CHAPITRE 1

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Nyla

Au loft, New-York

Je vide mon verre de vin blanc d'une traite. Me voilà à New York depuis une semaine maintenant et je ne suis pas sortie une seule fois de ce loft situer dans l'Upper East Side, mon parrain me le prête le temps que je retourne à Londres.

Je tourne en rond, je réfléchis trop et pour couronner le tout, j'ai dû affronter la leçon de morale de Clark. Il m'a dit que fuir n'était pas une solution et que ça allait m'attirer des problèmes. Je sais pertinemment ce que j'ai fait est mal, mais les choses devenaient trop compliquées à Londres. Je ne peux pas régler le désordre dans ma tête si je reste là-bas. Je me suis promis de rester maximum un mois et pas un jour de plus.

Le décès de mon père remonte maintenant à huit mois, j'ai du mal à me faire à l'idée qu'il n'est plus auprès de moi. Parfois je me surprends à lui envoyer un message ou même à faire le trajet jusqu'à chez lui, puis la réalité me rattrape violemment. Lors de son décès, ce n'est pas seulement lui qui m'a quitté, mais aussi mon sommeil. Je dors pratiquement plus, mes nuits se résument à ressasser et jamais pleurer. Je n'ai même pas versé une larme à ses funérailles, alors que mon cœur crève de tristesse, aucun pleur ne sort. Je suis consciente qu'il est mort, pourtant je n'arrive pas à l'accepter.

Est-ce que si je pleure ça rendra tout cela réel ? Est-ce que j'ai peur de faire mon deuil ?

Voilà à peu près le genre de questions que je me pose sans arrêt, en continu. La journée elles sont moins présentes puisque je m'occupe mais la nuit elles me hantent. Je n'ai peut-être pas eu l'idée du siècle en fuyant, néanmoins cela pourrait m'aider de rester éloigné de tout ça. Il y a beaucoup trop de souvenirs là-bas, c'était trop pour moi. Traitez-moi de lâche, oui j'en suis une puisque je n'affronte rien et je préfère m'en aller à des milliers de kilomètres sans même penser aux conséquences, mais quand on se sent submergé, parfois la seule solution c'est de partir.

Sa perte a laissé un grand vide dans ma vie ainsi que dans mon cœur, j'ai l'impression que sans lui il me manque un bout de moi. Nous étions tellement proches. N'ayant pas de mère, je me retrouve comme orpheline. Mon père a fait appel à une mère porteuse pour m'avoir. De toute ma vie je ne l'ai jamais vu avec une femme, je n'avais aucun modèle féminin auquel m'accrocher quand j'étais enfant. J'ai été élevée seulement par des hommes (mon père et mon parrain essentiellement) j'admets avoir eu envie d'une présence féminine durant mon enfance et l'adolescence.

Je suppose que pour combler ce manque de maman, il jouait les deux rôles. D'un côté, j'avais le droit à un papa protecteur qui ne laissait rien passer avec les garçons et de l'autre un confident avec qui je pouvais me confier sur tout ce qu'une femme peut traverser durant l'adolescence. Il a été exemplaire. Je suis si reconnaissante d'avoir eu un père présent, un père qui aurait pu m'offrir le monde pour me voir heureuse. Il me traitait comme une reine, il me répétait tout le temps qu'il était fier de moi, qu'il m'aimait plus que tout.

Aujourd'hui tout a disparu.
Aujourd'hui il n'est plus là.
Aujourd'hui je n'ai que des souvenirs.

Désormais je me sens bien seule dans ce loft, Clark a dû retourner à l'autre bout du pays pour son travail. Un avocat comme lui est toujours demandé, surtout que ce n'est pas un avocat comme les autres. Il défend l'indéfendable, des chefs de gang, des mafieux, des escrocs et toutes sortes de sales personnes avec qui on n'a pas envie de faire affaire de près ou de loin. Papa aussi faisait ça. Ils étaient surnommés les avocats du diable. Je n'ai jamais osé demander pourquoi ils défendaient ce type de personnes, je me doute que c'est pour l'argent puisque leurs clients doivent débourser un certain montant assez conséquent, mais pour les autres raisons, elles restent inconnues.

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