22 - ... Et ça continue...

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Pendant ce temps-là, du côté d'Elena et Mary :

   Nous mîmes le pied sur de la terre ferme. Enfin. On distinguait désormais parfaitement la Vallée d'Imladris, mais je cherchais d'un regard confus la Dernière Maison Simple dans ce somptueux paysage.
"Où est la demeure d'Elrond ? m'impatientais-je.
Elena ne répondit pas. Après quelques soupires, elle railla :
- Nous sommes perdues ! Je ne suis même pas sûre que nous sommes encore dans Imladris !
- On s'est égarées..., constatais-je, faisant face à mon piteux sens de l'orientation."
   Soudain un cri retentit. Puis deux autres. Les deux premiers m'étaient familiers, mais le dernier, j'aurais juré qu'il n'avait rien d'ordinaire !
"Ça vient d'en bas ! cria Elena. Vite, descendons !"
Dans le feu de l'action, je ne pris pas le temps de me soucier de mon vertige, et dévalais la pente tantôt sur les fesses, tantôt sur les pieds, pour arriver en bas sur le ventre. Quelle douée... Elena, elle, atterrit sur ses pieds et n'eut aucun répit. Elle se précipita dans la forêt d'où provenaient les cris avant même que je pu me relever.
"Attends-moi ! glapis-je, effrayée à l'idée de me retrouver toute seule."
Malgré quelques hématomes, je la rejoignis sans trop de difficultés, portée par une volonté de fer.
   Mais ce que je vis quand nous arrivâmes à l'endroit prévu me glaça le sang. Un Orque. Oui, un Orque ! C'était donc de lui que venait cet effroyable cri de rage ! Je voyais un Orque pour la première fois de ma vie, qui était à seulement quelques mètres de moi. Terrorisée, j'étais cloué sur place, et ma bouche refusait concrètement de s'ouvrir.
"Elena... partons d'ici... Il ne faut pas..., dis-je finalement d'une toute petite voix, comme si ces paroles émergeaient peu à peu de mes pensées.
- Mary ! MARY ! Cours te cacher ! MARY ! s'égosillait Elena, qui semblait aussi traumatisée que moi."
   Mais ces mots ricochaient. J'en comprenais le sens, mais mes muscles ne semblaient pas réceptifs. Mon corps ne bougeait pas d'un poil. Une petite douleur se fit sentir au niveau de mon crâne, sans doute à l'endroit où ma tête s'était cognée lors de l'attaque.
   Je luttais pour ne pas tomber dans les pommes. Elena était en train de combattre l'Orque. Je voulais crier, lui dire d'arrêter, quand soudain, d'un coup d'épée extrêmement bien réfléchi, mon amie décapita l'horrible monstre. Je n'en cru pas mes yeux. Ma tête me faisait de plus en plus mal, et une chaleur fiévreuse grandissait en moi. Non, pas une énième fois ! Pas maintenant !
"Mary, j'ai... j'ai réussi... Mary ?! fit Elena en se retournant puis en courant pour me rattraper, car je tombais à la renverse."
Son regard de détresse se rapprochant peu à peu de mon corps ballant fut la dernière image que mon cerveau enregistra avant le noir total.

Pendant ce temps-là, du côté d'Harou et d'Aramel :

