LYA - Tome 1. Prise de conscience

Chapitre 5

L'eau lui brûlait les poumons. Elle ne voyait plus le soleil et coulait au fond de l'océan, là où personne ne pourrait plus la sauver. Elle s'étouffait encore et encore, et l'air n'existait plus. Elle n'avait aucun moyen de reprendre son souffle. Elle se débattait comme une furie, paniquée par toute leau qui pénétrait dans sa trachée. C'était fini. Elle ne reverrait plus la lumière du soleil. Son corps se faisait emporter, secouer par la puissance du courant.

Lya se réveilla en sursaut. Elle avala une goulée d'air, pour s'assurer qu'elle était toujours en vie, loin de l'océan. Encore son cauchemar, le même. Quand elle réalisa enfin que Gabriel lui tapait sur lépaule, elle se tourna vers lui, encore ruisselante de sueurs :

— Qu'est-ce qu'il y a ? articula-t-elle.

— Encore ta noyade ? demanda-t-il.

Elle soupira, passa une main fébrile dans ses cheveux et hocha la tête.

C'est à cet instant qu'elle se rappela où ils se trouvaient. Elle détourna le regard vers la vitre du véhicule. Ils étaient arrêtés, garés sur un parking au bord de ce qui semblait être une forêt. Elle vit les deux agents en train de fumer à quelques mètres de là. Ils étaient en pleine discussion. Intriguée, Lya reporta son attention sur son meilleur ami.

— Où sommes-nous ?

— Je ne sais pas trop. Quelque part entre le Capbreton et Paris. Je me suis réveillé il y a quelques minutes, juste au moment où ils garaient le SUV, je n'ai rien vu dautres. Mais je pense qu'écouter leur conversation pourrait nous donner quelques indices, ajouta-t-il avec un sourire en désignant les deux agents de l'OFS.

— Bien vu, acquiesça Lya.

D'un commun accord, ils sortirent du véhicule. Il faisait nuit noire, il était presque vingt-trois heures et il régnait un calme absolu. La fraîcheur du soir les fit grelotter tandis qu'ils s'approchaient des agents.

— Eh ! Retournez dans la voiture, s'exclama l'un deux en les voyant arriver.

— Pourquoi nous sommes-nous arrêtés ? Où nous trouvons-nous ? interrogea Lya, en cherchant un moyen de détourner leur attention.

Comme s'il devinait ses pensées, l'agent 01 souffla une bouffée de fumée de sa cigarette, en scrutant les deux amis des pieds à la tête. Son regard était pesant, comme s'il essayait de comprendre quelque chose. Mais Lya ne cilla pas, affichant toujours un sourire innocent.

— On fait une pause pour la nuit, expliqua alors l'agent 02. Si vous voulez dormir un peu, reposez-vous dans le SUV. Nous sommes à la moitié du chemin.

Lya le remercia poliment, puis il lui demanda où ils pouvaient trouver des toilettes. Il les lui indiqua d'un mouvement vague de la main, puis Lya et Gabriel prirent cette direction.

— Ne vous éloignez pas trop ! prévint alors l'agent 01. Si vous n'êtes pas revenus dans cinq minutes, nous irons vous chercher, c'est clair ?

— Très clair.

Ils séloignèrent un peu, en tout cas suffisamment pour que les agents ne les voient plus et les pensent partis. Ils se cachèrent derrière plusieurs arbres, à l'abri des regards.

— Pas un bruit, chuchota Lya à Gabriel. On va essayer de savoir ce qu'ils racontent sans se faire repérer.

Il hocha la tête d'un air entendu. Puis, ils s'approchèrent le plus doucement possible, tentant de se camoufler derrière quelques buissons jusqu'à parvenir à bonne distance. Tous les deux tendirent alors l'oreille :

— Je ne vois vraiment pas ce qu'ils ont de spécial par rapport aux autres, lâcha l'agent 01. Je me demande bien ce qu'ils leur trouvent.

— Je nen sais rien, continua l'autre. Tout ce que nous avons à faire, c'est les conduire là-bas, après ce ne sera plus notre problème.