Stan partit à l'aube. Thaïs l'entendit dans le couloir, le bruit feutré de ses pas sur le marbre. Elle n'entendit aucune conversation, seulement le «CLAC » sec de la porte blindée se refermant sur lui et son monde.
L'absence de Stan, au lieu d'être un soulagement, créait un vide terrifiant. Il avait emporté avec lui l'énergie qui structurait sa prison.
Les remplaçants étaient là Alex patrouillait discrètement. Marco était posté près de l'entrée du bureau de Stan, lisant un magazine technique. Ils étaient les ombres de leur maître, mais ils ne possédaient pas son intelligence manipulatrice , ils étaient la force brute.
Thaïs savait qu'elle devait exploiter la hiérarchie pour trouver une faille, comme Stan l'avait suggéré. Elle s'approcha de Marco.
- Vous lisez quoi ? demanda-t-elle, essayant d'avoir l'air désintéressée.
Marco leva les yeux, surpris par son intrusion. Son regard était lourd, habitué à la déférence, pas à la conversation.
- Rien qui vous concerne.
-Je suis censée me distraire. Je lis «Le Prince».
Je cherche des conseils pour sortir d'ici.
Marco la regarda comme on regarde un insecte.
- Vous ne sortirez pas. Le patron n'abandonne jamais ce qui est à lui. Et si vous essayez, nous ne sommes pas aussi patients que lui.
Le message était clair : la force brute succédait à la manipulation.
Elle se tourna vers Alex, qui était près des baies vitrées.
- Que fait Stan dehors ? Il règle le problème Vukovitch ?
Alex, plus jeune et moins expérimenté que Marco, hésita un instant, trahi par la surprise.
- Il règle les affaires. C'est tout.
Thaïs comprit qu'elle ne tirerait aucune information directe d'eux. Ils étaient loyaux et obéissants. La seule façon de trouver une faille était de provoquer le chaos.
Elle retourna dans la cuisine, et sous le regard vigilant du cuisinier, elle renversa délibérément un plat de sauce écarlate sur le sol immaculé.
- Je suis désolée ! s'exclama-t-elle. Je suis tellement maladroite.
Le cuisinier, paniqué par la saleté et la transgression des règles de propreté de Stan, s'empressa de nettoyer. Mais le désordre attira l'attention d'Alex et Marco, qui se déplaçaient pour superviser la situation. Pendant ce bref instant, le bureau était sans surveillance directe.
Thaïs n'eut pas le temps de tenter quoi que ce soit.
Un bruit strident déchira le silence du penthouse : la sonnette extérieure.
Marco, furieux de l'interruption, se dirigea vers l'interphone.
- Qui est-ce ? Nous ne recevons personne.
Une voix féminine, haute, claire et impatiente, remplit le salon.
- C'est Sonia et je n'ai pas le temps pour tes jeux, Marco. Dis à Stan d'ouvrir, je sais qu'il est là. Sa voiture est garée en bas.
Thaïs figea. Le ton de Sonia était celui de quelqu'un qui avait le droit d'être là, qui n'avait peur de rien.
Marco regarda Alex, visiblement pris au dépourvu.
- Elle est venue. Le patron a dit...
- Il a dit à elle de ne pas venir répondit Alex, plus ferme. Pas à nous.
Marco finit par céder. Le clac de la porte blindée résonna dans l'appartement, suivi d'un cliquetis de talons hauts.
Sonia entra. Elle était telle que Thaïs l'avait imaginée : une belle blonde aux yeux bleus , aux formes parfaites, habillée d'une robe de créateur audacieuse. Elle était l'opposé de Thaïs, une œuvre d'art social, pas une toile sombre.
Sonia balaya la pièce du regard, l'air hautain, à la recherche de Stan. Elle ne le trouva pas, et sa frustration monta.
Puis, son regard tomba sur Thaïs, debout près du comptoir de la cuisine, les mains encore sales de sauce.
Le regard de Sonia devint instantanément tranchant.
- Et qui est ça ? demanda-t-elle à Marco, pointant Thaïs du doigt comme on désigne un meuble déplacé. C'est la nouvelle femme de ménage ? Elle a l'air de faire un sacré gâchis.
Marco et Alex restèrent muets.
Thaïs, surprise par l'affront, mais comprenant l'opportunité d'une faille, se redressa.
-Je ne suis pas la femme de ménage, répondit-elle, son propre sang-froid la surprenant.
Sonia éclata de rire, un son sec et méprisant.
-Bien sûr que non. Tu n'as pas le bon style pour ça. Dis-moi, chérie, tu es une nouvelle distraction pour les week-ends ? Stan a de plus en plus de mauvais goût quand je ne suis pas là.
Elle s'approcha, son parfum coûteux assaillant les sens de Thaïs. Elle ne voyait pas Thaïs comme une rivale, mais comme une insulte.
-Qu'est-ce que tu fais ici, dans mon appartement ? demanda Sonia, la voix baissée, menaçante.
Thaïs réalisa la valeur de l'information : Sonia croyait que c'était son territoire.
-Je suis la nouvelle propriétaire, répondit Thaïs, choisissant l'audace comme dernière ligne de défense. Stan a dit que vous aviez besoin de vos affaires. Il les a mises dans des boîtes à l'entrée.
Sonia devint livide. Son visage, habituellement parfait, se tordit de rage. Elle regarda Alex, puis Marco. Les deux hommes baissèrent les yeux. Ils ne voulaient pas se mouiller.
Le rebondissement était parfait. Stan n'avait pas seulement chassé son ex, il l'avait remplacée, et Sonia était venue réclamer son territoire au pire moment.
Sonia tourna les talons, sa dignité brisée par l'affront.
-Dites à Stan que si elle pense avoir gagné, elle a tort. Et dites-lui que Vukovitch ne l'a pas oublié.
Elle quitta l'appartement dans une fureur glaciale. Le silence retomba, plus lourd qu'avant. Thaïs venait de comprendre que le monde de Stan était encore plus compliqué qu'elle ne l'imaginait. Elle avait aussi obtenu une information cruciale : Vukovitch. Un nom de rival, un danger extérieur.
Marco et Alex se regardèrent.
- C'est ça le chaos, soupira Marco.
Thaïs, profitant de leur consternation, sourit. L'évasion était une question d'attendre la bonne interruption.
DU LIEST GERADE
L'unique exception
RomantikUn simple regard. C'est tout ce qu'il a fallu à Stan, trafiquant d'armes sans scrupules, pour que Thaïs devienne son obsession. Dans la pénombre du bar, elle jongle entre ses études et son travail de serveuse. Elle , l'étudiante discrète et détermin...
