. C'est quoi ton nom ? »

« On Ez ! »

« Tu me donnes ton nom ou je te plante. »

« ... Kyrillos. »

« Demain, lorsque je monterai à bord, Kyrillos, tu te lèveras de ton banc, et tu diras à tous les marins que je t'ai pété le nez parce que tu as osé me toucher après un refus. Puis tu t'excuseras. Compris ? »

Il ne répondit pas. Je remontai mon couteau et plaçai la pointe de ma lame devant ses narines. Son gémissement monta un peu plus dans les aigus. Il cligna des yeux, puis hocha très lentement la tête. Son nez avait l'air de pencher vers la gauche. Difficile à dire avec tout ce sang.

« Debout. »

Il obéit en grognant. Une fois levé, le sang se mit à couler de son nez en maculant sa tunique et le pont du navire. Je le poussai vers la poupe, le couteau contre ses reins. La capitaine Oreozili avait ouvert sa porte, sûrement à cause du bruit. Je levai ma jambe et appuyai mon pied dans le dos de Kyrillos. La capitaine n'eût que le temps de s'écarter avant qu'il ne s'écrase à ses pieds.

« Capitaine, vous devriez mieux dresser vos animaux ! »

Je quittai le navire sous l'œil médusé d'Oreozili. Alors que je m'éloignai sur le quai, elle sauta par-dessus les bancs de nage et courut pour me rattraper. Les mains sur les hanches, elle se mit à gronder à moins d'un pied de mon visage.

« Tu te crois où, Dias ?? Tu te défoules sur Kyril pour une demi-journée de retard ? T'es malade ? »

« Tu vas vraiment prendre la défense de ce sale type ? Ça ne te suffit pas de risquer nos vies pour t'enrichir ? »

Oreozili tentait de me regarder de haut, mais j'étais aussi grande qu'elle. Ses narines palpitaient furieusement. Si elle levait la main sur moi, j'étais plus que prête à lui montrer de quoi j'étais capable.

« Dias, tu mériterais une fessée. Comme je tiens mes engagements, j'embarquerai tes frères et tes sœurs demain. Toi, si tu veux monter, tu feras des excuses à Kyrillos. Tu as la nuit pour réfléchir à ce que tu veux vraiment. »

Je me retins difficilement de hurler de colère. Je me retins encore plus difficilement de la balancer à la flotte. Il y avait déjà des marins sur les quais qui regardaient dans notre direction. Elle remonta à bord. J'entendis Kyrillos sangloter lorsqu'elle l'aida à se relever. Bien fait.

Quelques lanternes éclairaient le quai de pierre. J'attendis Clepios sous l'une d'elles. Je respirai lentement pour me calmer. Pas très efficace.

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