Chapitre 33: Entraînement interrompu

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J'accumule les enchaînements, les étirements, les échauffements, les exercices de musculation depuis mon entrée dans la salle d'entraînement. Mes muscles me font souffrir mais les étirer et les utiliser sans n'en négliger aucun me procure une sensation de bien-être qu'avant le complot je ne connaissais pas. Je dois avouer qu'avant ma fuite je ne le connaissais que partiellement. Pouvoir sentir tous les muscles de son corps, pouvoir utiliser les bons muscles spécifiques aux mouvements me donne l'impression de ne pas être un simple hôte dans mon enveloppe corporelle mais d'en être le maître. Certes je ne pourrai mettre fin à la maladie si j'en étais frappée mais, tout du moins, j'ai pleine maîtrise sur mes gestes.

Je me rends bien compte que mon corps n'est plus le même, mais je sais aussi qu'au plus profond de moi je ne suis également plus comme avant.

Je décide de faire une pause, mon ventre cri famine et ma bouche sèche inspire à être hydratée. Comme quoi je ne contrôle point tout. Je m'avance vers le coin de l'immense salle pour attraper un verre d'eau et une carafe posés sur une table de bois. Je m'aperçois qu'un plateau en argent contenant divers mets, tels qu'un pain, un petit pot de verre avec de la confiture, et des fruits, y figure non loin.

Quelqu'un a dû entrer pendant que je travaillais sans que je ne m'en rende compte.

Après avoir goulument bu la carafe d'eau dans sa totalité, je soupire d'aise puis saisie le pain et y étale grossièrement la confiture qui semblerait être à la fraise. Un plaisir plutôt rare en cette saison.

Tandis que je finis d'engouffrer le pain paraissant gigantesque comparé à ma si petite bouche, je perçois le bruit d'une porte qui s'ouvre. Je me tourne vers celle-ci tout en continuant de mâcher mon encas.

C'est le jeune homme de plus tôt qui m'avait apporté les habits pour m'entraîner qui se tient sur le pas de la porte. Il ne semble point outré par mon apparence peu respectable, il doit sans doute être habitué à voir des femmes dévêtues en ce lieu. Sans bouger d'un pouce il prononce :

- « Ma Dame vous fait savoir que votre présence est requise au salon principal. »

Après avoir avalé ma bouchée, je le remercie. Il hoche la tête imperceptiblement et repart d'où il est venu.

Je saisis la pomme toujours sur le plateau d'argent, croque dedans tout en suivant le chemin parcouru à l'aller.

Peu soucieuse de ma tenue j'entre sans présomption dans le grand salon. Gladys y est assise sur un des fauteuils aux couleurs pourpres et dorées. Plongée dans les documents qu'elle tient dans ses mains elle ne remarque tout d'abord point ma présence. Le son de mes dents contre la peau de ma pomme l'a sans doute sortie de ses songes puisque soudain elle lève son regard vers moi.

Son visage encadré de mèches rousses s'éclaire d'un sourire mais je peux toujours percevoir la lueur de tristesse présente dans ses yeux.

Elle pose les papiers sur le siège puis se lève pour aller à ma rencontre.

- « Je t'ai fait changer les draps pour que tu puisses te coucher et tu devrais avoir de quoi te laver. »

Je tourne mon regard vers la petite fenêtre et m'aperçois que le soleil s'est couché. J'ai donc passé la journée à m'entraîner, ceci explique sans grande peine mon appétit.

- « Veux-tu que je te fasse apporter à manger, cette pomme ne te sera point suffisante.

- Non, je t'en remercie mais je suis épuisée, je vais aller me plonger dans le sommeil au plus vite.

- Bien, je te souhaite une bonne nuit alors.

- Merci Gladys, bonne nuit. »

Elle m'offre un sourire et retourne s'asseoir. Je finis ma pomme et me dirige vers la chambre dans laquelle j'ai déjà dormit vingt-quatre heures.

RaphaëlleWhere stories live. Discover now