Chapitre 6

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Cela fait seulement quelques jours que la mission a commencé et pourtant j'ai déjà l'impression d'être là depuis un bon mois.

En quelques heures, j'ai joué la femme enceinte, je me suis battue avec un éclaireur du Çao, j'ai assisté à une soirée de retrouvailles universitaire en me faisant passer pour une ancienne élève, j'ai pris en otage un hacker du plus grand réseau de trafic d'organes du pays, je me suis battue avec un criminel, j'ai changé de planque, mon collègue-ex est mort et j'ai convaincu un suspect de collaborer avec les services secrets.

Wow. Si après ça, on ne m'accorde pas une bonne semaine entière de répit coupée de tout, je pense que je ne vais pas tenir le coup. C'est de loin une des affaires qui me demande le plus de vigilance, de force mentale et de résilience. Physiquement, je suis plutôt tranquille, Alex ne nécessite pas que je me batte tous les jours. Dommage pour moi mais heureusement pour lui.

Après avoir donné son accord hier, nous avons filmé son interview à nouveau, cette fois avec des réponses beaucoup plus complètes, même s'il restait sur la réserve sur certains éléments.

Du coup, sa mission de ce matin était de s'insérer à nouveau dans le réseau informatique du Çao et Tomi a pu y accéder avec brio cette fois. Nous sommes donc connectés à leur réseau par une petite brèche et l'affaire avance assez bien.

Tandis que le MI5 est en train de collecter les infos nécessaires à la descente dans le siège principal, j'en profite pour préparer Alex à la fin de mission. Alors qu'il se rince le visage pour se rafraichir après avoir passé des heures derrière les écrans de la planque, je l'interpelle.

« — Mets la tenue de sport qui se trouve dans la malle verte. Je vais te montrer quelques trucs pour te défendre.

— T'es prof de self-défense maintenant ?

— Non, mais si tu veux te protéger autrement qu'en tapant partout si le Çao t'attaque pendant la descente faut que tu te saches quoi faire.

— Comment ça pendant la descente ? Je suis hacker pas agent secret moi !

— Tu seras dans le camion avec Tomi, mais on sait jamais. Arrête de discuter et change toi. »

Il grogne de frustration. Depuis le début de sa prise d'otage, il est habillé avec un t-shirt et un pantalon amples bleus pâles. Tenue très basique, sans poche et sans couture. Il ressemble à un prisonnier mais avec un peu plus de style.

Alors que je retire mon gilet à capuche pour me retrouver uniquement en t-shirt à manche longues et en jogging, Alex se déshabille en se tenant de dos. Le peu d'intimité que je lui accorde ne semble plus être sa préoccupation alors il ne se précipite pas pour se changer.

Habituellement, je me retourne mais cette fois, mes yeux ne parviennent pas à se détacher de son corps.

Son dos se contracte au rythme de ses mouvements. Il n'a pas la carrure d'un sportif de haut niveau, mais simplement d'un sportif habitué des salles de sport.

Quelques exercices de cardio, de fitness et quelques soulevés de fontes sans trop forcer, juste histoire de se maintenir en forme.

Des corps musclés, j'en vois des dizaines défiler devant moi pendant les entrainements. Celui d'Alex n'est pas le plus baraqué que j'ai vu, pourtant il a cette humanité et cette simplicité que je n'ai pas connu depuis longtemps.

Un corps simple, juste assez musclé pour me faire réaliser que je suis encore en train de reluquer mon otage pendant qu'il se change. Il va vraiment falloir que j'arrête, j'ai un soucis, c'est pas possible autrement.

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