Chapitre 23

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Sur la route, les questions s'enchaînent. Tout se bouscule dans ma tête. J'en viens à me demander ce que je veux réellement, ce que signifie perdre pour moi. J'aimerais que tout soit plus simple et que je fonce tête baissée sans réfléchir, mais ce serait contraire à tous mes principes. J'ai ce blocage qui m'empêche d'avancer et de voir de l'avant. Et pourtant je me rends compte que je fais tout pour être près d'elle.

Cela fait un moment maintenant que je la regarde courir sur la piste sans oser la déranger. Elle ne m'a pas vu. Les écouteurs vissés sur les oreilles, elle court comme si la piste lui appartenait. Je le vois maintenant ce progrès, tous les efforts qu'elle a fournis au cours du temps. Je crois que c'est une des choses que j'aime le plus chez Lina : sa ténacité, sa gagne. Le fait est que peu importe les obstacles qui se dressent contre elle, elle fera tout pour les surmonter. Elle est passionnée, mais aussi raisonnée. Elle peut agir avec réflexion et recul comme avec spontanéité. On est à la fois semblables mais aussi si différents. Je me rends compte de ce qui me fait défaut, mais j'ai peur de l'admettre ne serait-ce qu'à moi-même. Elle est tout ce qui me manque dans ma vie : la passion et bien plus encore...

* * *

Cette séance bien que bénéfique m'a épuisée. Je crois que j'ai enfin extériorisé cette frustration que le pari avait créée en moi. La course est devenue une échappatoire. Je suis seule avec mes pensées et j'ai l'impression qu'elles se lient pour me montrer la voie.

Je pose mes bras sur la rambarde en fer et laisse tomber ma tête entre mes mains. Le vent me caresse la nuque et je suis si apaisée en cet instant. J'ai conscience que cet état ne durera pas longtemps. Bientôt, mes doutes, toutes ces questions sans réponses, reprendront. Je sais qu'il peut me les donner, mais le veut-il seulement ? Et quand bien même, je ne me permettrais jamais de les lui demander. C'est quelque chose qui doit venir de lui et non être insufflé par mes soins.

Je relève la tête et observe les horizons quand mon regard se pose sur un homme adossé contre une voiture. Je baisse la tête sans y prêter plus que ça attention, quand je comprends soudainement que c'est lui... c'est Lyam ! Je lève précipitamment la tête pour croiser ses yeux. Je crois que l'expression que je dois avoir l'amuse, car il me sourit grandement. Il s'approche du grillage à quelques centimètres de là où je suis et y pose ses mains.

- Salut, sourit-il.

- Salut.

Je réponds à son sourire et serre nerveusement la rambarde. C'est incroyable ce que Lyam a la faculté de m'apaiser et de me rendre anxieuse à la fois. Heureusement, il ne le remarque pas.

- Tu as fini ?

- Oui.

Il hoche la tête et tapote de ses doigts entre les pics du grillage.

- Tu as quelque chose à faire dans l'immédiat ? J'aimerais te montrer un endroit.

- Pas dans l'immédiat.

Il me sourit et m'invite à le rejoindre. Je pense que la stratégie de Mila commence à porter ses fruits...

Il referme sa voiture et me rejoint au portail du stade.

- C'est à deux pas d'ici.

- Très bien.

Nous nous mettons en marche et je dois avouer que pour la première fois, je suis un peu gênée d'être dans l'état que je suis devant Lyam. Je viens tout de même de faire une heure de course, mais ça ne semble pas le préoccuper. Je ne sais même pas pourquoi ça m'embête, puisqu'il m'a déjà vue dans des accoutrements pires que celui-ci.

- Où tu m'emmènes ?

- Dans un endroit où tu pourras te défouler.

Je lève un sourcil et je peux voir un sourire se former à la commissure de ses lèvres.

Il est tombé pour elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant