Chapitre 51: Entre deux seins

Depuis le début
                                    

Je pourrais m'enfuir, cependant si je le fais je perds toutes mes chances de retrouver la personne qui occupe fraichement la place d'un frère.

Je continue donc la traversé vers la maison secondaire principale de Mazzarini accompagnée des deux numéros.

Pendant une demi-heure des chemins de terre se dessinent, des champs se distinguent et des forêts se dressent. Pourtant c'est le profil d'un immense château qui cherche notre attention. Lorsque nous l'atteignons à plusieurs centaines de pieds près, nous nous arrêtons.

Grangé me demande alors mon épée.

Je refuse et il prétexte qu'il vaudrait mieux qu'elle soit en sécurité avec lui qu'avec les hommes du Cardinal.

- « Je la garderais aussi longtemps que je le pourrais. Et de toute façon cela semblerait suspect d'arriver sans arme ne croyez-vous point ? »

Il reste perplexe puis se résigne face à mon entêtement certain.

- « Nous resterons caché ici un petit moment puis vous rejoindrons. »

J'acquiesce du chef et pars au trot droit vers la porte Ouest du château priant pour que tout se déroule comme je l'entends.

Une fois parvenue sur le dédale de pierres grises, deux hommes m'aperçoivent pour la première fois et s'avancent en pointant leurs épées dans ma direction.

- « Halte-là ! » prononce l'un deux.

- « Qui êtes-vous ? Vous n'avez point le droit d'être ici ! » surenchère l'autre.

- « Je me nomme Raphaëlle Oiseau et j'ai pour certitude que votre employeur serait plus qu'intéressé de me recevoir.

- « Vous riez de nous ? Pourquoi être habillée en homme ? C'est contre la loi ! » demande le premier.

- « Ais-je l'air de plaisanter ? Le reste ne vous concerne point. » je réponds le visage dure et froid.

- « Descendez du cheval Ma Dame et sans geste brusque. » déclare le second.

J'exécute sa demande sans discuter puis donne une tape sur les hanches du cheval, le faisant s'en aller.

- « Mais pourquoi avoir fait cela ?

- Il est mieux seul qu'en mauvaise compagnie ne croyez-vous point ? »

Le soldat reste interdit devant ma réponse alors que le second saisit rapidement mon épée de son fourreau la gardant de sa main gauche.

- « Appelez l'abbé Benedetti, il saura quoi faire. » ordonne ce dernier à son partenaire.

Le soldat part laissant son compagnon gérer la situation.

Il s'approche de moi, s'assure que je n'ai point d'armes dans mes poches et me fait franchir la muraille de pierre entourant le château.

Peu de temps après, l'autre soldat revient accompagné d'un homme brun d'une quarantaine d'années.

- « Vous dites être Raphaëlle Oiseau ? » il demande sans aucune trace d'accent ni de présentation si ce n'est que je suppose comme étant l'abbé Elpidio Benedetti dont j'ai entendu parler par le passé.

- « C'est exacte.

- Alors suivez-moi mais avant débarrassez-vous de toutes vos armes.

- Nous l'avons déjà fouillé Monsieur.

- Ne soyez point sot, une femme aussi dangereuse cache toujours des armes là où vous ne le croyez point. »

Son physique bien qu'ingrat cache une vive intelligence.

L'un des soldats s'apprête à me fouiller entièrement lorsqu'il rajoute :

- « Elle peut le faire toute seule, laissez-la donc faire. »

Je soulève ma chemise blanche et saisie les deux couteaux accrochés sous ma ceinture. J'enlève la dague de ma botte droite, ainsi que celle de la gauche. Puis décroche les épingles aiguisées de mes cheveux.

Benedetti me lance un regard soupçonneux tandis que les deux autres restent stupéfaits, leur visage s'étant décomposé au fur et à mesure que j'enlevais mes armes.

- « Ne me prenez-point pour un idiot. »

Je souffle et décroche la lame accrochée au linge entre mes deux seins. J'aurai souhaité la garder, juste au cas où.

Je me sens à nue sans mes armes, depuis ma fuite de Valvicières je ne m'en sépare plus.

Il me fait signe de le suivre, ce que j'entreprends alors.

Les deux autres commencent à marcher sur nos pas lorsque l'abbé se retourne brusquement et grogne :

- « Point vous deux voyons ! Vous devez rester à votre poste bon sang de bonsoir !

- « Mais si elle vous attaque nous...

- Elle n'est point venue se rendre pour changer d'avis une fois à l'intérieure. Réfléchissez un peu ! Je vais la conduire aux près du Cardinal et de Sieur Arthur, je ne risque rien.

- Cela sera fait selon vos souhaits. » l'un d'eux répond tandis que l'autre baisse la tête puis ils se repositionnent à leur poste, de nouveau sur leurs gardes.

- « Comptez-vous vraiment m'emmener à mon frère ?

- Je n'ai point pour habitude de mentir Ma Dame la comtesse. »

C'est la première fois que l'on m'appelle ainsi car je ne possède officiellement point se titre avant d'être mariée. Père souhaitait me léguer les terres d'Oiseau et à Louis-Charles son titre de Duc de Luynes.

Mais comment cet homme qui m'était pourtant quelques minutes plus tôt inconnu, peut-il en être en connaissance ?

Nous nous arrêtons devant une grande porte en bois de chêne rouge où Benedetti me fait signe d'entrer en rajoutant :

- « Le Cardinal Giulio Mazzarino vous attend. »

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média: une idée des gardes du Cardinal, complètement... disons de façon diplomatiques qu'ils sont idiots mais qui sont en réalité des gardes suisses

Hi everybody! What's up?

Que pensez-vous de ce nouveau chapitre? Impatients de la suite? 

Moi j'ai ri en imaginant la tête des gardes se décomposer peu à peu lorsque notre chère Raphaëlle enlevait ses armes. Ou encore en dressant le portrait du duo inhabituel.

Voilà, n'hésitez pas à commenter, voter et partager.

Je vous nem,

Ciao, Gaïa

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant