Aucun son ne sort de ma bouche. Mon cerveau ne parvient pas à accepter l'information, pourtant mon coeur lui semble avoir bien reçu l'information car je sens que la barre de céréales faire chemin inverse dans mon corps.

J'ai à peine le temps de me lever que j'expulse mon petit repas, mais aussi toute ma peine et ma douleur. J'entends Tomi soupirer de tristesse.

« Mince, mince, mince. Je suis vraiment désolée Eryn. »

Des mains viennent tenir mes cheveux alors que je me vide de tout ce que contient mon corps. Après de longues minutes de souffrances, Alex me tend une serviette avec laquelle j'essuie ma bouche.

Son regard se pose sur l'écran de mon ordinateur et il voit brièvement les images du corps de Nick. Il détourne le regard et pose un regard interrogateur sur moi.

« — Je te rappelle plus tard Tomi.
— Pas de souci, si t'as besoin d'en parler je suis là. Encore désolée Eryn.
»

Je la remercie et raccroche. Par un signe de tête, je remercie aussi Alex. Ce dernier semble attendre des explications de ma part mais je ne veux pas lui en donner. A chaque moment de faiblesse, je m'éloigne de mon but initial qui est de lui soutirer le max d'informations, démanteler le Curaçao et passer à une autre affaire.

Pourtant, l'information que je viens de recevoir semble trop forte pour mon système interne et ma bouche s'ouvre toute seule.

« Nick était un des meilleurs agents du SSB. »

Il hoche la tête avec un regard compatissant.

« Et mon ex par la même occasion. »

Je termine ma phrase et Alex me regarde avec les yeux écarquillés. Il semble désolé et une lueur de pitié apparait dans ses yeux.

« Être avec quelqu'un qui comprend mon métier et qui sait ce que je vis au quotidien, ça faisait toute la différence. C'était aussi agréable que dangereux. On s'est séparés justement pour éviter que ce genre de situation n'arrive. Le risque de se choisir plutôt que de prendre une décision objective lors d'une mission devenait trop dangereux.

Notre rupture n'a pas été simple. Nous étions de vrais amis avant d'être amants. Même si nous sommes habitués à voir nos collègues et amis partir, cette fois-ci... »

Mes joues s'humidifient avant même que je ne finisse ma phrase. Ce genre de moment de faiblesse ne me ressemble pas du tout, je ne sais pas si c'est le contexte, la situation ou la fatigue accumulée qui me pousse à réagir comme ça. Une chose est sure, si Alex tentait de se retourner contre moi, il pourrait aisément le faire, je suis totalement faible.

Pourtant, il fait le choix de rester auprès de moi et de réconforter son bourreau. Il s'approche à pas lents, pose d'abord une main sur mon épaule avec un regard apaisé puis m'enlace.

C'est à ce moment-là qu'une première barrière a été totalement détruite. Sans même réfléchir aux conséquences de mes actes, au contexte dans lequel nous sommes, ni à la personne qui se tient devant moi, je me laisse aller dans ses bras au rythme de mes sanglots.

Une bulle se crée alors autour de nous et pendant un moment, j'ai l'impression de trouver du réconfort auprès d'un ami.

Ce que je trouve impressionnant dans les relations que les humains entretiennent les uns avec les autres, c'est que peu importe le degré de connaissances que deux personnes peuvent avoir, les émotions sont universelles.

Lorsqu'un humain perçoit de la tristesse chez un autre humain avec qui il a partagé ne serait-ce qu'un court moment, une compassion s'installe automatiquement (sauf pour les insensibles ou les psychorigides).

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