Prologue

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Ellie, trois ans plus tôt

Un torrent de larmes coule le long de mes joues alors que je peine à réaliser ce qu'il vient de m'arriver. Je reste figée, immobile sur le sol, incapable de dire le moindre mot ou d'esquisser le moindre geste. L'eau salée dégoulinant de mes yeux est la seule chose indiquant que je suis en vie. Je reste un long moment ainsi. Une minute. Une heure. Un mois. Ma perception du temps est altérée, et je pense avec joie au moment où la mort viendra m'emporter, me sauvant de ce cauchemar. Mais elle ne vient pas, et je reste près de trois heures seule sur le carrelage du vestiaire, avec pour seule compagnie le son de mon cœur battant la chamade.

C'est Nora qui me trouve dans cet état pitoyable. Elle comprend immédiatement. Elle m'a toujours comprise, et elle connaît très bien les blagues lourdes de Henri, notre entraîneur, et l'attention toute particulière qu'il m'accorde depuis plusieurs mois. Elle me prend dans ses bras et nous pleurons ensemble pendant une heure de plus. Une fois notre stock de larmes entièrement épuisé, nous nous regardons et décidons, sans même avoir besoin de le dire, de nous taire. Nous n'avons respectivement que 14 et 16 ans mais sommes déjà déterminées à poursuivre une carrière dans le patinage, et une histoire comme celle-ci nous empêcherait de poursuivre nos rêves. Elle me raccompagne chez moi, et reste dormir à la maison. Les événements des jours suivants sont toujours flous dans mon esprit, mais le souvenir le plus distinct que j'en possède est l'appel, 4 jours plus tard, de la directrice du club de patinage nous annonçant que Henri est décédé des suites d'une intoxication alimentaire imprévisible. Je crois n'avoir jamais été aussi soulagée de toute ma vie.


Nos Coeurs en ÉclatsWhere stories live. Discover now