   Aramel regardait toujours l'Humain d'un œil méfiant. Harou marchait droit devant, repoussait les ronces et les plantes hautes qui leur barraient le passage avec un roc pointu qu'il avait trouvé par terre, quelques mètres plus tôt. Aramel fronçait les sourcil. L'attitude d'Harou l'exaspérait. Elle était une elfe, une elleth fort intelligente et réfléchie, mais elle n'arrivait pas à cerner ce qui se tramait dans la tête de cet Humain impassible. En marchant malencontreusement dans une flaque, elle vit son reflet dans l'eau sale, et constatait avec dégoût qu'elle rougissait.
"Vous avez perdu votre langue ? demanda alors Harou.
- Comment ?! fit Aramel dans un gêne.
- Vous avez perdu votre langue ? répéta Harou, toujours aussi calme. Il n'y a pas une heure vous chantiez de votre voix crystalline en sindarin.
- Vous connaissez le sondarin ? s'étonna l'elleth.
Harou se mordit la lèvre. Il ne pouvait pas lui parler de ce qu'il avait vécu auprès de Thranduil et des elfes quelques années plus tôt. Seul Mary savait, et même si Aramel semblait digne de confiance, il se refusait de lui révéler quoique ce soit.
"Non..., mentit-il (il parlait courament le sindarin, du coup). Mais selon mes connaissances, c'est une langue elfique, n'est-ce pas ?
- Oui... Bon. Vous voulez donc que je rechante ?
- Faîtes ce qu'il vous plaît, tant que vous brisez cet horrible silence, tout vous est permis, communiqua Harou."
   Aramel haussa un sourcil. Elle trouvait la proposition d'Harou fort mal placée. Il veut me faire chanter dans tous les sens du terme, quel drôle d'homme, pensa-t-elle. Toujours plus mécontente, elle décida que sa langue maternelle allait lui servir d'échappatoire et de vide-stress (ça existe, ce mot ?...). Elle en avait marre d'Harou qui se comportait d'une manière impénétr... intouchable. Ainsi elle se mit à chanter des injures et insultes en sindarin, persuadée qu'il n'y verrait que du feu, ne saisissant rien.
  Harou devint pâle. Il comprenait malheureusement tout. Il se retournait vers Aramel avec un sourire de façade. L'elleth chantait à pleins poumons avec un grand sourire sadique. Harou comprit son petit numéro. Il regarda en face de lui en souriant ironiquement et en s'efforçant de ne pas rire. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas autant amusé. Ceci dit, Aramel disait vraiment du mal de lui, ce qui lui mit la puce à l'oreille. Je suis arrivée au mauvais moment, c'est bien ma veine, ça..., pensa-t-il, confus.
   Sa gène fut de courte durée, car il entendit un appel de détresse asourdissant :
"À l'aide ! Au secours ! Elrond, Aramel, quelqu'un ! AIDEZ-MOI !
- C'est Elena ! s'écria Aramel après avoir interrompu son chant cynique."
Elle bouscula Harou en se précipitant vers Elena.
"Elena ! Elena ! interpella-t-elle, soulagée.
- Aramel ! s'exclama Elena qui éclata en sanglot."
Aramel prit la jeune elleth dans ses bras. À la vue de Mary, Harou se précipita, pris d'une panique incontrôlable.
"Que lui ai-t-elle arrivé ?! cracha-t-il à Elena sans s'en rendre compte.
La jeune elfe le fixa, les yeux imbibés de larmes, mais ne répondit pas.
- Elena, réponds-moi, par pitié ! força Harou en secouant maladroitement l'épaule d'Elena.
   Il vit le cadavre et la tête de l'Orque non loin derrière Aramel et Elena qui s'enlaçaient. Un instant il se demanda qui aurait pu le tuer d'une telle façon, mais reprit son attention sur Mary. Il posa sa main sur son front, et ferma les yeux. Aramel le regarda, dubitative. Harou parvenait-il à voir ce qui se passe dans la tête de la jeune fille ?

Pendant ce temps-là, du côté de Feridel et Arpangas :

"MON DIEU ! MON DIEU ! J'ai eu une de ces peurs ! clama Arpangas d'une petite voix.
- Et moi donc ?! C'était quoi ça ? Pourquoi des Orques viennent mettre les pieds dans notre somptueuse Vallée ?! railla Feridel, terrorisée."
Les deux amis elfes avait été persécuté par cet Orque à qui Elena avait, dans une rage folle, coupé la tête. Désormais les deux tourteraux s'étaient cachés dans les broussailles non loin de la scène de massacre. Ils observaient en ce moment-même les deux jeunes filles qui avaient été rejointes par Aramel et l'autre Humain, comment il s'appelle, celui-là, déjà ? Ah oui, Harold...
"Je suis tellement soulagée qu'Aramel soit de retour, saine et sauve. Mais Manny a l'air mal en point, tu as vu comment elle a tourné de l'œil ?!
- Oui... Si Aramel et Harold ne seraient pas arrivés à temps, je crois que j'aurais subi le même sort qu'elle.
- Tu as eu peur à ce point ?
- Ce monstre nous a pris par surprise... Je n'ai vraiment pas l'étoffe d'un guerrier... J'ai préféré battre en retraite et m'enfuir tel le lâche que je suis..., se plaignit Arpangas, décontenancé."
Feridel, bien qu'elle aussi perturbée, le réconforta d'une manière sévère :
"Arrête de t'apitoyer sur ton sort, Arp ! Ce n'est pas le moment de faire une dépression ! De toute façon, on aurait pas pu faire grand chose...
- Peut-être... mais cette fille, tu as vu comment elle s'en est pris à cet Orque ?! Elle se bat mieux que nous réunis !"
Feridel souffla. C'était vrai. Ils étaient des poules mouillées.
"Ça suffit, décida l'elleth. On n'a même pas réagi quand elle a crié à l'aide, il serait peut-être temps !
- Oui... tu as raison, Feri. Sortons."
   Ils se levèrent péniblement. Les quatres personnes assises qu'ils observaient depuis un long moment ne réagirent pas à leur entrée. Elles étaient trop préoccupées par le cas de Manny, qui semblait décidément grave.

La Conquête de l'AnneauOnde histórias criam vida. Descubra agora