Chapitre 32: Les marques du fils

20.5K 1.3K 73
                                    

« Je pense ma jolie Raphaëlle que tu me dois quelques explications. »

Je la regarde dans le blanc des yeux, elle ne fléchit pas.

- « Je t'ai déjà dit que cela était trop dangereux.

- Ecoutes bien parce que je ne le répèterai pas deux fois. Tu n'es encore qu'une enfant, même si vu l'état des draps je suis forcée de constater que ce n'est pas pour longtemps. Cependant tu es encore jeune et rien ne t'oblige à porter le poids du monde sur tes épaules.

- Je...

- Laisse-moi finir veux-tu. » elle reprend me faisant alors penser à Mère. « Tu as besoin d'aide tu ne peux le nier. Ton visage en dit long sur ce que tu as pu endurer, mais crois-moi, tout seul on ne peut arriver au même résultat qu'avec une équipe. Alors raconte-moi.

- Je ne suis plus une enfant, j'ai... quelle date sommes-nous ? » je m'interromps moi-même, surprise de ne pas savoir mon propre âge.

-  « Nous sommes le vingt-quatre septembre. Pourquoi ?

-  Parce que j'ai maintenant seize ans. » je prononce d'une petite voix.

J'ai échoué, je ne suis qu'une piètre amie. Quelqu'un que... oui que j'aime même si c'est une grande faiblesse, est coincé depuis mai avec un ennemi qui a tué sa ou son conjoint. Cela fait quatre mois que j'arpente la France à la recherche d'informations utiles pour la délivrer. Et pourtant je suis lamentable, j'échoue. J'aurai dû partir à sa recherche dès le début, sans interroger d'espion mais en me rendant directement chez le Cardinal.

- « Cesse de te torturer l'esprit Raphaëlle et dis-moi ce qui se passe. »

Je l'observe, à la recherche d'une quelconque réponse dans son regard, d'un quelconque fléchissement de sa part. Mais non. Alors je vois que je n'ai point de choix.

J'inspire profondément et commence mon récit. En passant par l'association entre Alessandro, Césaire et Léonce, puis la mort de Césaire, l'enlèvement de Palmyr et Léonce, la découverte de la liaison passée entre Mère et le Cardinal, l'affrontement, la capture d'Alessandro, le replis dans les montagne et enfin l'enlèvement nouveau de Palmyr et Léonce puis la mort de l'un des deux.

- « Et la suite qui t'a amené à revenir seule sur la capitale ?

- Lorsque nous avons eu vent de la capture de mes deux amis nous avons décidé d'élaborer un plan. Au début Mère ne voulait rien faire, elle disait que cela était sûrement un mensonge, une tentative pour nous faire prendre dans un piège grossier. Alors nous avons attendu avec impatience la venue de Léonce qui devait être imminente, mais les jours passaient et toujours rien. Il n'y avait pas d'autre espion dans les environs alors aucun moyen de connaître la vérité. Donc nous avons lancé des excursions dans les montagnes voisines, dans les villages voisins. Et après d'autres journées d'attentes nous avons eu un retour positif d'une de nos équipes. Un duo d'ennemis était posté dans les montagnes à deux jours de marches d'où nous étions. Après de nombreux débats, Césaire, Arthur, Simon, Florent et moi-même sommes partis pour recueillir de nouvelles informations. Deux longs jours plus tard, nous sommes arrivés sur les lieux. Le petit village avait été décimé, ce n'était pas à deux ennemis que nous avions à faire, mais toute une légion. Pour faire taire leur passage ils avaient assassiné toute personne point apte à coopérer. C'était le signe, ils avaient eu Palmyr et Léonce et l'un d'eux avait parlé. Retournés à Valvicières sous la contrainte du nombre, ce fut le drame. Mère paniquée à l'idée d'être retrouvé prônait la fuite dans un autre pays, Césaire voulait partir chercher Léonce ou Palmyr mais à une condition. Que je ne vienne pas. Quant aux autres ils se contentaient bonnement de suivre les ordres. Puis Arthur leur proposa un arrangement, nous diviser en deux groupes. L'un composé de Césaire, lui-même et une partie de son équipe partirait chez le Cardinal délivrer notre allié. L'autre avec Mère, Florent, Simon, moi et d'autre encore, irions se réfugier sur une île dans le sud de la France, l'Ile de Porquerolles. Ce plan arrangait tout le monde, Césaire me savait en sécurité, tout comme Mère, et il pouvait aller chercher son ami. Enfin tout le monde sauf moi, alors je suis partie. En pleine nuit j'ai fait mon sac et je me suis enfuie pour partir aider Palmyr ou Léonce. »

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant