Chapitre 7: Ma Dame la Comtesse

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- « Palmyr, je suis sincèrement désolée.

- Ce n'est pas de ta faute. C'était mon choix d'accepter de t'accompagner, tu ne m'as aucunement forcé la main alors cesse de culpabiliser je te prie.

- Mais...

- Ecoute Raphaëlle, tu as l'habitude de tout prendre sur tes épaules que ce soit la mort de ton père, le mariage de ton frère, l'animosité de ta mère et j'en passe. Je ne peux rien faire pour ceux-ci, mais il est hors de question que je te laisse t'en vouloir pour quelque chose que tu n'as point causé. Si j'avais voulu empêcher cette situation je ne serais venue au bal ou n'aurais parlé à DeRavin. Alors il suffit. Sommes-nous d'accord ? »

Voyant que je ne remporterais pas le débat je décide de céder. Et puis j'ai réfléchi toute la journée, et je n'ai trouvée qu'une solution. Implorer Césaire de me venir en aide. Cela ne se fait pas mais je n'ai d'autres choix. Lorsque nous arriverons je prierais Palmyr de rester dans la voiture le temps de parler à Césaire. Je n'ai pas pu lui faire envoyer un mot durant la journée car Mère étant absente m'avait laissé sous la surveillance de toute la maisonnée.

- « Oui nous le sommes. Je ne sais ce que j'ai fait pour mériter une si bonne amie.

- Je me pose également la question. » elle me répond nous faisant rire toutes les deux.

Rire nous permet de relâcher la pression. D'ici quelques heures nous seront chez les De Vendôme dans une situation compliquée et éprouvante, nous voulons profiter du temps que nous possédons avant de revenir à la réalité. Nous aurions pu continuer pendant longtemps si Mère n'était pas entrée dans la salle à ce moment précis.

Lorsque Mère entre je m'attends à la voir renfrognée à cause de la situation dans laquelle nous l'avons mise, mais au contraire, ses yeux d'habitude froids et distants sont emprunts de douceur et de compassion. Quand Palmyr s'aperçoit de la présence de Mère elle se redresse et cesse de rire, se comportant comme une quelconque employée.

Mère se rend compte de ce changement d'attitude et s'adresse à elle d'une voix douce :

- « Palmyr, je suppose que ma fille vous a informé de la situation présente. » Mère vouvoie tout le monde sauf mon frère Louis-Charles et moi.

- « Oui, Ma Dame la Duchesse. » Les majuscules se sentent dans sa voix.

- « Bien. Vous savez  donc que ce soir nous serons invitées chez des personnes de haut rang. Et quand je dis « nous » je vous inclue.

- Oui, Ma Dame la Duchesse.

- Alors nous devons vous préparer. » Quoi ? De quoi Mère parle-t-elle ? Si c'est pour rabaisser Palmyr ce n'est que cruel et si indigne de Mère.

- « Pardon ? » Palmyr si surprise par la phrase prononcée par Mère en oubli les usages.

- « César de Vendôme, le père de Césaire de Vendôme connait très bien votre position, Palmyr. Il n'est pas idiot et a ses sources. Il veut nous mettre dans une position inconfortable lors de ce dîner pour nous demander une dote plus importante. » Mère se tourne vers moi. « La tienne, ma fille, est une des plus élevée de France mais le duc ayant des problèmes de jeux a maintenant des dettes dont il veut se débarrasser. Nous allons lui montrer que nous ne sommes pas sottes. Etant proche de notre Reine, qui je sais apprécie peu son beau-frère, celle-ci en possédant le statut de Princesse de Bourgogne a pu se permettre de vous attribuer une terre. Palmyr, vous détenez à présent les terres de Troyes et portez le titre de comtesse de Troyes. »

Après ces lourdes paroles qui indéniablement nous rendent plus légères, Palmyr et moi ne pouvons qu'être abasourdies. La Reine aurait fait cela ? Serais-je en train de rêver ? Je me tourne vers mon amie pour voir sa réaction. Elle semble aussi subjuguée que moi, ses yeux sont grands ouverts et ne clignent plus depuis un certain temps. J'aperçois une larme couler lentement de son œil gauche pour atteindre son menton. Mère l'apercevant également réagit :

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant