Chapitre 9 : Au coeur du sanctuaire

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Alors que le repas de la messe tirait à sa fin, une vague de nostalgie m'envahissait. Chaque bouchée, chaque sip de vin, me transportait vers les dimanches au monastère, ces moments partagés en silence profond. L'ambiance solennelle de ces repas, où le seul bruit était celui des couverts maniés avec discrétion, contrastait fortement avec le bourdonnement chaleureux de la cathédrale, où nous, fidèles réunis comme une grande famille, partagions pensées et rires.

Je me surpris à sourire en repensant à un déjeuner particulier avec Pétrarque. Lui, avec ses visions du monde souvent surprenantes et sa perspective singulièrement unique, avait le don rare de transformer des moments ordinaires en souvenirs impérissables. Ce jour-là, sa tentative de découper un morceau de pain avec une précision extrême avait abouti à un lancement accidentel à travers la table, déclenchant une onde de rires contagieux parmi nous. Bien qu'initialement embarrassé, Pétrarque avait fini par se joindre à notre hilarité, ses yeux brillant d'un amusement sincère. 

Ce souvenir éveillait en moi une tendresse pour mon ami et pour tous ceux que j'avais laissés derrière le mur du monastère. Nos repas là-bas, bien qu'emprunts de réserve et de discipline, étaient chargés d'une spiritualité profonde et d'une camaraderie qui nous liait les uns aux autres. C'était une forme de partage différente, mais tout aussi enrichissante, qui commençait déjà à me manquer.

Pourtant, en observant les visages autour de moi, illuminés par la lumière des chandelles, je réalisais que cette nouvelle famille, celle de la Nouvelle-France, m'offrait elle aussi un sentiment d'appartenance. Les discussions animées, les débats autour des sermons, et même les rires partagés sur des anecdotes de la foire aux reliques, contribuaient tous à renforcer les liens entre les citoyens.

Je ressentais une profonde gratitude pour ces deux mondes qui m'avaient modelé : le monastère, avec sa quête introspective et son silence parlant, et la Nouvelle-France, avec sa diversité vibrante et ses liens tissés en pleine lumière.

Pétrarque me manquait, c'était indéniable, mais je savais que notre amitié était de celles qui transcendent les distances et les silences. Je me promettais de le revoir bientôt, de l'autre côté du mur, pour lui partager les récits de cette nouvelle vie et, peut-être, rire ensemble des caprices du destin.

À mesure que la messe se concluait et que le dernier écho des chants résonnait contre les voûtes séculaires de la cathédrale, une atmosphère de calme anticipatif s'installait parmi les fidèles. Nous étions invités à nous diriger vers la sortie, non pas celle par laquelle nous étions entrés, mais une autre, menant directement au cœur de la montagne. La transition de l'obscurité paisible de l'église vers la lumière éclatante de l'extérieur était presque spirituelle. En franchissant ce seuil, je découvrais avec émerveillement le sanctuaire naturel qui s'ouvrait devant nous : une vaste clairière bordée de montagnes majestueuses.

Le sanctuaire naturel où nous nous trouvions était un tableau vivant d'une beauté presque irréelle. Encerclé par d'imposantes montagnes enneigées, le cirque offrait une vision de majesté et de tranquillité, comme si nous étions enveloppés dans un monde à part, loin de tout. Malgré la présence imposante de la neige, qui drapait les sommets d'un manteau blanc éclatant, une chaleur étonnamment douce régnait dans la clairière. C'était comme si le lieu était béni, touché par une grâce invisible qui équilibrait les éléments avec une harmonie parfaite. Les rayons du soleil, filtrant à travers l'air frais de l'altitude, réchauffaient la peau et invitaient à la détente, créant un contraste saisissant avec le froid apparent des hauteurs environnantes. Cette oasis de chaleur au cœur des montagnes semblait défier les lois de la nature, offrant un refuge paisible où le temps et les saisons jouaient selon des règles différentes.

Autour de moi, la clairière s'étendait, ornée de fleurs sauvages aux couleurs vibrantes et de parcelles soigneusement aménagées de jardins fleuris. L'air était chargé des parfums mélangés de la flore, une symphonie olfactive qui ajoutait une couche supplémentaire d'enchantement au lieu. Face à ce spectacle, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une profonde gratitude pour la beauté et la sérénité qui m'entouraient, un sentiment de paix intérieure renforcé par le murmure apaisant du vent dans la roche. 

La Nouvelle-FranceWhere stories live. Discover now