CHAPITRE 2

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Draneth

Le Prestige, New-York.

En garant ma moto dans le parking souterrain réservé uniquement à la clientèle et aux employés, j'enlève le casque de sur ma tête puis pénètre dans l'ascenseur pour rejoindre le hall d'entrée. Mon casque à la main et mon téléphone de l'autre, je consulte le message que ma banquière m'a envoyé plus tôt dans la journée.

« Bonjour monsieur Black,
Le virement a été effectué et réceptionné par le bénéficiaire.
Bonne journée à vous. »

C'est une bonne chose de faite.
Comme si ça pouvait soulager ta conscience de leur envoyer de l'argent.

Je secoue la tête en chassant cette maudite voix. Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent, je me dirige directement vers l'autre ascenseur qui mène à ma suite. En passant devant l'accueil, l'hôtesse m'interpelle.

— Monsieur Black, votre père... m'a demandé de vous transmettre un message.

Au lieu de faire passer le message par le personnel, il ne pourrait pas m'envoyer un message ou même m'appeler ?

Je la fixe en attendant le message qu'elle doit me délivrer. Elle avale difficilement sa salive et agite ses doigts nerveusement entre eux. C'est moi qui lui procure autant de nervosité ? J'ai toujours aimé avoir un certain pouvoir sur les personnes. Les voir nerveuses en ma présence me rappelle à quel point je peux être intimidant.

— Votre père... bégaye-t-elle. M'a demandé de vous dire que vous devez finir d'organiser le gala pour samedi soir.

Je ferme les yeux brièvement pour ne pas m'énerver contre cette pauvre fille. Elle n'a rien à voir avec tout ça, c'est mon père le problème. Je grogne un simple "ok" et reprends mon chemin.

Ce gala me renvoie en pleine figure l'erreur que j'ai faite il y a trois ans, comme si les messages de ma banquière ne me le rappelaient pas assez souvent. Je comptais sur mon paternel pour qu'il l'organise, apparemment, il a mieux à faire. Je dois me coltiner cette merde.

Au printemps, Le Prestige organise chaque année un gala de charité. L'année dernière, nous avons récolté la maudite somme de quatre-vingt dollars pour la protection des animaux. Cette année, les dons seront versés pour les personnes atteintes d'un handicap physique et/ou mental. Je ne sais pas s'il le fait exprès pour me punir - encore - ou bien si ça l'amuse de me torturer. Ça doit être un mélange des deux, mais je n'ai aucune envie de l'organiser.

Est-ce que si je ne le fais pas, je risque de créer un conflit avec mon père ? Certainement.
Est-ce que je vais le faire pour éviter une énième dispute ? Sans l'ombre d'un doute. Nos échanges sont déjà très limités depuis ces trois dernières années, si je peux éviter qu'on s'engueule, ça m'arrange.

J'appuie sur le bouton de l'ascenseur qui mène à l'avant-dernier étage de l'hôtel. Une fois arrivé dans ma suite, je dépose mon casque sur le meuble de l'entrée, je me dirige vers le petit coin salon, balance ma veste sur le canapé et m'affale sur ce dernier en pestant. Je déteste le gala, je dois y assister puisque c'est mon devoir de futur patron, néanmoins, si je pouvais m'en passer, je ne serais pas contre.

Cette soirée a pour seul but de montrer toute l'étendue de sa richesse. Si vous pensez que c'est pour être généreux ou pour montrer une once d'empathie, vous avez tort. Les personnes qui viennent sont juste là pour se vanter de leur dernier achat grotesque, de leur chiffre d'affaires du mois, puis évidemment se donner une bonne image aux yeux de la population, sans oublier que certains sont là aussi pour les affaires.

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