21 - Pendant ce temps-là...

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   Au petit matin, un soleil radieux semblait nous suivre, tel un dieu conduisant un char qui tirait notre étoile dans les airs... Elena et moi avons déserté l'endroit que nous avions occupé la veille, car elle trouvait qu'il était trop près de la forêt où avait eu lieu cette débandade. "Où allons-nous ? demandais-je.
- Rejoindre la Dernière Maison Simple. On ne peut pas se permettre de rester seules dans les bois, c'est trop dangereux.
- D'accord... Mais tu connais un itinéraire pour rejoindre Fondcombe ? Et Harou, on est pas censé l'attendre ?
- À vrai dire, je ne me suis jamais aventurée aussi loin dans la vallée. Mais on a pas le choix, il faut sortir d'ici... Harou mettra beaucoup trop de temps pour revenir, il n'a que ses jambes pour se déplacer, plus de cheval. Ça change complètement la donne.
- Ah oui, tiens, c'est drôle ça... Il ne restait aucun cheval...
- Comme toi, je n'ai pas vu la scène. Mais je pense que bon nombre des elfes qui nous accompagnaient sont partis à la recherche des Orques. On ne pouvait pas se permettre de les laisser filer. Les autres chevaux ont dû prendre peur et se sont enfuis...
- Mais Harou ne t'as rien dit ?
- Et bien... non. Il a dû être trop préoccupé par la terreur et par ton cas pour...
Elle me regarda du coin de l'œil, d'une façon qu'elle devait penser discrète mais je voyais bien qu'elle me cachait quelque chose. Elle ne m'avait pas tout dit.
- ... Enfin bref, il avait l'esprit ailleurs, et je le comprends.
- En tout cas ton raisonnement tient la route."
Elle acquiesça et nous reprîmes notre chemin.
   Je ravalais ma salive, pensive. Elle ne m'avait pas tout révélé, certes, mais moi aussi j'avais omi de lui parler de quelque chose : ce que j'ai cru vivre dans la continuité de mon rêve. Je ne savais pas pourquoi, mais mon for intérieur me poussait à garder cette vision au plus profond de moi, comme un gros secret... Un secret d'Etat, comme entre Thranduil et Harou.

Pendant ce temps-là, dans un univers parallèle où des fruits carnivores... Quoi ?! Euh... C'est pas ça ! C'est...

Pendant ce temps-là, du côté de Feridel et d'Arpangas :

   Les deux elfes complices arpentaient une forêt désordonnée. Ils se prenaient sans cesse les pieds dans les racines, les ronces, ou les rochers.
"Mince, Arpangas ! se plaignit Feridel l'elleth, tu crois vraiment qu'on va trouver quelqu'un dans cet endroit !
Ce n'était pas une question, mais une affirmation.
- Feridel, ma chérie, écoute... Les autres doivent être aussi semés que nous le sommes ! se contenta de souffler Arpangas, l'ellon.
- Tu arranges les choses à ta façon, toi ! Moi je m'inquiète vraiment pour nos amis... Et à mon avis, ils ne sont sûrement pas cachés dans ces broussailles !"
   Feridel passait son temps à râler. Arpangas se forçait de l'ignorer. Oui, il ne savait pas où ils allaient. Mais pourquoi, pourquoi leur avait-on recommander de rester en retrait, juste au cas où ? Cette phrase résonnait dans la tête de l'ellon comme un leitmotiv. Plus jamais il ne ferait confiance à ce stupide humain qui avait décrété qu'ils devaient essayer de retrouver les autres... Résultat, ils étaient perdus !
"Tu sais, Feri, je commence vraiment à regretter ce que nous a demandé de faire l'autre humain.
- Oui, c'est clair ! Je le déteste ! Parce qu'il croyait qu'on ne pouvait pas se battre, c'est ça ?!
- Ma maîtrise du tir à l'arc est sans reproche, mais...
- Tu n'es qu'une poule mouillée ! répliqua Feridel. (Arpangas l'observa, la mine désolée). Dis-moi, mon petit elfe sylvain, tu crois que cet homme... Comment s'appelle-t-il, déjà ?
- Euh... Harold. Enfin je crois...
- Drôle de nom... Enfin, penses-tu qu'Harold et Manny se sont rejoints une nuit hors du palais pour faire ce que nous avons fait ?
- Quoi ? Tu voudrais dire qu'eux aussi se mettent des plantes dans les cheveux ? Ou qu'ils se coiffent à tour de rôle ?
- Ou bien plus...
Arpangas pouffa.
- Ah ah ! Ça serait la meilleure ! Non, j'ai cru entendre qu'Harold était en réalité censée sécuriser Manny.
- Ooh..., susurra Feridel d'une voix de velour. Un garde du corps. Tu aimerais être à la place de cette fille, n'est-ce pas ?
- Tu plaisantes ! J'aime les hommes... Mais pas au point d'aimer un Humain, assura Arpangas. Ceci dit, Harold est charmant. Dans son genre. Mais il ne m'attire absolument pas !
- Petit menteur ! railla amicalement l'elleth."
   Les deux elfes s'exclamèrent discrètement, par peur qu'on les surprenne à se moquer d'un certain Harold et d'une certaine Manny. En dépit de leur situation et de ce qui s'était passé, Feridel et Arpangas continuèrent de sillonner les chemins inexistants de cette forêt broussailleuse, sans vraiment savoir où ça les mènerait.

La Conquête de l'AnneauDove le storie prendono vita. Scoprilo ora