Double Face | YANDERE DAZAI

Chapitre 6 - Absence Accablante

_ « Pardon d'avoir douté... mais ça me fait peur quand tu évoques cette idée à chaque fois. »

_ « Oh... ma Shinju... »

Attendri au plus profond de son être, il l'attira près de lui pour lui donner un baiser sur sa chevelure, elle était si fragile et si empathique. Comment résister ? Elle avait toute cette pureté que lui ne possédait pas et se trouver avec elle lui donnait la réelle impression de vivre pleinement. L'idée d'en finir s'était apaisée, mais les pensées noires ne partaient jamais vraiment. En présence de cette femme et des autres, ces démons n'étaient qu'une blague à répétition, des éléments quotidiens qu'il ne prenait plus au sérieux. Seule Shinju semblait s'inquiéter de tout ça, et c'est ce qui l'avait marqué même chamboulé. Kunikida et les autres membres de l'Agence étaient bien trop habitués à son jeu pour se montrer préoccupés par ses actions morbides, l'habitude aussi sans doute. Elle, malgré le bon nombre de jours et le temps passé avec lui était toujours anxieuse quand il parlait de mettre de fin à ses jours. Ses anecdotes encore ça allait, mais projeter un suicide la terrifiait.

Un fort attachement qui le touchait énormément.

L'instant de marche se poursuivit, jusqu'au moment venu et redouté. Dazai comme Shinju allaient devoir se passer de l'un et de l'autre pendant un temps indéterminé. La jeune et lui se regardaient encore intensément gardant leurs mains soudées, histoire de pouvoir profiter un peu. Shinju se dirigea spontanément vers lui pour l'étreindre, en souriant :

_ « Je te retrouverai très vite. »

_ « Tu vas me manquer. Ah belladona... »

Dazai releva son menton vers lui et l'embrassa avec douceur. Ce baiser, il n'avait aucune envie d'y mettre fin et son cœur pressentait l'angoisse légère d'être arraché à Shinju, mais il fut obligé de la lâcher. La torture se prolongea puisqu'il la regarda partir, imaginant d'affreux scénarios qui pourraient lui arriver. Ce n'est que lorsqu'elle disparut complètement qu'il entra à l'ADA, empruntant les escaliers habituels, jusqu'à arriver aux bureaux qu'il redoutait d'occuper aujourd'hui. L'absence miraculeuse de Kunikida en ce matin ne lui fit presque aucun effet, puisque son cœur saignait, craignant la difficulté qu'il aurait à tenir sans Shinju.

Ce dernier s'installa de manière machinale sur sa chaise et laissa sa tête lourdement retomber en arrière. Encore une journée ennuyeuse où il n'arriverait pas à noyer son chagrin éphémère dans les milliers de documents qui jonchaient son bureau. Même les conversations d'Atsushi et des autres ne suffiraient à le sortir de sa réflexion.

Shinju, Shinju, Shinju... il n'y avait qu'elle et son être allait mieux en songeant ainsi à la tonalité de son prénom. Cette même prononciation lui rappelait son autre rêve tordu et une de ses musiques enivrantes. Le destin jouait décidément avec ses obsessions morbides et le confrontait directement à ce mot... rendant ce souhait encore plus élégant qu'il ne l'aurait imaginé. Shinju représentait donc la partenaire idéale, sa véritable moitié, celle avec qui il mettrait fin à ses jours. Mais cette fille tenait à lui, à la vie et c'est ce qui le dissuadait véritablement de lui proposer encore une mort à deux. Étant prêt à tout pour elle, il devait mettre ses idées de morts de côtés, et Shinju lui facilitait tellement la tâche. Sa seule présence le rendait si vivant... à croire que c'était elle qui lui insufflait la vie.

Dans cette journée ensoleillée, rien ne signalait un potentiel danger ou menace qui planerait sur Yokohama. Tout était le plus normalement calme et l'Agence n'avait pas à s'inquiéter de devoir trop bouger, c'était si plat. Vie idyllique que n'importe qui rêverait de connaître et l'on pourrait presque se demander si la Mafia portuaire existait toujours... vu son silence depuis un moment. Bien sûr a réponse était positive, jamais elle ne mourrait, sa présence était plutôt nocturne et discrète aux dernières nouvelles voilà tout. Au moins, cela rendait la vie des habitants beaucoup plus agréable et plus sûre depuis un bon bout de temps. Et parmi eux, Shinju en faisait partie. De simples citoyens qui détenaient parfois aucun pouvoir, vivant juste au jour le jour. Les semaines étaient nettement plus saines quand il n'y avait aucune menace ou alerte à déclarer, une existence tout simplement banale qui rendait certains heureux.