Chapitre 46 (Alex)

Depuis le début
                                    

          Notre commandant est prêt à mettre sur pied une descente, alors que moi, je suis mitigé. Je pense surtout que cette intervention serait une grosse perte de temps. Rien ne nous garantit qu'elle nous servira, mais ce dont nous pouvons être sûrs, c'est qu'elle sera risquée. Ils veulent arrêter un membre de gang sur son territoire !

          Le chef de la police locale nous propose un profil qui, d'après lui, est intéressant pour nous et mon commandant accepte sans hésiter bien longtemps. D'un côté, je suis convaincu qu'il ne saura rien et que ses patrons ne se préoccuperont pas qu'il soit derrière les barreaux, mais en revanche, je suis prêt à tout pour retrouver Megan. Si nous devons faire une descente risquée, nous ferons une descente risquée. Elle le mérite.

          Notre cible a été repérée et fichée par la police dans une ville à moins de quarante kilomètres. Elle a récemment participé à un deal de plusieurs kilos d'héroïne, alors nous aurons une bonne raison de l'arrêter et de l'interroger. C'est parfait.

          Les patrons semblent être sûrs de leur coup et mettent en place une stratégie d'intervention que j'écoute attentivement.

          — Allez-vous préparer, nous partons dans une demi-heure. Rendez-vous ici même quand vous êtes prêts, annonce Ortiz une fois le plan intégré par tous les agents.

          Nous allons nous rendre dans la ville où se cache le trafiquant aujourd'hui même. Elle est à moins d'une heure de route, alors si tout se passe comme nous le souhaitons, nous serons de retour d'ici la fin de l'après-midi.

          Mon équipe rentre à l'hôtel. Nous nous préparons rapidement. Plus vite nous serons partis, plus vite nous serons rentrés. J'enfile une tenue blindée, prends mes armes, munition, et cætera. Avant de sortir de la salle de bain, je me regarde dans le miroir.

          Cette fois, nous réussirons cette intervention. Nous arrêterons les personnes que nous devons arrêter et nous réussirons. Nous réussirons.

          Je m'encourage en observant mon reflet dans la glace. J'ai besoin de me rassurer. La descente à Buenos Aires fait planer un énorme doute sur mes compétences depuis plusieurs jours et je déteste ça...

          Je retrouve mon unité dans le hall de l'hôtel où nous séjournons depuis une semaine. Ensemble, nous retournons devant le commissariat de la police régionale. Tous les officiers qui seront à nos côtés ces prochaines heures sont déjà devant les portières de leurs véhicules. Nous divisons notre équipe en trois groupes et embarquons dans trois voitures de police aux côtés d'agents argentins que nous avons côtoyés ces derniers jours.

          Je suis assis sur la banquette arrière avec Lewis et mon commandant se joint à nous en s'installant sur le siège passager. Le chef de la police locale est au volant. Il discute de l'intervention avec Johnson. Ensemble, ils vérifient qu'il n'y ait aucune faille dans notre plan.

          La dizaine de véhicules bleu marine sort de la municipalité. Nous roulons sur un chemin étroit et fait de graviers. La différence entre Los Angeles et ce village de moins de deux cents habitants est énorme. Je n'ai pas l'habitude de vagabonder entre les champs de soja. En temps normal, j'aurais trouvé cela magnifique et n'en aurais pas cru mes yeux, sauf que ces dernières semaines, j'ai d'autres préoccupations.

          Nous arrivons à la lisière de la forêt quand tout à coup, la file automobile s'arrête net et ne redémarre pas.

          — Qu'est-ce qu'ils font ? C'est une ligne droite ! s'impatiente le commandant argentin.

          Nous attendons encore quelques secondes sans comprendre la raison de cette soudaine immobilisation, puis la voix d'un officier de la région retentit dans la radio du véhicule.

          — Commandant, vous devriez venir voir ça...

          Mais qu'est-ce qu'il se passe encore ?

          Après un court moment de réflexion, l'homme concerné sort sur le gravier et Lewis, Johnson et moi l'imitons. Nous passons devant les trois véhicules qui nous précèdent et dont les passagers sortent également. Le commandant marche d'un pas rapide afin de rejoindre ses collègues sans perdre une seconde.

          — Qu'y a-t-il ? demande-t-il en arrivant à leur niveau.

          — Regardez qui voilà, lui répond un sergent en tendant son index droit devant lui.

          Je suis des yeux la direction qu'il désigne et mon cœur s'accélère. Il nous indique la route menant à la demeure de Sanchez. Il n'y a qu'un seul et unique chemin pour y parvenir et celui-ci voit arriver un grand nombre de voiture en tous genres.

          — Il y a de l'activité autour de la maison de Sanchez, ce qui n'est plus arrivé depuis bientôt un mois. Je suis prêt à parier qu'ils vont rentrer très bientôt, annonce le chef local en affichant un sourire. Il ne nous servira sans doute à rien d'aller interpeller notre petit trafiquant au final. Je pense qu'ils rentrent... et nous serons là pour les coffrer. Je peux vous l'assurer.

          Johnson acquiesce et Ortiz retourne à sa voiture pour annoncer dans son talkie-walkie :

          — A tous les agents, nous retournons au QG. La cible a changé.

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant