« Bonjour à tous, je lance à ma caméra imaginaire en m'étirant. J'espère qu'il fait beau chez vous. Ici le temps semble s'être éclairci, je vais pouvoir aller bronzer un petit coup ! Profitez bien de cette nouvelle journée qui s'annonce radieuse. »

Aux aguets, j'urine accroupie contre un arbre, une main posée à terre, l'autre tenant fermement le pistolet. Cette position tire fortement sur ma plaie et m'arrache une grimace, d'autant plus que mon urine, brûlante, enflamme mes entrailles et sort quasiment rouge comme du sang.

« Alors, on se rince bien l'œil, espèces de voyeurs ? » je rajoute, une pointe de sarcasme dans ma voix.

Je me relève en grimaçant.

« Ouille... »

La récente recicatrisation de ma blessure semble tenir le coup. Mais il ne faut pas que je fasse trop d'efforts aujourd'hui. L'objectif premier est de surveiller le coin et, si possible, de retrouver les traces de Torch. Il ne doit pas être bien loin. Ou sinon il sera tombé sur le camp du groupe de Rémi.

Ce que j'espère et redoute à la fois. D'un côté, ce sont des adversaires en moins à tuer. De l'autre... ce sont des gens que je n'ai pas envie de voir mourir...

Lentement, je m'enfonce dans la forêt, sans trop perdre de vue la lisière. À un moment, je tombe sur un arbuste qui produit les mêmes baies que Rémi m'a données. J'espère ne pas me tromper et manger quelque chose de comestible...

Les baies ne sont pas bien nourrissantes, mais au moins elles me calent l'estomac pour la matinée. La recherche de nourriture va bientôt être un problème.

Je me demande si les dinosaures n'étaient pas comestibles...

Je ris toute seule.


Ce n'est qu'après une bonne heure de marche embusquée, entrecoupée de nombreux arrêts pour éviter de trop tirer sur ma cicatrice, que je remarque ce gros oiseau étrange qui plane au-dessus de la canopée. Son mouvement lent et homogène, comme s'il glissait, n'a rien de naturel. La réalité me frappe soudainement : c'est une sphère pendue à un parachute. Un nouveau cadeau des sponsors qui descend lentement du ciel, contrôlant sa trajectoire pour ne pas s'enchevêtrer dans les branches. Un éclat de métal dans le ciel bleu, silencieux, à l'allure parfaitement calculée.

Le parfait indice pour débusquer un autre tribut.

Car en ce qui concerne ce parachute, je suis sûre de moi : il ne m'est pas destiné. Il s'éloigne lentement de ma position et continue de voler au-dessus de la cime des arbres en attendant sans-doute de trouver une hypothétique clairière où il pourrait s'enfoncer sous la voûte feuillue.

Je le regarde apparaître et disparaître subrepticement entre les trous de lumière de la canopée, un petit pincement au cœur. C'est comme une étoile qui guide le chemin. Mais ce n'est pas ma bonne étoile, c'est celle d'un autre. Moi je n'ai rien eu d'autre que ce mystérieux bout de papier. Et depuis, je pense à Ethan, au mal que je lui ai fait, aux blessures dont il doit être en train de guérir, et cela me perturbe et me déconcentre.

D'autant plus que je ne suis pas sûr que ce papier ait vraiment dit toute la vérité.

Quoi qu'il en soit, je ne sais pas qui va recevoir ce cadeau, mais cette personne n'est plus très loin, et je ferais bien de rester sur mes gardes et d'avancer en faisant le moins de bruit possible.

Il y a une clairière devant moi. La sphère s'y dirige. Les doigts crispés sur le manche du pistolet, j'avance avec détermination. Mon cœur bat à la vitesse de celui d'un petit oisillon, faisant grimper dangereusement ma température corporelle. Mes tempes pulsent, mes paupières tressautent, mes mains tremblent. Il faut que je reste calme ou il me sera impossible de viser correctement.

HG47 (Hunger Games, année 47)Where stories live. Discover now