Note | Soukoku

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     La nuit enveloppait Yokohama. Les lumières commençaient à s'allumer de partout : des immeubles aux milliers de fenêtres jusqu'à la mythique grande roue.

Bien au chaud dans son appartement, Chuuya buvait un verre de vin tout en regardant les couleurs changeantes dans le ciel étoilé. La couleur rouge du liquide n'était pas sans rappeler celle du sang, dans lequel il baignait tous les jours. Son chapeau était posé sur le comptoir de la cuisine en marbre noir (les tâches se voyaient moins), à côté d'un mystérieux bout de papier.

Il était apparu comme par magie, devant sa porte. Qui aurait pu faire ça ? Il en avait une vague idée. Peut-être un poisson qui aimait bien la rivière ? Ou plus précisément, un maquereau.

Il reprit une gorgée. Ça ne pouvait pas être lui. Il aurait crocheté la serrure, volé ses précieuses bouteilles, laissé un mot où il aurait signé par l'un des nombreux surnoms qu'il lui donnait et explosé sa voiture encore une fois.

Sa serrure était intacte, ses bien-aimées bouteilles bien à leur place, il n'y avait aucun autre mot et sa voiture était à sa place, en un seul morceau.

Alors qui ?

Il ne voyait vraiment personne d'autre qui aurait pu faire ça.

Il prit le papier et le huma. Outre l'odeur de papier neuf et de mauvaise qualité, il y avait un parfum. Un parfum de fleurs et une fragrance d'homme. Il ne saurait reconnaître leur origine, mais il adorait ce parfum.

Il continuait de sentir la mystérieuse note, pour s'imprégner de l'odeur. Cette odeur le rendait fou. Il voulait rencontrer le propriétaire de la senteur, juste pour la sentir encore un petit peu. Deux ou trois secondes suffiraient.

Il était curieux, il voulait savoir à qui appartenait ce parfum. Il ouvrit la note pliée en deux. Une fleur séchée (d'où venait l'odeur de fleurs) tomba sur le sol. Il la reconnut comme une Helléborre noire. Dans le langage des fleurs, elle signifiait : "Mettez fin à mes tourments".

Il y avait des caractères japonais sur la note.

別れ

Wakare.

Adieu.

Mais aussi :

愛してます

Aishitemasu.

Je t'aime.

Pourquoi ? Quelle était la signification de tout ça ? Qui lui avait envoyé ça ?

Il trembla. Quelqu'un l'aimait et lui envoyait pourtant de mauvais signes. Les fleurs, puis, 別れ, qu'est qu'il avait fait ? Adieu ? Il connaissait cette personne. Il en était certain avec ce mot. Mais elle lui disait adieu. Comptait-elle partir ? Il se souvint de l'Hellébore noire. "Mettez fin à mes tourments". La personne voulait mourir.

Le seul qu'il connaissait qui pourrait... Dazai...

La sonnerie de son téléphone sonna. Il décrocha, un peu bouleversé de la nouvelle qu'il venait de comprendre.

-Monsieur Nakahara ?

Il reconnut la voix d'Atsushi. Il essaya de cacher son bouleversement.

-Quoi ? gronda-t-il dans le téléphone

-Monsieur Dazai... Il est...

Il se rendit alors compte de la tristesse dans les propos du jeune homme.

-...mort...

La voix d'Atsushi se fana, quand Chuuya lâcha son téléphone, récupérant son chapeau et sa veste en vitesse, avant de sortir en courant de son appartement.

Fin

• 510 mots •

Recueil de One-shots | BSD Where stories live. Discover now