Nos Coeurs en Éclats

2. sourire de façade

                                                                                                                                                                                                        - Liam

Je fulmine en jetant mon téléphone sur mon lit de rage. Sérieusement ? Elle ne peut même pas m'envoyer juste trois exercices de maths ? Le devoir est à rendre pour demain et je n'aurais jamais le temps de le faire. J'ai l'impression qu'elle fait tout pour rendre ma vie plus compliquée qu'elle ne l'est déjà.

Elle me déteste depuis la quatrième, et je n'ai jamais su pourquoi. Du jour au lendemain, elle s'est renfermée sur elle-même et elle qui était toujours souriante et chaleureuse est devenue froide et antipathique.

Depuis, elle me bombarde de piques et de mots méchants, que je lui rend parce que je ne peux pas me permettre de me laisser faire. J'avoue que ce petit jeu m'amuse, même si je ne connais pas les raisons de sa haine envers moi.

Et puis, la vérité, c'est que je suis hyper jaloux d'elle, même si évidemment je ne l'admettrait jamais. Elle a une relation avec son père si fusionnelle que je serre les poings à m'en faire saigner les paumes de mains dès que je les vois. Je ne pourrais jamais rire comme ça avec mon père et sa violence. La seule chose que je ressens pour lui est un mépris profond et ancré en moi depuis des années.

Tant pis pour les maths, je suis déjà en échec scolaire de toute façon.

Je descend les escaliers d'un pas traînant à la recherche de quelque chose à manger. Mon père, probablement bourré, ronfle bruyamment sur le canapé.

Je me dirige vers la cuisine lorsque j'entend des pleurs d'enfant. Je m'approche sur le pointe des pieds et colle mon oreille à la porte. J'entends ma mère et ma petite sœur, Mia, se disputer.

- Mais maman, j'ai faim...dit Mia en reniflant.

- T'as déjà dîné, tu ne vas pas me souler ! gronde ma mère.

- Je veux manger ! crie Mia.

Un sifflement dans l'air. Un coup. Un cri.

J'entre en trombe dans la pièce et me jette entre ma mère et Mia avant qu'elle ait le temps de lui en mettre une autre.

- Non mais ça va pas ? je m'énerve. Lui foutre une gifle alors qu'elle vient d'avoir 6 ans !

Ma mère me dévisage, étonnée de ma soudaine apparition.

- De mon temps c'est comme ça qu'on éduquait les sales gosses, marmonne-t-elle.

- Et tu crois qu'ils vont dire quoi à l'école en découvrant une grosse trace rouge sur sa joue ? T'es vraiment irresponsable, je dis froidement.

Je fais signe à Mia de monter dans notre chambre, et à peine a-t-elle franchi la dernière marche des escaliers que je sens une main froide m'empoigner le bras avec vigueur. Je grimace.

Un coup. Deux. Dix. Je perds le compte tandis que la douleur cuisante emplit tout mon être. Je me force à penser à autre chose.

Me viennent à l'esprit les souvenirs de quand on était heureux. J'étais encore fils unique, Mia et Jacob n'étaient pas encore nés.

Mon père et ma mère me tenaient chacun une main, et je me balançait, mes pieds décollant du sol pour quelques secondes grâce à la force de leurs bras. J'éclate de rire, et mon père me suit. Ils s'adressent un regard complice et sourient. C'était la belle vie.

Ma mère me pousse sur le sol et le souvenir joyeux se brise, me faisant revenir de force à la brutale réalité. Je me traîne jusqu'à la chambre, et Mia et Jacob se jettent sur moi :