Chapitre 42: Grand rafraichissement

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- « Et à ce moment précis il s'est penché en avant, a esquivé l'épée de l'anglais, l'a tué d'un coup dans la poitrine puis s'est retourné pour assommer du revers de sa lame l'anglais derrière lui. Il était fier d'avoir mis à bout six anglais à lui seul en l'espace de quelques minutes. Sauf qu'au moment même, de l'autre côté du champ de bataille le Capitaine lui faisait des signes comme quoi l'anglais qu'il venait de plonger dans le sommeil était en fait un espion à notre solde. »

Je ris aux histoires que Florent nous raconte depuis le début du repas. A présent nous avons finis nos bouchées de pains et de fromages et bavardons au tour du feu, brouillement installé.

- « Et comment a réagi Simon lorsqu'il a compris qu'il avait assommé un allié ?

- Il a dit qu'il n'avait qu'à ne pas se retrouver derrière-lui et qu'à présent ses camarades ne douteraient pas de son allégeance pour la couronne anglaise. »

Césaire et moi rions à l'histoire décrite par Florent. Il a l'art de conter comme dirait Mère.

- « Allé, encore une je t'en prie. » je demande tel un enfant en manque d'histoire avant d'aller se coucher.

- « Une dernière alors sinon l'on risquerait de manquer l'aube et nous devons partir le plus tôt possible.

- Entendu. » je réponds mi- satisfaite, mi- déçue.

- « Un matin alors qu'en petits groupes de quatre nous étions partis en reconnaissance pour estimer le terrain que les protestants anglais occupaient, nous sommes arrivés sur un élevage de vaches. Les propriétaires de ces vaches ne semblaient pas dans les parages alors nous en avons profité pour passer à travers le terrain au lieu de perdre du temps à le contourner. Lorsque nous sommes parvenus au milieu du parcours nous sommes tombés nez-à-nez avec un taureau ! En nous retournant nous avons compris que les vaches nous suivaient toutes. Enfin, plus précisément, elles suivaient Simon. Puisqu'elles n'étaient que de son côté et le fixaient sans interruptions.

- Alors qu'avez-vous fait ? » demande Césaire, visiblement intéressé.

Florent, fier que nous soyons pendus à ses lèvres, continue son récit :

- « Nous avons envoyé Simon sur le côté, les vaches l'ont suivi mais le taureau a continué de nous dévisager. Alors n'ayant trop d'alternatives, nous avons couru. Et vite, je n'ai jamais couru à une telle vitesse de toute ma vie ! J'étais partagé entre la peur de me faire empaler et l'image tordante de Simon suivit par les vaches. »

Je ris à l'image d'un Florent apeuré, coursé par un taureau.

Ce dernier reprend :

- « Lorsque les deux hommes et moi sommes parvenus à franchir la clôture et étions en zone sûre nous avons cherché Simon du regard. Il était simplement entrain de caresser le museau des vaches brunes et blanches. Celles qui ne bénéficiaient d'attention en réclamaient. Il créait des jalouses et des insatisfaites, en se faisant suivre par toutes les femelles il rendait également jaloux le taureau. Celui-ci s'est énervé, a commencé à gratter le sol. Vous auriez dû voir cela, mes deux compagnons et moi criions le nom de Simon pour attirer son attention afin qu'il remarque que le taureau s'engageait à charger. Quand le taureau a finalement capté son regard il a accouru vers la clôture pour s'échapper. Les vaches ayant senti que le taureau s'apprêtait à charger vers leur nouvel amour ont fait rempart de leur corps. Elles se sont alignées devant Simon qui escaladait la clôture ! Finalement il a fini par sortir des remparts, le taureau a renoncé, nous n'avons plus jamais traversé un enclot et Simon a gardé le nom de l' « amoureux des vaches ». »

Césaire, Florent et moi rions en cœur à la chute de l'histoire. Ça alors, j'ai du mal à me figurer Simon dans cette situation, j'aurai d'ailleurs inversé son rôle avec celui de Florent.

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant