Chapitre 6: La cathédrale de roche et de lumière

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Notre marche vers l'église se fit dans un mélange d'urgence et de réflexion. Les résonances de la cloche guidaient les pas des fidèles. Une marée constante de citoyens convergeait vers le cœur spirituel de la cité.

Au cœur des montagnes imposantes, la cathédrale se niche comme un secret bien gardé, son accès préservé par un pont large et majestueux qui sert à la fois de passage et de plateforme d'observation. Ce pont, véritable prouesse d'ingénierie, s'étire audacieusement au-dessus du vide, reliant la cité à ce lieu de culte exceptionnel. De construction solide, il semble défier les lois de la gravité, ses arches en pierre s'élançant avec élégance vers la cathédrale, comme si la main de l'homme avait cherché à imiter la beauté naturelle des montagnes environnantes.

Lorsque nous approchâmes de la cathédrale, ce qui m'accueillit dépassait tout ce que j'aurais pu imaginer. La cathédrale se dressait comme une pierre précieuse enchâssée au cœur de la cité, un joyau d'architecture et de foi.

La traversée de ce pont devient un rituel en soi, une procession symbolique marquant le passage du profane au sacré. Les pèlerins et les citoyens, en empruntant ce chemin, laissent derrière eux les soucis du quotidien pour s'immerger pleinement dans l'expérience spirituelle qui les attend. La vue depuis cette grande plateforme est à couper le souffle : d'un côté, les toits de la Nouvelle-France, avec leurs nuances de couleurs changeantes au fil des saisons ; de l'autre, l'immensité des montagnes, rappelant la grandeur et l'éternité de la création.

Arrivé au bout du pont, l'entrée de la cathédrale se révèle, encadrée par les flancs de la montagne, comme si le bâtiment lui-même était né de la pierre. Elle semblait suspendue entre ciel et terre, les cascades environnantes tissant autour d'elle un voile de brume éthérée. Cette intégration harmonieuse dans le paysage rappelle que le sacré et le naturel sont intimement liés, que l'œuvre de l'homme ne fait que compléter la magnificence de l'œuvre divine.

En franchissant le grand pont qui mène à la cathédrale, un sentiment de révérence et d'unité familiale nous enveloppait, Sophie et moi, anticipant la chaleur de retrouvailles avec notre mère. 

Alors que nous traversions la vaste plateforme devant l'entrée, le regard des fidèles sur ma tenue d'oblat traduisait une curiosité mêlée sans doute de respect. Cette attention particulière, loin d'être un jugement, soulignait l'estime portée aux oblats. Les salutations silencieuses, les chapeaux baissés au passage, renforçaient mon sentiment d'appartenance et d'importance au sein de cette communauté soudée.

Ce flot de reconnaissance silencieuse ne détournait cependant pas mon esprit de l'objectif principal de cette matinée : la retrouvaille avec ma mère.

En franchissant le seuil de cet édifice, je fus saisi par la lumière qui s'infiltrait à travers les vitraux, peignant l'intérieur de la cathédrale de couleurs vibrantes. Les rayons du soleil, fragmentés par le verre, illuminaient les visages des fidèles, les enveloppant d'une aura presque divine. Chaque vitrail racontait une histoire, un chapitre de la grande saga de la foi qu'avait vécu les 12 pairs.

La voûte céleste de la cathédrale, un chef-d'œuvre de pierre et de verre, s'élevait au-dessus de nous, créant un espace où le divin semblait tangible. Les colonnes, sculptées avec une finesse qui défiait leur massivité, s'élançaient vers le plafond, comme des géants bienveillants veillant sur la congrégation rassemblée.

Derrière la montagne, dans un cirque cachée aux regards extérieurs, la cathédrale étend ses ailes, profitant d'un espace de calme et de sérénité, à l'abri des vents et des tempêtes. Cette partie de l'édifice, invisible depuis la cité, s'ouvre sur un paysage d'une beauté saisissante, où les sommets montagneux encadrent le ciel et les arbres centenaires veillent sur ce lieu de paix. Ici, le temps semble suspendu.

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