Chapitre 15

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« Florian, cher envoyé spécial, bonjour.

— Bonjour, Caesar.

— Alors, comment vont les choses en Europe ?

— Hé bien, toujours difficiles, vous savez... Le dernier coup d'État en Europe orientale déstabilise un peu l'ordre, et la reconstruction est toujours lente et soumise aux aléas des marchés balbutiants.

— Mais quelle idée de refonder un monde « à l'ancienne » ! Vous avez bien vu ce que ça donnait, pourquoi un tel entêtement ?

— Hé hé, je transmettrai à mes dirigeants, Caesar. Nous avons sûrement... plein de choses à apprendre de votre civilisation.

— Dites-moi, quand est-ce que vous vous y mettez, en Europe, aux Jeux de la Faim ?

— Heu... on y réfléchit !

— Quel est votre taux de criminalité, chez vous ?

— Plus de vingt-cinq pour cent.

— Nous zéro virgule deux. Vous voyez ?

— En effet...

— Bon, dites-moi, Florian. Dites-moi quel est votre tribut préféré.

— J'avoue que j'ai un penchant pour Azurée.

— Azurée ? La petite pleurnicharde ?

— Ha, ha, vous avez raison, elle a du mal à s'acclimater, c'est sûr. Mais je trouve que c'est celle qui a le plus de mérite. Elle est grièvement blessée et pourtant elle s'est mise à se battre de toutes ses forces. Elle ne se bat pas pour gagner, mais pour sa survie. Elle me semble être la plus saine de tous. Ses faiblesses sont compréhensibles.

— Il est vrai qu'Azurée s'est beaucoup améliorée ces dernières heures. Mais au regard de ses antécédents – sa tentative de suicide, sa note de deux à l'entraînement, l'élimination de Stieg, son meilleur atout dans les Jeux... –, Azurée peut-elle seulement gagner ? »


Avec toutes ces péripéties, ma plaie s'est rouverte. En l'inspectant, j'ai pu remarquer que la zone noire s'est en partie résorbée, mais rien ne dit qu'elle ne va pas s'étendre à nouveau. Avec une certaine pointe d'appréhension, j'ai déversé un peu d'eau sur l'entaille. Ça m'a fait un bien fou.

Le sang qui s'écoule de la plaie est chaud et sombre. Je ne le regarde plus avec dégoût. J'essuie les lèvres boursouflées de ma blessure avec une grosse mousse verte empruntée à un pied d'une de ces étranges plantes tropicales. Je ne bouge plus jusqu'à ce que les saignements se soient arrêtés, épongeant délicatement chaque fois que cela en devient nécessaire.

Mes nombreuses traces de griffure, mes ecchymoses et la brûlure à ma joue gauche me lancent horriblement. Je n'ai pas moyen de me voir dans une glace pour contempler mon visage meurtri, mais, en tâtant délicatement, je peux constater que la brûlure s'étend de la pommette jusqu'à l'oreille...

Pour éviter de paraître trop repoussante à la caméra, je me suis rincée la bouche et le menton, couverts de sang. Je n'avais pas envie de passer pour un vampire... Quant à mes vêtements... Ceux de Marion auraient pu m'être utiles car ils étaient à ma taille. Pas de chance qu'ils aient été plus abîmés que les miens. Je n'ai finalement rien pour me changer et me séparer de cette odeur de mort qui imprègne le tissu.

Mes élans de coquetterie m'extorquent un sourire.

Le jour pointe doucement à l'horizon. Un matin de plus dans l'arène. Une nuit de plus où j'ai trop peu dormi. Les poches sous mes yeux doivent pendre jusqu'au milieu de mes joues.

HG47 (Hunger Games, année 47)Where stories live. Discover now