J'écarquille les yeux et retiens mon souffle.

Mais qui m'a collé une conne pareille ?

Le regard du patron se durcit presque instantanément, alors qu'il la fixe d'un air glacial, les sourcils rehaussés.

— Ah ! Tu veux plaisanter ?

Son ton trahit son mécontentement.

Isa baisse les yeux, visiblement désolée de sa tentative ratée et le patron soupire, passant une main sur son visage tiraillé.

Comme d'habitude, il faut que je rattrape ses conneries.

Je tends à William, le sachet rempli de délicieux croissants encore chauds que nous avons pris sur le chemin. Quelle humble tentative de nous faire pardonner.

— Un petit croissant ?

Je prie pour que mon visage bouffi et ma moue approximative, l'attendrissent un peu.

Il lève les yeux et les pose sur le sachet. Il reste silencieux quelques secondes qui me paraissent des heures. Mon bras tendu commence à faiblir quand soudain, son expression s'adoucit légèrement.

— Merci, c'est apprécié.

Il attrape le sac, prend l'un des croissants et en croque un morceau.

— Mais..., reprend-il la bouche encore pleine.

Oh oh.

Le silence s'installe de nouveau.

Il avale difficilement sa bouchée avant de poursuivre, un sourire moqueur aux coins des lèvres.

— ... Cela ne signifie pas que je vais passer l'éponge.

Je croise le regard inquiet d'Isa, stoppée net, alors qu'elle était en train de prendre place à son bureau.

— Compte tenu de votre comportement d'hier soir, j'ai décidé que vous passerez la matinée aux archives.

Pas ça.

La réaction de Madame Lespi ne se fait pas attendre.

— Heu, non, non, non. Objection votre honneur !

Isa, tais-toi.

— William, tout sauf ça. Pas le sous-sol. C'est humide, c'est froid, y a de la poussière partout, continue-t-elle.

— Dites-moi si je me trompe, mais je ne crois pas avoir demandé votre avis.

Il ne semble apparemment pas disposé à écouter ses contestations.

— C'est une tâche qui demande de la discipline et de l'attention, des choses que vous semblez avoir oubliées hier soir.

— Mais William... s'il-te-plaît.

Chut.

— Y a pas de « mais » qui tiennent, rétorque-t-il d'un ton ferme, sa patience atteignant ses limites.

— Je suis claustrophobe.

Elle est virée.

— ISABELLA ! hausse-t-il le ton.

Elle baisse la tête, se résignant aux ordres du patron. Nous acceptons silencieusement notre punition, reconnaissant quand même, la justesse de sa décision.

Nous nous retrouvons donc au sous-sol, entourées de montagnes de dossiers abandonnés et de classeurs délabrés. Des nuages de particules dansent dans l'air, Isa émettant des pleurnichements incessants.

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⏰ Last updated: Apr 23 ⏰

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