Partie 2 : "Colère" - Chapitre 10

1.8K 120 37
                                    

« C'est grandiose, mesdames et messieurs, quelle tuerie ! Passons à l'intérieur du phare, ou le combat fait rage. Ouch ! Ça ne doit pas faire du bien ! C'est le garçon du district Douze qui vient de perdre un bras ! Le tribut du Deux est vraiment très fort ! Il arrive à découper un membre avec une simple lame ! Oh ! La tête, mesdames et messieurs, la tête ! Et dehors, comment les choses progressent-elles ? Combien de tributs sont-ils déjà disqualifiés ? Mesdames et messieurs, restez avec nous pour la suite du programme. »


La douleur.

Celle qui tétanise et empêche de respirer.

Comme quand on est soudainement plongé dans l'eau froide.

C'est au-delà de la souffrance. C'est quelque chose qui accapare entièrement l'esprit, incapable de penser à quoi que ce soit d'autre.

J'ai mal. C'est insensé à quel point ça me fait souffrir.

Je suffoque, je cherche à reprendre de l'air.

Mais il y a une masse posée sur ma poitrine qui m'empêche de respirer.

Je tente de lever un bras, de redresser la nuque.

Le soleil est toujours là.

Jaune, éblouissant. Impassible là où il se trouve.

Je reviens à moi. J'ai dû perdre connaissance un bref instant. La douleur me vibre dans les oreilles, mais ce n'est pas elle qui m'empêche de respirer, non, c'est le garçon du district Trois qui est affalé sur moi.

Il ne bouge plus.

Moi je suis à moitié enfoncée dans la dune de sable qui glisse petit à petit. Je cherche à repousser le garçon mais abandonne aussitôt et hurle de douleur. Je hurle, je hurle, et je hurle encore. Pendant de longues minutes. Mon cri résonne le long des versants de cette cuvette désertique. Mais personne ne vient m'achever ni me secourir.

J'ai l'impression d'être seule ici.

Je me redresse tant bien que mal. Mes yeux tombent sur ceux de mon adversaire, exorbités et sans vie.

Il est bien mort.

Mon Dieu. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Il y a un trait qui est fiché dans son dos. Sûrement une sorte de javelot ou une quelconque arme de jet en acier.

J'ai un haut-le-cœur étourdissant que je ne peux retenir. Malgré moi, ne pouvant me retourner, je me vomis dessus et éclabousse le visage du mort. Et quand je vois ça, je vomis à nouveau. Et chaque rejet accentue la douleur qui se propage dans tout mon corps, du coup, je vomis encore.

Soudainement exténuée, je m'écroule à nouveau dans le sable. Mon urine se met aussitôt à couler car mon corps n'a plus la force de retenir la pression de ma vessie. J'attends que ça passe. Je cherche à me calmer, à juguler ces terribles spasmes et ce dégoût. Je me rends alors compte que je parviens à respirer de petites goulées d'air brûlant, et que ma tête est à l'ombre grâce au cadavre qui m'écrase.

Ça aurait pu être pire. Pourquoi je ne suis pas encore morte ? Je ne sais pas. Je respire. Mon corps se bat. Je dois me battre.

Je me redresse et, dans un effort qui me fait lâcher un terrible juron qui se transforme en un hurlement de douleur, je parviens à retourner le garçon et à le faire rouler sur le côté.

Le soleil frappe fort à nouveau.

Je me mets sur le côté, vomis encore une fois alors que la douleur manque de me faire tourner de l'œil. Terrassée par la fatigue, une joue grillant sur le sable brûlant, je contemple le manche du couteau enfoncé en moi. J'en ai un nouveau haut-le-cœur.

HG47 (Hunger Games, année 47)Where stories live. Discover now